Dangerosité
Etat caractérisant une personne qui menace ou compromet la sûreté,
l’existence d’une personne ou d’une chose.
La dangerosité juridique est caractérisée par la gravité, la violence, la soudaineté, l’imprévisibilité de l’acte dangereux : il y aurait corrélation entre les troubles psychiatriques et les troubles du comportement. La dangerosité victimologique est caractérisée, par exemple, par l’attitude équivoque, voire provocatrice d’un sujet qui entaîne en retour un acte criminel.
La plupart des criminologues modernes pensent que l’état dangereux est lié à de multiples facteurs, biologiques, psychologiques, sociologiques, situationnels. De telle sorte que, pour faire le diagnostic d’état dangereux, il faut faire la synthèse de tous ces éléments.
Débile
Personne atteinte de débilité mentale.
On distingue le débile léger, sujet caractérisé
par un quotient intellectuel situé entre 50 et 75 aux épreuves
psychométriques, et le débile profond, sujet caractérisé
par un quotient intellectuel ne dépassant pas 50 aux épreuves
psychométriques.
Débilité
Etat permanent d’insuffisance, qui ne permet pas de répondre
aux exigences du milieu.
Si l’on prend pour référence la théorie de J.
Piaget de l’intelligence, les débiles parviennent au stade des opérations
concrètes, mais jamais au stade formel, qui implique le raisonnement
sur des propositions. Dans une perspective développementale, la
débilité se caractérise par la lenteur et la limitation
du développement intellectuel.
Le diagnostique de débilité se fait à partir de
tests d’intelligence générale, construits de telle manière
qu’un individu moyen ait un quotient d’intelligence (Q.I) de 100 et que
2% environ de la population ait un Q.I. inférieur à 70.
Décompensation
névrotique
Crise avec effondrement des défenses névrotiques habituelles
chez un sujet dont la névrose était jusque-là relativement
compensée et qui est brusquement confronté à une situation
affectivement difficile ou dangereuse à laquelle il ne peut faire
face sur le plan émotionnel.
Y. Pelicier l’a définie, en 1971, comme « un trouble du
comportement, plus ou moins aigu, survenant dans l’histoire d’un névrosé
et se manifestant par un certain nombre de symptômes non spécifiques
». Il peut s’agir en effet d’un paroxysme pantophobique (c’est-à-dire
d’une phobie extrême, diffuse, où l’angoisse se déplace
d’un objet à un autre), d’un épisode confusionnel ou même
d’un état psychotique généralement transitoire et
de type réactionnel.
Déconditionnement
Processus au terme duquel une réaction acquise cesse de se manifester.
Ce terme est parfois employé en thérapie comportementale
lorsqu’on considère que l’origine d’une réaction (par exemple
une réaction anxieuse) est due à un conditionnement et que
la thérapie a pour but de la faire disparaître. On estime
alors pouvoir assimiler le processus de formation d’un symptôme à
celui d’un réflexe conditionnel. Le déconditionnement présente,
en effet, des analogies avec le processus dans lequel une réponse
conditionnelle expérimentalement établie cesse de se manifester
soit par disparition du stimulus qui l’avait provoquée, soit parce
que la réaction elle-même cesse d’être renforcée.
Dédoublement
de la personnalité
Etat second, d’origine hystérique, caractérisé
par l’apparition alternante de personnalités distinctes chez un
même sujet.
Dans cette atteinte de l’unité de sa personnalité, le
patient est convaincu qu’il existe en lui plusieurs personnages différents
vivant à tour de rôle ou simultanément, chacun pour
soi-même, une vie totalement différente. Morton Prince (1854-1920),
Th. Flournoy (1857 – 1919) et P. Janet (1859 – 1946) ont donné de
longues observations de malades de ce type. L’hypnose et la simple suggestion
peuvent produire artificiellement de tels dédoublements chez les
sujets prédisposés. Dans leurs « Etudes sur l’hystérie
(1895), J. Breuer et S. Freud ont bien montré que de telles manifestations
s’observent essentiellement chez des hystériques.
Défaillance
psychique
Episode anxieux et confusionnel aigu survenant chez le vieillard à
la suite d’un échec d’adaptation à une situation nouvelle.
Décrite par J. Postel en 1958 chez des vieillards qui n’avaient
pas supporté un brusque changement de milieu (hospitalisation pour
une affection intercurrente, déménagement, mise en maison
de retraite, etc.), par analogie avec la défaillance cardiaque,
cette décompensation psychique pouvait trouver sa signification,
dans une perspective organodynamique, avec le modèle de réaction
de catastrophe.
Défense
Acte par lequel un sujet confronté à une représentation
insupportable la refoule, faute de se sentir les moyens de la lier, par
un travail de pensée, aux autres pensées.
S. Freud a dégagé des mécanismes de défense
typiques pour chaque affection psychogène : la conversion somatique
pour l’hystérie ; l’isolation, l’annulation rétroactive,
les formations réactionnelle pour la névrose obsessionnelle
; la transposition de l’affect pour la phobie ; la projection pour la paranoïa.
Le refoulement a un statut particulier dans l’œuvre de Freud, car, d’une
part, il institue l’inconscient et, d’autre part, il est le mécanisme
de défense par excellence, sur lequel les autres se modèlent.
A ces destins pulsionnels considérés comme processus
défensifs s’ajoutent le retournement sur la personne propre, le
renversement en son contraire et la sublimation. Dans leur ensemble, les
mécanismes de défense sont mis en jeu pour éviter
les agressions internes des pulsions sexuelles dont la satisfaction s’avère
conflictuelle pour le sujet et pour neutraliser l’angoisse qui en dérive.
Le moi est l’agent de ces opérations défensives.
Déficience
mentale
Toute insuffisante psychique, qu’elle soit acuise ou congénitale.
Déficitaire
Se dit d’une personne présentant un déficit intellectuel
soit par déficience ou arriération mentale, soit par atteinte
démentielle.
Déficit intellectuel
Insuffisance d’efficience intellectuelle, représentant un des
aspects cliniques importants d’une déficience mentale, rendant un
sujet incapable de répondre d’une manière adaptée
aux exigences du milieu.
Dégénérescence
Dégradation d’un être vivant.
>>La théorie de MOREL
Comme la plupart de aliéniste de son époque, Morel donne
à l’hérédité une place tout à fait centrale
dans sa théorie. En ce qui concerne le problème de l’évolution,
le très catholique Morel n’est pas darwinien mais il adhère
au transformisme de Buffon ou de Lamarck, la dégénérescence
étant une transformation pathologique survenant sur l’homme parfait
tel que Dieu l’a créé. Sa foi le conduit de la même
manière à décrire une relation consubstantielle de
l’âme et du corps plaçant sur le même plan les causes
physiques et les causes morales et lui permettant de n’assigner qu’un seul
lieu d’action à la dégénérescence : le système
nerveux.
Dans sa classification de 1860, Morel oppose les affections accidentelles
aux affections constitutionnelles. Dans le premier groupe, il range les
folies par intoxication, les folies hystérique, épileptique
et hypocondriaque, les folies sympathiques, les folies idiopathiques et
la démence.
Dans le second groupe, le plus important, il classe les folies héréditaires,
qu’il divise en quatre classes, de gravité croissante, de la simple
« exagération du tempérament nerveux » jusqu’à
la classe des imbéciles, des idiots et des crétins.
>>La théorie de MAGNAN
… Mais c’est à V. Magnan que l’on en doit la systématisation
définitive, aboutissant à la définition de 1895 :
« La dégénérescence est l’état pathologique
de l’être qui, comparativement à ses générateurs
les plus immédiats, est constitutionnellement amoindri dans sa résistance
psychologique et ne réalise qu’incomplètement les conditions
biologiques de la lutte pour la vie : cet amoindrissement, qui se traduit
par des stigmates permanents, est essentiellement progressif, sauf régénération
intercurrente ; quand celle-ci fait défaut, il aboutit plus ou moins
rapidement à l’anéantissement de l’espère. »
Ainsi, la référence aux générateurs immédiats
(et non plus au type primitif parfait) et l’introduction du concept de
lutte pour la vie déplacent la dégénérescence
du contexte religieux où l’avait placé Morel à un
contexte évolutionniste darwinien.
