Le ciel est bleu, l'air frais rappel à Sylvie que l'an dernier au même moment elle revenait au Centre de Planning Familial pour effectuer un deuxième avortement. Aujourd'hui, ce sera la troisième fois en deux ans et demi. L'assistante sociale qui dialogue avec elle est quelque peu interloquée par cette répétition. Que se passe-t-il pour Sylvie?

Pourtant dès la première consultation toutes les informations concernant la contraception avaient été transmises. Que dit Sylvie : "Je ne peux pas m'empêcher d'être mise enceinte par un homme. J'adore cet état de grossesse, ce moment privilégié ou je porte la vie mais aussi ou j'ai la possibilité de l'arrêter. Ce moment du tout est possible, c'est étrange, je ne me comprends pas, car par ailleurs je sais que je ne pourrai le garder". Poursuivant ce dialogue que nous dit encore Sylvie et d'autres femmes qui agissent ainsi. Elles souhaitent mettre leur corps à l'épreuve de la vie a-venir. Mais elles ont aussi une "étrange sensation" à pouvoir "ordonner" que cette vie s'arrête. Par ailleurs, à l'égard des hommes, elles marquent par ces avortements répétés un pouvoir, une puissance plus grande que la leur. Quant aux rapports à leur mère réelle ou intériorisée, par ces actes, elles la mettent en échec quant à sa fonction maternelle de transmettre la vie. Que s'est-il passé pour Sylvie après ce troisième avortement?

Le dialogue avec l'assistante sociale avait éveillé en elle une question : "Pourquoi j'agis ainsi?". Qu'est-ce qui détermine ces actions répétées et "étranges"? Elle a été adressée ces questions à la psychologue du centre et après quelques entretiens psychothérapeutiques, Sylvie a pu re-situer son désir d'enfant dans son histoire, son désir et ce, en dehors de cette "nécessité d'avorter". Nous avons pu constater, par ailleurs, que parfois quelques entretiens suffisent à arrêter la spirale aliénante et répétitive dans laquelle se trouvent certaines femmes qui agissent sans trop savoir ce qui leur arrive et détermine ces passages à l'acte "étranges" comme disait Sylvie.

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