C’est autour de quatre concepts fondamentaux que Magnan élabore sa théorie :
La prédisposition >> C’est l’état initial du dégénéré en l’absence de complication. Elle peut être organique, psychologique, sociale, acquise ou héréditaire.
Le déséquilibre >> Le déséquilibre qualifie la perte de synergie entre les centres nerveux et se traduit par une disparition de l’harmonie entre les différentes fonctions. En somme, le mécanisme de la déséquilibration peut se résoudre en trois termes : destruction ou arrêt de développement de certains centres ; suractivité épisodique ou durable de certains autres ; diminution momentanée ou durable de certains autres.
Les stigmates >> L’idée ancienne que le corps traduit les qualités de l’âme est déjà reprise par Morel. Ils peuvent être moraux (arriération intellectuelle ou affective, inadaptation sociale) ou physiques (atrophies, hypertrophies ou dystrophies).
Les syndromes épisodiques >> Ce sont de situations mentales contingentes, épisodiques et secondaires survenant chez les prédisposés ; manie et mélancolie, délire chronique et folies intermittentes chez les prédisposés simples ; folie lucide (obsession, impulsion), manie raisonnante, délire polymorphe ou délire d’emblée chez les prédisposés maximaux.
Dégoût
Depuis le début de la Seconde Guerre mondiale, l’éthylisme
est parfois traité par une méthode aversive de conditionnement
classique appelée « cure de dégoût ». Celle-ci
consiste à administrer au patient une drogue émétique
qui provoquera, pendant la cure, des nausées et des vomissements
lors de l’absorption d’alcool. Cette méthode de déconditionnement
soulève bien évidemment de nombreux critiques d’ordre méthodologique,
médical et éthique. On a recours à elle lorsque d’autres
approches de l’alcoolisme ne sont pas praticables.
« Déjà
vu »
Impression intense et instantanée d’avoir déjà
vécu ou perçu dans le passé, avec la même tonalité
affective, la situation présente.
Phénomène particulièrement fréquent dans
la psychasthénie et dans la schizophrénie ainsi qu’à
l’occasion de certaines atteintes du lobe temporal (revêtant alors
une allure paroxystique avec modification profonde de l’état de
conscience du type état de rêverie).
Delay (Jean)
Psychiatre et écrivain français (Bayonne 1907 – Paris
1987).
Fils d’un chirurgien de Bayonne, Delay fit des études de médecine
puis de neurologie à Paris, à la Salpêtrière,
qu’il termina avec sa thèse sur les astéréognosies
en 1935. Il poursuivit ensuite des études de philosophie à
la Sorbonne avec une thèse de lettres sur les maladies de la mémoire,
en 1942, et une formation psychiatrique clinique avec H. Ey à l’hôpital
Sainte-Anne. C’est dans cet établissement qu’il devient titulaire
de la chaire de la clinique des maladies mentales en 1946. Il y poursuit
de nombreuses études cliniques et psychopharmacologiques, en particulier
sur la chlopromazine, chef de file des futurs neuroleptiques, dont il étudie
les effets sédatifs sur les états d’agitation dès
1952 avec J. M. Harl et P. Deniker. Considérant ce médicament
d’abord comme un « ganglio-plégique » aux Journées
thérapeutiques de Paris, il en fait ensuite un psychotrope à
action centrale, qu’il appellera d’abord « neuroplégique »,
puis finalement « neuroleptique ».
Brillant écrivain, il est élu à l’Académie
française en 1959 et laisse des études biographiques remarquables
sur la Jeunesse d’André Gide (1956-1957) et sur ses ancêtres
maternels dans les quatre volumes d’Avant-Mémoire (1979-1986).
Délire
Psychose liée à une organisation psychopathologique de
la personnalité et de son rapport à la réalité,
généralement durable, se manifestant par des troubles de
la perception et la production d’idées délirantes.
Le délire chronique étudié ici doit être
bien distingué du délire aigu, ou delirium tremens, et de
la bouffée délirante.
Sémiologie >> Sur le plan sémiologique, les délires chroniques se décrivent selon leurs mécanismes (hallucinatoire, interprétatif, imaginatif, intuitif), leurs thèmes ou contenus (persécution, jalousie, érotomanie, culpabilité, influence, mégalomanie) et leurs organisations (construction délirante plus ou moins bien systématisée et cohérente, en secteur ou diffuse), qu’on appelle aussi « structures » : on distingue alors, avec Ch. Nodet, la structure paranoïaque (délire bien construit et systématisé), la structure paraphrénique (délire fantastique dont la construction part dans tous les sens tout en restant organisée et la structure paranoïde, totalement incohérente et dissociée, comme dans la maladie d’E. Bleuler.
Classification des délires >> Classiquement, on les divise, comme
nous l’avons vu, en fonction de leur mécanisme principal, en trois
grands groupes :
>>La psychose hallucinatoire chronique, où les hallucinations
dominent le tableau clinique ;
>>La paraphrénie, où l’imagination entretient la construction
délirante ; elle reste distincte de la schizophrénie parce
qu’elle ne s’accompagne ni de dissociation mentale ni de discordance affective
et qu’elle n’empêche pas le patient de garder un assez bon contact
avec son milieu ;
>>La paranoïa, qui se caractérise par une construction
délirante très cohérente, particulièrement
bien systématisée, et qui se développe souvent sur
une personnalité caractérisée par l’hypertrophie du
moi, la psychorigidité, l’entêtement et la fausseté
du jugement.
Là aussi on distingue trois grands types de délire paranoïaque
:
1. le délire d’interprétation à thème habituel
de persécution, souvent mégalomaniaque, bien systématisé
et organisé en réseau de telle sorte que chaque nouvel événement
prend une signification persécutoire venant renforcer la croyance
délirante ;
2. les délires passionnels, qui, eux, se développent
en se limitant à un secteur, avec une exaltation passionnelle fixée
sur le thème du délire ; revendication, invention, hypocondrie,
jalousie ou érotomanie en sont les thèmes principaux ;
3. le délire de relation décrit par Kretschmer se développant
sur une personnalité dite « sensitive » (sujets repliés
sur eux-mêmes, introvertis, peu enclins à extérioriser
leurs sentiments, insatisfaits à la fois d’eux-mêmes et des
autres, qui ne sauraient pas reconnaître leurs mérites) à
la suite d’une sorte de décompensation psychique à la fois
dépressive et délirante, interprétative, survenant
après un échec professionnel ou un événement
malheureux de la vie familiale ou sociale. La persécution, qui éclate
sur un mode assez sthénique contrastant avec la présentation
plutôt modeste et timide antérieure, se limite au milieu proche
du patient, les persécuteurs étant souvent des membre de
sa propre famille.
… On sait que S. Freud, en étudiant les mémoires d’un
célèbre délirant, le président Schreber, a
bien montré l’importance de ces projections dans le déclenchement
et l’entretien du délire ; « Une perception interne est réprimée
et, en ses lieu et place, son contenu, après avoir subi une certaine
déformation, parvient à la conscience sous forme de perception
venant de l’extérieur. Dans le délire de persécution,
la déformation consiste en un retournement de l’affect ; ce qui
devrait être ressenti intérieurement comme de la haine. »
Ainsi naît la « persécution », par une projection
défensive contre un sentiment intolérable que S. Freud ramène
finalement à une proposition unique : « Moi (un homme), je
l’aime (lui, un homme) », que le délirant contredit en proclamant
: « Je ne l’aime pas, je le hais. » Mais cette contradition
reste inconsciente et se trouve traduite – la perception intérieure
étant remplacée dans le mécanisme projectif par une
perception venant de l’extérieur – par le processus suivant : «
Je le hais », qui devient, grâce à la projection, «
il me persécute », ce qui justifie la haine du délirant
contre ceux qui sont devenus ses persécuteurs.
Delirium tremens
Délire alcoolique aigu caractérisé par un état
confuso-onirique avec des hallucinations terrifiantes, de l’agitation,
du tremblement et des troubles neurovégétatifs parfois très
graves.
C’est une complication secondaire de l’intoxication alcoolique, souvent
d’ailleurs provoquée par l’arrêt brutal de l’alcool («
a potu suspenso ») à la suite d’une maladie infectieuse, d’une
hospitalisation, d’une intervention chirurgicale, d’un accident.
Décrit par H. Sutton (1813), P. Rayer (1819), V. Magnan (1874),
dont les observations servirent à E. Zola pour le décrire
dans l’Assommoir, et Ch. Lasègue (1881), le delirium tremens est
à la fois un état confusionnel avec désorientation
temporo-spatiale, délire de type onirique vécu avec une très
vive anxiété, hallucinations multiples mais surtout visuelles
et terrifiantes qui sont souvent des visions hallucinatoire de petits animaux
(zoopsies) courant sur les murs, un syndrome neurologique (trémulation,
troubles de l’équilibre et de la coordination motrice, dysarthrie)
et une atteinte sérieuse de l’état général
avec hyperthermie, tachycardie et déshydratation.
Démence
Affaiblissement mental global frappant l’ensemble des facultés
psychiques et altérant l’ensemble des facultés psychiques
et altérant progressivement, avec l’affectivité et l’activité
volontaire du patient, ses conduites sociales.
Caractérisée par une évolution irrémédiablement
progressive de ce déficit, la démence est généralement
due à une atteinte cérébrale organique plus ou moins
diffuse, de nature abiotrophique, vasculaire, infectieuse, traumatique,
toxique ou tumorale.
>>Les démences préséniles et séniles.
Il s’agit de démences tardives, affections se traduisant par
une détérioration mentale progressive, survenant après
la cinquantaine et en rapport avec des processus anatomiques d’abriotrophie
ou de sclérose au niveau du tissu cérébral.
Il peut s’agir soit d’une abiotrophie relativement précoce (c’est
le cas des démences préséniles représentées
par la maladie d’Alzheimer et celle de Pick), soit d’une abiotrophie plus
tardive du tissu cérébral (c’est le cas de la démence
sénile, qui est maintenant considérée comme une véritable
maladie d’Alzheimer d’apparition retardée).
Du point de vue anatomopathologique, la démence sénile
se caractérise par une réduction pondérale du cerveau.
>>Sur le plan clinique.
Le début de la démence est généralement
lent et insidieux. C’est un déficit progressif portant essentiellement
sur les fonctions mnésiques et le caractère. La mémoire
de fixation est la première atteinte. Les troubles caractériels
sont fonction d’une personnalité qui voit se limiter ses possibilités
d’adaptation et qui, en conséquence, rétrécit le cadre
de ses activités tant sur le plan affectif que sur le plan social
: égoïsme, misonéisme, irritabilité. Les troubles
du jugement se traduisent par de l’insouciance et par les premiers actes
inconsidérés, dont les conséquences médico-légales
peuvent être grave. Enfin, les troubles de l’attention, caractérisés
par de brusques baisses de la vigilance, produisent une désorganisation
de certaines conduites professionnelles, intellectuelles ou domestiques.
Les troubles du langage >> Ils sont ainsi représentés par une sorte d’incontinence verbale, de bavardage et de radotage où prédominent les automatisme, la persévération et la répétition.
Les troubles du sommeil et de l’affectivité >> Les troubles du sommeil sont alors très fréquents : turbulence, agitation et parfois crises hallucinatoires nocturnes avec parfois éléments délirants sans vraie systématisation ni extension progressive que l’entourage, les héritiers veulent sa disparition). Ils sont bientôt noyés dans l’affaiblissement démentiel.
L’évolution >> de la démence se fait progressivement,
en deux à cinq ans, vers un état de démence profonde
avec apparition du « grasping reflex » et de comportements
archaïques (« oral reflex », boulimie, etc.). Le gâtisme
et l’apragmatisme complets s’installent.
Le malade devenu grabataire, meurt, comme dans les autres démences,
à la suite de complications de décubitus (escarres de plus
en plus étendues, pneumopathies infectieuses) ou, dans un état
de cachexie avancée, d’un collapsus cardio-vasculaire terminal.
Démences vasculaires >> (démences à infarctus multiples) on une évolution moins linéaire, déterminée par les infarctus cérébraux successifs.
Démence précoce
Maladie mentale chronique apparaissant à la fin de l’adolescence
ou au début de l’âge adulte, caractérisée par
des troubles graves de l’intelligence et de l’affectivité et paraissant
évoluer vers un déficit intellectuel progressif.
Désignée ainsi par le psychiatre allemand E. Kraepelin,
qui y distinguait trois grandes formes, catatonique, hénéphrénique
et paranoïde, cette psychose chronique a pris le nom, avec E. Bleuler,
en 1908, de schizophrénie.
Démonomanie
Folie ayant pour objet le démon.
Démonopathie
Délire systématisé ayant pour objet le (ou les)
démon(s) et ce qui l’environne (les environne) : enfer, idées
de damnation, attaques externes ou internes.
De nos jour.
Ces termes de démonomanie et de démonopathie sont peu
usités, considérés comme historiques. L’évolution
de la société a donné d’autres visages aux représentants
de l’angoisse comme aux thèmes d’emprise et d’aliénation.
Il reste d’un côté le « délire de possession
», de l’autre l’occultisme, l’envoûtement, les sorts.
Pour le domaine psychanalytique : >Possession (délire de)
Pour le domaine psychiatrique, les deux lignées se prolongent
: l’une associe possession et hystérie, favorisée par la
rencontre Charcot-Freud ; l’autre parle de psychose, soit mélancolique,
avec une éventuelle apparition du syndrome de Cotard (1882), soit
du côté du délire d’influence et de l’automatisme mental
de Clérambault (1926).
Démutisation
Toute action permettant à un muet de retrouver la parole.
Dépersonnalisation
Etat psycho-affectif particulier dans lequel un sujet perd le sentiment
de propre réalité ou ressent son corps comme irréel.
Cet état s’accompagne souvent d’anxiété, d’impression
d’étrangeté du monde extérieur. Le patient qui souffre
de ce malaise se sent différent de ce qu’il était jusque-là.
Les objets qui l’entourent lui semblent étranges comme s’il ne les
connaissait plus. Même les personnes qui lui sont habituellement
proches ont perdu pour lui tout caractère de familiarité.
Une analyse psychologique permet de distinguer trois niveaux de cette
dépersonnalisation :
>>Le premier, où l’atteinte de la conscience reste superficielle
et où le trouble ne porte que sur l’identité, comme on le
voit en particulier dans l’hystérie :
>>Le deuxième, où la perturbation est plus profonde avec
perte du sentiment de spontanéité et même d’autonomie,
comme cela se produit dans l’automatisme mental et le syndrome d’action
extérieure (xénopathique) ;
>>Le troisième, où l’unité corporelle elle-même
est touchée, avec sentiment de corps disloqué ou morcelé.
C’est ce qui apparaît dans certaines psychoses schizophréniques
graves où le vécu corporel est ressenti avec une grande angoisse
sur un mode délirant paranoïde.
Dépression
Maladie mentale caractérisée par une modification profonde
de l’état thymique, de l’humeur dans le sens de la tristesse, de
la souffrance morale et du ralentissement psychomoteur.
LES DEUX FORMES CLASSIQUES DE LA DEPRESSION
>>C’est surtout dans la forme dite « mélancolique »
ou « endogène » que cette douleur morale est particulièrement
intense. La perte de l’estime de soi et le désir de disparaître
peuvent entraîner des idées suicidaires que seule l’inhibition
empêche alors de mettre en acte (d’où le danger de certains
traitements antidépresseurs levant cette inhibition avant d’agir
sur l’état thymique). Cette forme, qui représente un des
versants de la psychose maniaco-dépressive, peut s’accompagner de
troubles neurovégétatifs et somatiques : l’anorexie, assez
fréquente, va entraîner un amaigrissement parfois considérable
; les troubles du sommeil peuvent aller jusqu’à une insomnie complète.
>>L’autre grande forme, dite « psychogène », recouvre en fait toutes les dépressions réactionnelles et névrotiques, revêtant des aspects cliniques très variés quant à leurs symptômes et à leur gravité, leur intensité étant généralement moins grande que dans la forme mélancolique. Les idées de suicide y sont cependant fréquentes, revêtant plutôt l’aspect d’une quête affective ou d’un sentiment d’échec, qu’il faut savoir reconnaître et soulager. L’anxiété, la fatigue générale, l’adynamie, l’asthénie en sont parfois la seule manifestation et ne doivent pas être seulement traitées par des médications symptomatiques.
CRITIQUE DE LA DISTINCTION ENDOGENE/EXOGENE
Si pendant longtemps on a maintenu la distinction entre dépression
endogène et dépression névrotique/réactive,
on s’oriente depuis une dizaine d’années vers une sorte de continuum
entre les deux types, que ne séparerait en fait que l’intensité
des symptômes. C’est ainsi que dans le DSM III et sa révision,
ainsi que dans la nouvelle classification internationale des maladie (C.I.M.-10),
les dépressions sont réunies dans le même chapitre
et subdivisées en fonction de leur intensité ou de leur durée.
Dans le DSM III, la classification des dépressions repose sur la
présence ou l’absence d’un syndrome dépressif appelé
« épisode dépressif majeur ». Les dépressions
répondant aux critères de ce dernier sont ensuite rattachées
au « trouble bipolaire » ou identifiées comme dépressions
majeures ; celles qui ne répondent pas à ces critères
sont classées parmi les « autres troubles affectifs spécifiques
» (trouble cyclothymique et trouble dysthymique) ou les « troubles
affectifs atypiques.
REPERES PSYCHANALYTIQUES ET COGNITIVISTES
Pour les psychanalystes, la mélancolie peut se comparer à
un travail du deuil qui n’arrive pas à s’accomplir. Et, dans la
dépression, le moi va s’identifier à l’ »objet perdu
», prenant à son propre compte les sentiments ambivalents
d’amour et surtout de haine vis-à-vis de cet objet : « L’ombre
de l’objet, écrit Freud, tomba ainsi sur le moi, qui put alors être
jugé par une instance particulière comme un objet, comme
l’objet abandonné. De cette façon, la perte de l’objet s’était
transformée en une perte du moi, et le conflit entre le moi et la
personne aimée en une scission entre la critique du moi et le moi
modifié par identification » (Deuil et mélancolie 1915).
Ainsi, dans la dépression, le malade doit affronter une perte imaginaire
en s’adressant à lui-même les reproches et l’agressivité
destinés normalement à l’objet perdu.
Un autre courant, venant de la psychologie cognitive, a voulu faire de la dépression une perturbation des processus cognitifs. Selon G. A. Kelly et A. T. Beck, les "«structures cognitives stables » y seraient inadéquates dans trois domaines : le moi, le monde extérieur et le futur.
Dépsychiatrisation
Ensemble des processus de désinstitutionnalisation des malades
mentaux, de plus en plus réinsérés ou laissés
dans leur milieu social, et tendance à éviter une psychiatrisation
abusive de cas sociaux, de déviants, de personnes âgées…
Déréel,
elle
Se dit d’une pensée détournée du réel et
des nécessités logiques, s’enfermant dans une succession
d’abstractions formelle sans support objectif ou de représentations
fantasmatiques incompréhensibles sans contact avec le milieu social
où se trouve le sujet. C’est essentiellement dans la schizophrénie
que l’on retrouve ce type de pensée, accompagnant un repli autistique.
Le Français L. Gayral a décrit un « syndrome déréistique
» où cette pensée déréelle s’associe
à l’apragmatisme, à la mémoire autistique, au rationalisme
morbide et à un délire paranoïde.
Désaliénisme
Mouvement idéologique et sociopolique orienté à
la fois vers une amélioration du sort des malades mentaux et vers
la disparitions progressive du système asilaire.
Désensibilisation
Méthode thérapeutique ayant pour but de faire disparaître
une sensibilité anormale et cause de gêne à certains
agents, qui, en eux-mêmes, sont bien supportés par la majorité
des sujets.
Déséquilibre
Exagération pathologique des réactions d’un sujet à
son environnement sur un fond de dysharmonie de ses tendances et de ses
traits de caractère.
L’enfant « déséquilibré » est généralement
instable, agressif, intolérant aux contraintes et aux frustrations.
Il réagit sur un mode souvent violent, clastique, antisocial.
Désinhibiteur
Psychotrope ou méthode thérapeutique capables de provoquer
une désinhibition.
Les anxiolytiques, les antidépresseurs et autres psychoanaleptiques,
ainsi que les psychodysleptiques en général et que les neuroleptiques,
sont susceptibles de désinhiber un patient en fonction de la dose
et du tableau clinique existant. La narcoanalyse ou la psychothérapie
peuvent avoir une action désinhibitrice.
Désinhibition
Suspension totale ou partielle de toute forme d’inhibition (instinctuelle,
motrice, volitive, de la censure, du jugement, etc.)
En psychiatrie, et en particulier dans les schizophrénies hébéphréniques,
la désinhibition « vraie » serait représentée
par un amoindrissement de leur symptomatologie fondamentale dans le sens
de E. Bleuler, soit : troubles des associations, de l’affectivité
et de la volition, autisme et ambivalence, à distinguer de l’euphorie
(trouble thymique), de la stimulation et de la libération due à
une atténuation du délire.
Dans un sens plus général, on retrouve une désinhibition
dans les états maniaques, les démences et arriérations
ainsi que dans quelques formes d’épilepsie et dans les troubles
de la personnalité.
Déstructuration
Concept utilisé par H. Ey, dans une perspective néojacksonienne,
pour situer les diverses psychoses aiguës selon le niveau de dissolution
de conscience qu’elles représentent.
Détérioration
mentale
Atteinte des fonctions cognitives, liée à l’âge
ou au début d’un processus démentiel, généralement
irréversible.
Les sujets mentalement détérioré garde dans certains
domaines de sa vie intellectuelle (expression verbale, automatismes sociaux
et professionnels en particulier) un niveau de réalisation assez
bon, mais les tâches mettant en œuvre une adaptabilité à
des situations sortant de la vie habituelle ou la possibilité de
faire des acquisitions nouvelles sont touchées. Il s’agit donc plus
d’une atteinte de l’intelligence dite « de performance » que
de l’intelligence verbale.
Détresse
Psychiatr. On parle surtout, dans le cadre des urgences psychiatriques,
d’état de détresse relevant d’une assistance immédiate
qui n’est pas toujours uniquement d’ordre médico-psychologique.
En effet, il s’agit souvent d’une désinsertion sociale, d’une perte
du cadre de vie habituel, d’une misère économique, s’accompagnant
de troubles psychoaffectifs pouvant aller d’une simple crise dépressive
réactionnelle jusqu’à un état confusionnel aigu.
Deuil
Etat de perte d’un être cher s’accompagnant de détresse
et de douleur morale, pouvant entraîner une véritable réaction
dépressive et nécessitant un travail intrapsychique, dit
« travail de deuil » (S. Freud), pour être surmonté.
Psychiatrie :
>>Le deuil compliqué se caractérise par un blocage du
travail avec prolongation de la phase dépressive, réactions
de stress (avec possibilité de manifestations psychosomatiques graves)
et passages à l’acte suicidaires particulièrement fréquents.
>>Le deuil pathologique débouche sur la maladie mentale. Ses
critères sont un retard dans l’apparition de l’affliction puis une
prolongation de son évolution au-delà de deux ans et une
menace réelle sur la santé psychique. Il peut s’agir d’une
véritable psychose mélancolique ou maniaque (manie de deuil
avec négation de la perte) ou d’un deuil obsessionnel, ou encore
d’une hystérie de deuil. Dans cette dernière forme, assez
fréquente, l’endeuillé se comporte comme si le défunt
était resté vivant. Il lui parle, garde sa place à
la table des repas, son lit et sa chambre avec toutes ses affaires personnelles
dans un cadre imaginaire de quasi-réalité.
S. Freud entreprend en 1915 une étude comparée du deuil
et de processus mélancolique (Deuil et mélancolie, paru en
1917). Devant la reconnaissance de la disparition de l’objet externe, le
sujet doit accomplir un certain travail, celui du deuil. La libido doit
se détacher des souvenirs et des espoirs qui la reliaient à
l’objet disparu, après quoi le moi redevient libre.
M. Klein, aidée des travaux de K. Abraham, va enrichir la conception
freudienne (le Deuil et ses rapports avec les états maniaco-dépressifs,
1940) par sa découverte des espaces psychiques internes, théâtre
de l’existence d’objets internes dont les qualités de bonté
et de solidité sont mises à l’épreuve lors de la perte
d’un objet externe.
Un travail de deuil, douloureux et normal, est déjà accompli
par le tout petit enfant qui parvient à aborder et à élaborer
les positions dépressives. Au cours de celles-ci, l’enfant prend
conscience que la personne qu’il aime et celle qu’il a attaquée
dans ses fantasmes destructeurs ne font qu’une. Il passe alors par une
phase de deuil où l’objet externe aussi bien que l’objet interne
sont vécus comme abîmés, perdus, abandonnant l’enfant
à sa dépression. Ce n’est que peu à peu, avec douleur,
que l’enfant, travaillant cette ambivalence et poussé par la culpabilité
dépressive, va parvenir à rétablir en lui un objet
interne bon et sécurisant.
Développement
(retard de)
Décalage temporel d’une fonction ou d’une activité qui
apparaît, chez un individu, après le moment où elle
est apparue dans l’ensemble parent dont il est issu.
On parle de retard moteur (un bébé qui, à 8 mois,
ne se tient pas assis ou qui, à 2 ans, ne marche pas seul souffre
d’un retard moteur par rapport aux âges « normaux » d’accession
à la station assise ou à la station autonome.
On parle également de retard mental souvent jugé irrépressible.
Devereux (Georges)
Anthropologue et psychiatre américain d'origine hongroise (Lugos
1908-Paris 1985).
Après avoir étudié la physique, notamment avec
Marie Curie et Jean Perrin, il s'oriente en 1926 vers les sciences humaines,
à l'Institut d'ethnologie, où il est l'élève
de M. Mauss, L. Lévy-Bruhl et P. Rivet. Il s'établit ensuite
aux Etats-Unis (notamment à l'université de Californie à
Berkeley, à Topeka, où il s'initie à la psychanalyse,
à Philadelphie et à New York). Il enseigne à partir
de 1963 à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
Fondateur de l'ethnopsychiatrie, il est au carrefour de trois disciplines
: la culture grecque (Tragédie et poésie grecques, 1975;
Dreams in Greek Tragedy, 1976), la psychanalyse et l'anthropologie (Essai
d'ethnopsychiatrie générale, 1970; Ethnopsychanalyse complémentariste,
1973).
Il a effectué plusieurs séjours ethnographiques, notamment
chez les Moï (Viêt-nam), les Hopi et les Mohave (Californie).
On lui doit également (De l'angoisse à la méthode,
1967).
Déviance
Tout type de conduite sortant des normes admises par une société
donnée.
Dichotique
Se dit d’une situation généralement expérimentale
où des stimulations sonores simultanée mais différentes
sont envoyées aux deux organes sensoriels auditifs droit et gauche.
… On a pu montrer ainsi que les oreilles, en fait les activités
cérébrales qui leur correspondent, peuvent selon le cas dissocier,
répartir ou composer les informations adressées à
l’une ou à l’autre.
Différenciation
de soi
Différenciation du moi d’une personne, selon son degré
d’individualisation au plan affectif et intellectuel à partir de
l’indifférenciation familiale fondatrice (Murray Bowen).
Cette notion insiste sur les liens fondamentaux qui maintiennent la
part émotive de tout individu dans une fusion jamais résolue
avec sa famille d’origine. Cependant les membres de la famille sont caractérisés
par des taux variables de différenciation du soi.
Diffluence
Trouble de cours de la pensée et du discours dans lequel le
flux des idées s’éparpille sans ordre et dans toutes les
directions d’une manière anarchique.
Ce trouble s’observe chez les schizophrènes, les confus et les
déments. Il apparaît aussi chez les maniaques, accompagnant
la fuite des idées, mais en gardant une certaine cohérence.
Dolto
(Françoise)
Psychiatre et psychanalyste
française
(Paris 1908-id. 1988)
Dès sa thèse, F. Dolto résume, sous le titre : "Psychanalyse et pédiatrie", à la fois la théorie de S. Freud et les applications qu'elle en conçoit. Dans le même temps, elle mène son analyse avec R. Laforgue. Elle s'est senti depuis l'enfance une vocation : devenir "médecin d'éducation", et avait entrepris pour cela, malgré sa famille, des études de médecine qui lui permirent d'entrer dans la carrière en juillet 1939. dès l'année 38, à la demande de Heuyer, elle prépare l'internat des asiles. Elle rencontre J. Lacan à Sainte-Anne où lui-même donne déjà à cette époque un enseignement.
Dans le domaine de l'enfance, qu'elle choisit, elle défriche alors un territoire qu'elle féconde de sa personnalité. Accordant, tout comme Laforgue, à qui elle se réfère, beaucoup d'importance à la "méthode", elle va peu à peu forger la sienne à partir d'une générosité et d'une confiance inébranlable envers les enfants. Elle y allie une intuition magistrale en même temps, diront ses pairs, qu'une connaissance instinctive de l'enfance. Toute son oeuvre est consacrée à ce qu'elle appelle la Cause des enfants, titre de l'une de ses dernières publications. Initialement, son but était de de venir en aide aux parents et aux éducateurs dans leur tâche. Elle pensait alors que, de la compréhension et d'une aide éclairée portée aux adultes, découlerait tout naturellement le mieux-être de l'enfant.
Elle décide d'entrer dans l'"Ecole freudienne" que Lacan vient de fonder, mais elle ne se sent pas liée à sa doctrine. Elle utilise les concepts freudiens et lacaniens et forge elle-même quelques nouveaux concepts. On peut résumer ainsi l'oeuvre et la recherche de Françoise Dolto comme la tentative, par un bon maternage, de faire que l'enfant soit bien situé dans son schéma corporel et son image de corps, et cela par l'effet de ce qu'elle nomme "les castrations symboligènes". Celles-ci sont à entendre comme les marques qui viendraient sanctionner la fin d'un stade du développement, les sublimations qui en découlent et le passage au stade suivant. Selon elle, l'aimance se définit comme spécifiant le fait qu'une mère est tout entière, dans sa personne, dans sa présence, par les soins qu'elle donne, un "objet d'aimance". Au premier stade de la vie, le stade oral, qu'elle va appeler buccal, l'avoir et l'être sont ensemble confondus en raison de la place de carrefour de cette période puisque s'y rencontrent et s'y croisent les facultés "aéro-digestives", englobant la préhension à la fois labiale, dentaire, gustative, de déglution, l'émission des sons ainsi que l'aspiration et l'exiration de l'air.
C'est le moment du développement
d'un sujet où se met en place, estime-t-elle, le
modèle de sa future relation à autrui pour toute sa vie.
Celle-ci prend ainsi sa source dans le plaisir et l'action conjoints de
l'acte de porter à la bouche quelque chose d'agréable et
d'en resentir du plaisir ; cela dans l'atmosphère d'aimance qui
caractérise une bonne relation maternelle. De
cette conjoncture naîtra le futur comportement relationnel.
De même, au stade anal,
la libido n'investit pas seulement les orfices du corps, mais également
tout l'intérieur de l'être, où elle se diffuse, allant
à la rencontre de la libido orale. Ce stade promeut un érotisme
narcissisant de par le plaisir autoérotique de maîtrise qui
y est afférent ; toutefois, il peut déboucher sur le masochisme
s'il est trop axé sur la rétention.
La nécessité
des castrations symboligènes découle tout à fait de
cette approche. La mère se doit alors de donner des castrations
à l'enfant, castrations appelées par elle "castrations
humanisantes" en ce qu'elles ont pour
but, au stade oral, de couper l'enfant
du corps à corps avec la mère et,
au stade anal, de couper le corps à corps tutélaire,
celui qui tenait jusqu'ici en tutelle l'enfant au niveau de son autonomie
corporelle.
Dans le premier cas, la castration orale va permettre l'accès
au langage; dans le second, d'atteindre à l'autonomie corporelle
par une renonciation, celle de manipuler
en commun avec sa mère les selles, son corps, etc. pour que la castration
soit réussie à ce second stade, il faut, pense-t-elle, que
la coupure d'avec l'oralité se soit bien passée. Cette
seconde castration, outre l'autonomie corporelle, accorde au sujet l'advenue
possible d'une relation vivante avec le père à la place laissée
libre par la mère. La castration
oedipienne, qui ferait suite aux deux précédentes, porte
tout spécifiquement alors sur l'interdit de l'inceste et aussi sur
l'ensemble des séductions ou relations sexuelles avec les adultes.
Elle doit également couper court à toutes les roueries adressées
au parent de l'autre sexe ou à l'adulte rival homosexuel.
Françoise Dolto, dans cette optique, part
de la première castration, la castration ombilicale, celle qui signe
la naissance d'un être et qui est le prototype de toutes les autres.
Il semble important de repérer que
sa théorie repose donc non sur une castration
symbolique issue de la loi dont le père est le représentant,
mais sur l'idée de stades du développement ayant à
chaque fois à être dépassés
par un don; don d'une coupure d'avec la mère, devenant ainsi symboligène.
De même, sa conception du
narcissisme repose principalement sur ce qu'elle définit comme l'euphorie
d'une bonne santé, croisé à la relation subtile langagière
originée par la mère et entretenue par elle; ce qu'elle symbolise
comme "moi-maman-le monde".
L'enfant prendrait conscience de son corps,
de son être et créerait son image à partir du discours
que lui tient sa mère au moment où elle satisfait à
ses besoins, créant ainsi des zones
dites "érotiques" parce qu'entrées en communication avec
le langage de la mère, sous condition toutefois qu'il ne reçoive
nul contact de l'objet lui-même. Les mots qui médiatisent
ou interdisent la jouissance du sein, par exemple, permettent, dit-elle,
à la bouche et à la langue de reprendre leur valeur de désir,
car la mutation, au niveau du désir,
se fait par la parole. Il faut bien comprendre
que la formulation théorique de Françoise
Dolto, elle-même le répète constamment, est construite
sur l'idée d'un maternage réussi
et est issue d'une observation, estimée concise et minutieuse
du vécu sensitif et symbolique à la fois, du nourrisson aux
premiers temps de sa vie. Elle en déduit
le concept de "pattern",
conduite issue du désir confondu avec "la satisfaction de
vivre et d'aimer". Enfin, les lieux qui lient le nourrisson à
sa mère, associés à son odeur à elle, feront
qu'il éprouvera ces lieux mêmes comme zone érogène.
Cet ensemble de moment vécus est comparé à un nirvana
fait de la présence maternelle et de la sécurité nichée
dans son giron. Ce nirvana sera donc toujours recherché chaque fois
que se produiront des tensions liées au désir ou au besoin.
Sécurité, narcissisme,
image de soi sont fondés sur un "bon maternage" où l'enfant
tout entier dans sa "prépersonne" en cours de structuration devient
lui-même lieu relationnel, lieu de ce lien interrompu puis retrouvé.
Ainsi comprises, les castrations
vont permettre la symbolisation et contribuer à modeler l'image
du corps au cours de ce qu'elle appelle l'"histoire de ses réélaborations
successives". Ainsi, elle est édifiée sur le rapport du corps
au langage et sur le rapport langagier à autrui. elle devient le
pont, le moyen de la communication interhumaine. Si, dit-elle, il n'y a
pas eu de paroles, l'image du corps ne structure pas le symbolisme d'un
sujet, elle fait de celui-ci un "débile idéatif relationnel".
Le schéma corporel est à concevoir comme l'outil, le corps,
le médiateur organisé par le sujet et le monde. Il est, en
principe, le même pour tous les individus, il spécifie l'individu
en tant que représentant de l'espèce; il est l'interprète
de l'image du corps. Leur ensemble, accordé au vécu langagier,
forme l'unité narcissique de l'être.
La place du père est
peu évoquée dans cette formulation, davantage axée
sur l'image de base qui découle de la relation mère-enfant.
La notion de désir n'en est cependant pas absente, mais elle est
recouverte par la notion de plaisir en tant que plaisir partiel refusé
par la médiation maternelle. En 1988, Françoise Dolto précisera,
dans son autobiographie, sa pensée en parlant de son rapport à
sa foi et à Dieu : "Je n'aurais
pas pu envisager d'être psychanalyste si je n'avais pas été
croyante."
doit-on intégrer cette
affirmation à son corpus théorique ? Freud lui eût-il
donné son aval ?
Françoise Dolto a notamment
écrit :
- Psychanalyse et pédiatrie
(1938),
- le Cas Dominique (1971)
où elle expose sa technique à propos d'un adolescent apragmatique.
- l'Evangile au risque de
la psychanalyse (1977),
- Au jeu du désir (1981).
Dipsomanie
Impulsion très forte, quasi irrésistible, à boire,
se manifestant par accès et s’exerçant surtout sur les boissons
alcoolisées.
Ce mode d’alcoolisation, qui entraîne des troubles massifs du
comportement, s’apparente aux somalcooloses de P. Fouquet et à l’alcoolisme
epsilon de E.M. Jellinek. Le dipsomane lutte anxieusement contre cette
conduite impulsive sans pouvoir y résister. Il se sent généralement
coupable après y avoir cédé. C’et en ce sens qu’il
se distingue de l’alcoolique ordinaire : « Le dipsomane est aliéné
avant de boire. L’alcoolique ne devient aliéné que parce
qu’il a bu » (V. Magnan).
Discordance
Défaut d’harmonie entre la pensée ou les sentiments et
leur expression, entraînant une incohérence des symptômes
de la maladie mentale, en l’occurrence la schizophrénie, dont elle
est le trouble fondamental.
C’est à P. Chaslin que l’on doit le nom « discordance
» et l’adjectif « discordant » quant il définit
les « folies discordantes » dans ses (Eléments de sémiologie
et clinique mentales de 1912. Ces « folies » sont pour lui
« à peu près » l’équivalent de la démence
précoce de E. Kraeplin. Et, E. Bleuler, qui venait de décrire
le « groupe de schizophrénies » (1911), reconnaissait
par la suite que la dissociation mentale, dont il faisait le fondement
de cette maladie, aurait pu aussi bien s’appeler « discordance ».
Dispensaire
Lieu de consultation et de cure pour des malades en traitement ambulatoire,
extra-hospitalier.
Créés par la loi Bourhgois en 1916, les dispensaires,
dits alors « d’hygiène sociale », étaient surtout
destinés à la lutte antituberculeuse.
Disqualification
Processus interactif consistant à nier la relation dans laquelle
la personne est impliquée.
Ce dysfonctionnement s’observe le plus souvent dans les familles à
transaction schizophrénique.
Dissociatif, ive
Relatif à la dissociation mentale.
On parle souvent de « psychose dissociative » pour décrire
et même simplement dénommer la schizophrénie.
Dissociation
Rupture de l’unité psychique provoquant un relâchement
des processus associatifs sur lesquels reposerait le fonctionnement mental.
Ce terme s’emploie dans le cadre de la névrose hystérique
de type « dissociatif » et dans celui de la psychose schizophrénique
« dissociative ». Dans le premier, il s’agit essentiellement
du syndrome de « personnalité multiple », de fugues
et amnésies « psychogènes » et de la «
névrose de dépersonnalisation » (DSM III-R).
Dans le deuxième il s’agit de qualifier la schizophrénie
comme « psychose dissociative ».
C’est E. Bleuler qui a fait de la dissociation mentale le trouble primaire
fondamental de la schizophrénie, qu’il décrit dans sa monographie
de 1911 sur cette psychose chronique appelée jusque-là «
démence précoce ».
Dominance cérébrale
Notion selon laquelle, chez les sujets droitiers, l’hémisphère
gauche, spécialisé dans la fonction du langage articulé
et de la commande de la main prévalente, domine l’autre hémisphère,
considéré comme mineur.
Dominos (test des)
Test conçu par Anstey en 1948 pour mesurer le niveau intellectuel.
Ce test, très fortement saturé en facteur général,
constituerait un moyen de déterminer toutes les opérations
analytiques, synthétiques et de sériation qui ont lieu dans
les processus intellectuels supérieurs. Le test des dominos comprend
une série de 44 problèmes, constitués chacun par un
groupe de dominos disposés suivant une certaine loi. Le problème
consiste à trouver la loi et à compléter la série.
Chaque bonne réponse crédite d’un point. La note brute ainsi
obtenue dépend beaucoup du niveau culturel du sujet ; elle est très
sensible à la détérioration mentale normale (due à
l’âge) ou pathologique. On l’emploie sous sa forme française,
le test D 48, pour mesurer la détérioration mentale, conjointement
avec le test du vocabulaire de Binois et Pichot.
Dopamine
Neuromédiateur chimique formé à partir de la tyrosine
et appartenant au groupe des catécholamines.
Double
lien ou double bind
Situation dans laquelle un partenaire émet simultanément
deux messages contradictoires.
Le concept du double lien parfois traduit par « double contrainte
») a été dégagé en 1956 par l’étude
systématique des familles de schizophrènes menée par
le groupe de recherches de Palo Alto, réuni autour de G. Bateson
ainsi que D. D. Jackson, J. Haley et J. H. Weakland. Il sert à définir
le réseau anormal de communication qui caractérise ces familles
et auquel Bateson reconnaît un rôle éminemment pathogène.
Doubles (illusion
des)
Trouble grave de l’identification de personnes familières, caractérisé
par la négation de leur identité et la croyance délirante
qu’elles ont été remplacées par un double. SYN. :
syndrome de Capgras.
D’abord appelée « illusion des sosies » par J. Capgras
et J. Reboul-Lachaux, qui, les premiers, l’ont décrite en 1923,
cette méconnaissance apparaît comme un refus des malades d’admettre
la véritable personnalité des êtres qui leur sont proches.
Mis en leur présence, s’ils ne peuvent s’empêcher de reconnaître
une ressemblance troublante, ils nient leur identité et prétendent
qu’ils s’agit seulement de leur double ou d’un sosie.
Survenant parfois au cours de bouffées délirantes ou
d’accès confusionnels, ce syndrome apparaît surtout dans les
délires chroniques à thème de persécution,
bien systématisés (comme dans le cas princeps), et dans les
formes paranoïdes de la schizophrénie, où il accompagne
souvent d’autres fausses reconnaissances.
Down (syndrome
de)
>>Trisomie 21 ou Mongolisme
DSM ou manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux.
Manuel proposé aux Etats-Unis par l’Association américaine
de psychiatrie pour établir un diagnostic psychiatrique après
l’examen d’un malade mental, se référant à une classification
des syndromes (et des maladies) qui a évolué profondément
depuis 1952, où apparaît le DSM I, jusqu’en 1987, année
de naissance de la forme révisée du troisième DSM
(DSM III R) et en 1996 (DSM IV).
Dysarthrie
Déficit de l’articulation verbale dû à une atteinte
cérébrale, considéré comme une forme mineure
d’anarthrie et se manifestant par la difficulté à émettre
des sons intelligibles.
Dysbasie
Trouble mineur de l’équilibration entraînant des perturbations
de la marche et du maintien de la position debout.
La dysbasie entre dans le cadre plus général du syndrome
ataxique.
Dysboulie
Difficulté volitionnelle rendant un sujet incapable de penser
librement et de porter son attention sur des objets extérieurs à
ses préoccupations.
Considérée parfois comme une forme mineur d’aboulie,
la dysboulie apparaît sur tout chez les psychasthéniques (P.
Janet) et les obsessionnels.
Dyscalculie
Incapacité particulière d’effectuer des opérations
formelles et d’utiliser et d’intégrer les symboles numériques.
Comme la dyslexie, elle relève le plus souvent, chez l’enfant, de
perturbations psychoaffectives.
Dysesthésie
Trouble de la qualité des perceptions sensorielles.
Le terme est surtout utilisé pour qualifier l’atteinte de la
sensibilité, due généralement à une lésion
neurologique périphérique, au tact et à la piqûre.
Dysfonctionnement
cérébral minimal
Syndrome associant une hyperactivité motrice involontaire et
des troubles de la concentration et de l’affectivité, qui survient
chez un enfant indemne de toute affection neurologique.
Dysgraphie
Atteinte de la fonction graphique scripturale se manifestant au niveau
des composantes spatiales de l’écriture, alors que les structures
morphosyntaxiques ne sont pas touchées.
Dysharmonie évolutive
Perturbation évolutive complexe du développement de l’enfant,
de mécanismes de niveaux diversifiés (psychotique, névrotique,
psychopathique, qui se manifeste par une symptomatologie en mosaïque.
Cette notion de dysharmonie est due à P. Mâle, à
la suite de T. Simon et G. Vermeylen, qui avaient introduit la différenciation
« débilité harmonique et dysharmonique ».
L’enfant dysharmonique présente le plus souvent un déficit
intellectuel dysharmonique et hétérogène car n’affectant
pas de la même façon la psychomotricité, le langage
et les fonctions cognitives. Il existe par exemple une persévération
verbale avec écholalie ; l’inaccession au jeu malgré un bon
niveau de vocabulaire avec incapacité de structurer une histoire,
ou de commencer un dessin, malgré une expression correcte.
L’enfant est souvent dyspraxique (maladresse), dysgnosique (difficulté
à reconnaître des formes ou des objets) et dysphasique (trouble
du langage). Sa latéralisation est mal assurée et il est
mal orienté dans le temps et dans l’espace.
Dyskinésie
Mouvement anormal involontaire d’amplitude variable, plus ou moins
régulier dans sa fréquence et son rythme, soit localisé
à une région (par exemple bucco-linguo-faiciale), soit diffus,
touchant alors l’ensemble corporel.
Dyslexie
Dyslexie acquise >> Troubles de la lecture consécutifs à
un traumatisme ou à une lésion cérébrale.
Dyslexie développementale >> ensemble des difficultés
spécifiques de l’enfant lors de l’apprentissage de la lecture.
Psychopathologie de la dyslexie
Il y a des degrés dans la dyslexie : la lecture courante et
expressive peut ne pas être obtenue, ou plus sévèrement,
le texte lu est incompréhensible du fait de confusions de lettres
dont le graphisme ou la sonorité sont voisins, d’inversion, etc.
Toutes ces erreurs sont commises également par les débutants
mais, ce qui caractérise les dyslexiques, c’est la fréquence
et la persistance de ces erreurs. La dyslexie est une difficulté
très répandue, qui a des conséquences très
lourdes (redoublement de classe). Certains spécialistes s’accordent
à reconnaître à la dyslexie une origine génétique
ou organique, le concept de dysfonctionnement cérébral minimal
(dont la réalité est très discutable) leur permettant
parfois d’envisager l’existence de lésions cérébrales,
dont aucun examen neurologique peut faire la preuve.
Dans certains cas, la dyslexie a la valeur d’un symptôme névrotique
qui a pour origine la première enfance, au moment où l’enfant
est normalement encouragé par sa mère à constituer
la zone intermédiaire entre le moi et le non-moi (zone des phénomènes
transitionnels). Les enfants qui ne savent pas lire en fin de cours préparatoire
sont plus nombreux dans les milieux socio-économiques défavorisés,
et C. Chiland (l’Enfant de 6 ans et son avenir, 1971) avait constaté
que le niveau socioculturel pèse plus lourd que le Q.I. pour déterminer
le niveau de lecture ou d’orthographe en fin de cours préparatoire.
Dysmorphophobie
Préoccupation exagérée et même crainte obsédante
d’être difforme ou d’avoir un aspect disgracieux de la totalité
ou d’une partie de son corps.
Décrite pour la première fois sous ce nom par E. Morselli
en 1886, la dysmorphophobie n’est pas une simple phobie mais plutôt
une croyance quasi délirante. Le sujet qui en souffre est persuadé
qui est laid, d’avoir un corps anormal, malformé.
… Pour peu que l’adolescent soit timide, introverti, hypersensible,
cela suffit parfois à déclencher cette préoccupation
morbide pouvant évoluer sur un mode seulement dépressif.
Mais, parfois, le trouble s’aggrave et peut devenir le premier symptôme
d’une évolution schizophrénique qu’il faut savoir reconnaître,
d’autant plus que la dysmorphophobie peut rester longtemps le seul symptôme
du processus dissociatif.
Dysorthographie
Trouble du développement de l’expression, portant sur l’apprentissage
de la langue écrite, apparaissant au début de la scolarité
chez les enfants normalement intelligents, indemnes de toute atteinte sensorielle
ou motrice.
La dysorthographie accompagne la dyslexie mais elle peut être
aussi indépendante de tout trouble de la lecture.
Comme pour la dyslexie, les auteurs s’opposent sur la compréhension
et les causes de ce problème. Certains organicistes attribuent la
dyslexie-dysorthographie à une maladie à compostante génétique
ou constitutionnelle, en rapport avec des dysfonctions cérébrales.
D’autres souhaitent dissocier les enfants gravement dyslexiques-dysorthographiques,
difficilement rééducable, présentant souvent des troubles
du développement psycho-moteur et affectif, de la grande majorité
des enfants présentant un échec scolaire du fait de la conjonction
de facteurs sociodamiliaux et pédagogiques défavorables.
Dyspareunie
Douleur provoquée par les rapports sexuels chez la femme.
Son retentissement sur la vie de couple est particulièrement
important et c’est un motif très fréquent de consultation
des gynécologues et des conseillers conjugaux.
On distingue généralement des dyspareunies de pénétration,
ressenties par des femmes à vagin étroit ou à la suite
de suture périnéale trop serrée, des dyspareunies
de « présence », liées souvent à des vaginites
infectueuses, mycosiques ou trophiques, et des dyspareunies profondes,
en rapport avec une rétroversion utérine, une endométriose,
une dystrophie ovarienne.
Mais, à côté de ces causes organiques finalement
assez rares, la dyspareunie est souvent d’origine affective, qu’elle soit
primaire en apparaissant dès les premières relations sexuelles,
ou secondaire, par exemple après un accouchement. Elle masque souvent
chez la patiente, une frigidité névrotique, servant en quelque
sorte d’alibi pour se refuser au partenaire.
C’est pourquoi, pour tous ces cas, l’abord psychothérapique
est indispensable. Il fera apparaître la cause originaire de la dyspareunie
: deuil, crainte d’une nouvelle grosses, avortement avec sentiments de
culpabilité. La douleur sexuelle, s’y manifeste comme un refus de
plaisir, une conduite d’autopunition ou un dégoût du partenaire.
Dysphagie
Difficulté à déglutir des aliments solides ou
même parfois des liquides.
La dysphagie peut être due à des lésions organiques
du larynx ou de l’œsophage (la dysphagie douloureuse est un des premiers
signes du cancer de cet organe). Mais elle est souvent la conséquence
d’une simple spasme de nature hystérique.
Dysphasie
Chez l’entant, marqués par une insuffisance de l’articulation
et de la différenciation perceptive des sons ainsi que par une mauvaise
intégration des structures grammaticales et sémantiques de
la langue.
La dysphasie perturbe l’acquisition du langage au même titre
que la dyslexie compromet l’usage de l’écriture. Elle doit être
distinguée des déficits de la communication en relation avec
un état psychotique (autisme), avec un déficit instrumental
(surdimutité), avec une stimulation insuffisante (retard simple
du langage), mais aussi des désordres résultant des lésions
cérébrales acquises durant l’enfance (aphasies acquises).
Dyspraxie
Trouble des coordinations motrices entraînant une maladresse
et une dysharmonie gestuelle. Il peut s’agir d’une dysarthrie de développement
accompagnant une débilité motrice (J. de Ajuriaguerra) chez
l’enfant. Mais le terme peut définir également toute forme
mineure d’apraxie.
Dysthymie
Forme de dépression chronique caractérisée par
un trouble de l’humeur de type dépressif, présent pendant
la plus grande partie de la journée et se poursuivant pendant au
moins 2 ans (1 an chez les enfants et les adolescents).
La dysthymie, état dépressif chronique d’évolution
prolongée, est donc à distinguer des dépressions périodiques
majeures de la psychose manico-dépressive. Elle s’accompagne généralement
de troubles de l’appétit (anorexie ou hyperphagie) et du sommeil
(insomnie ou hypersomnie), d’une fatigue générale avec baisse
d’énergie, de difficulté à prendre des décisions
ou même simplement à se concentrer et d’une atteinte de l’estime
de soi accompagnant une certaine désespérance.
Décrite par E. Kraeplin en 1921 comme une sorte de tempérament
prédisposant à la mélancolie, la dysthymie a été
longuement discutée comme catégorie nosologique. C’est la
DSM III qui l’a fait apparaître comme un véritable syndrome
se distinguant à la fois de la psychose maniaco-dépressive
et des dépressions purement névrotiques, avec lesquelles
elle a été longuement confondue.
Dysthymique (psychose)
Psychose caractérisée par une symptomatologie de type
schizophrénique mais évoluant par accès périodiques
sur une mode d’allure maniaco-dépressive.
C’est J. Kasanin qui, en 1933, individualise des états schizophréniques
d’évolution périodique et au cours desquels la symptomatologie
prédominante est de nature dysthymique. Ce sont pour lui des «
psychoses schizo-affectives aiguës ». des arguments tirés
de nombreuses études génétiques permettent actuellement
de faire entrer ces psychoses dans le cadre de la psychose maniaco-dépressive.
Dystonie
Trouble du tonus musculaire entraînant des attitudes involontaires,
parfois douloureuses, apparaissant à l’occasion de certains mouvements
ou du maintien postural.
Les dystonies sont parfois, comme les dyskinésies, provoquées
par des traitements neuroloeptiques.
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