Hallucination
Généralement pathologique, cette expérience est
une « perception sans objet à percevoir » (H. Ey) ;
pour ce dernier, il s’agirait d’une réalité interne projetée
hors de soi à l’occasion d’une déstructuration de la conscience.
Il faut, pour caractériser ce trouble psychosensoriel, deux
modalités principales : la sensorialité, comme dans une perception
vraie, et la projection spatiale.
>>Les hallucinations visuelles
… Il est certain que l’hallucination visuelle s’observe cependant avec
son maximum de fréquence et de richesse au cours de certains troubles
de l’activité psychique, notamment des états confusionnels.
L’onirisme représente la forme la plus complète et la plus
typique de l’hallucination visuelle dans la clinique psychiatrique. Aussi
est-ce souvent qu’on observe des hallucinations visuelles au cours des
intoxications neurotropes, tout d’abord dans l’alcoolisme, mais aussi chez
les cocaïnomanes ; dans les intoxications accidentelle ou expérimentales
(haschisch, peyotl, L.S.D), on observe des bouffées de rêve
qui représentent l’éclosion d’hallucinations visuelles.
>>Les hallucinations auditives
Il peut s’agir d’hallucinations de l’ouïe élémentaires
: bruits, sons indistincts ou vibration sonore régulière.
Mais, plus souvent, les délirants vont se plaindre d’hallucinations
de paroles, auditivo-verbales. Ce sont les voix dont les persécutés
s’inquiètent souvent.
>>Les hallucinations psychiques verbales
S’en rapprochent des phénomènes qui n’ont plus de caractère
sensoriel
et qu’on a appelés « hallucinations psychiques » ou
« pseudo-hallucinations ». J. Baillarger a, le premier, bien
montré que certains phénomènes hallucinatoires verbaux
apparaissent sous la forme de voix sans timbre, sans sonorité, de
voix chuchotées, de pensées parlées, d’inspirations,
de transmissions de pensées, d’idées suggérées,
de conversation intérieure (comme des parole sans son, etc.)
Le deuxième caractère de ces hallucinations psychiques
verbales, c’est qu’elles ne sont pas projetées dans le monde objectif
avec des signes spatiaux de localisation (en dessus, en dessous, à
côté, etc.) et qu’elles ne sont pas éprouvées,
perçues par les oreilles et dans l’espace extérieur. Naturellement,
on retrouve dans cette catégorie de phénomènes tous
les aspects cliniques signalés à propos des hallucinations
de l’ouïe : voix injurieuses, conseillantes, persécutrices
ou favorables, dialogues incompréhensibles, informations délirantes,
écho de la pensée, commentaire des actes, etc. L’ensemble
de ces phénomène constitue essentiellement un syndrome d’influence,
de compénétration de pensée (fréquente dans
les délire spirites, de possession et dans les délires mystiques)
et se retrouve dans l’automatisme mental décrit par G. Gatian de
Clérambault, de 1920 à 1926, pour dégager le syndrome
initial et fondamental précédant les manifestations délirantes
et hallucinatoires de beaucoup de psychoses chroniques.
>>Association multiple des phénomènes hallucinatoire
… M c’est aussi la satisfaction hallucinatoire d’un désir refoulé,
comme l’a montré S. Freud à propos de l’amentia de Th. Meynert,
qui peut être, dans certains cas, la cause principale de ces phénomènes.
Il peut s’agir aussi d’une atteinte structurale profonde de la personnalité,
comme on le voit dans la schizophrénie, produisant les mécanismes
projectifs responsables de l’activité hallucinatoire.
On a utilisé différents toxiques pour provoquer expérimentalement
de tels états (J. Delay, G. de Morsier), qu’on peut aussi produire
par un isolement sensoriel absolu. Les sujet de l’expérimentation
sont mis dans une sorte de caisson liquide, en apesanteur, et dans l’obscurité
et le silence le plus complets. Ils sont alors, au bout de quelques heures,
en proie à des hallucinations multiples qui ne cessent qu’après
la sorte de cet isolement. Il semblerait que l’absence d’excitation sensoriel
entraîne une baisse de l’attention et du tonus cérébral,
déclenchant une sorte d’activité nerveuse autonome et hallucinatoire.
On aurait retrouvé dans certains cas de psychose schizophrénique
un même abaissement fonctionnel de l’activité cérébrale,
dont la nature n’a pu être jusque-là précisée.
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Hallucinatoire
chronique (psychose)
Psychose délirante caractérisée par un mode de
début à forme d’automatisme mental, la richesse de l’activité
hallucinatoire, l’évolution chronique et, souvent, l’absence de
prédisposition paranoïaque. Décrite par G. Ballet et
1911-1912 à partir du groupe des délires chroniques de persécution
de Ch. Lasègue et V. Magnan, où avait déjà
été individualisé le délire d’interprétation
(P. Sérieux et J. Capgras), cette psychose, appelée autrefois
« folie senorielle » ou « paranoïa hallucinatoire
», trouvait sa spécificité dans l’importance des hallucination.
Ces troubles psychosensoriels relèvent des divers sens et l’emportent
largement sur les interprétations et intuitions délirantes,
ce qui n’empêche pas le délire de rester assez bien organisé
et systématisé.
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Hallucinose
Perception sans objet, proche des hallucinations visuelles avec déroulement
d’images colorées.
L’hallucinose se distingue de l’hallucination visuelle par l’absence
de participation affective de la part du sujet, qui reconnaît la
manifestation pathologique comme inexacte et ne l’intègre pas dans
un système délirant.
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Hallucinose pédonculaire
Type particulier d’hallucinose causé par une lésion de
la région mésodiencéphalique du cerveau. L’hallucinose
pédonculaire survient le plus souvent au crépuscule. Elle
peut s’accompagner de troubles de la conscience plus ou moins marqués.
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Head (Henry)
Neurologue britannique (Londres 1861 – Reading 1940).
Il a consacré l’essentiel de ses travaux d’une part à
la sensibilité cutanée, d’autre part aux aphasies. Pour la
première, il introduit la distinction entre « fonction protopathique
» (relevant du thalamus) et « fonction épicritique ».
Celle-ci serait la faculté de discrimination. Elle dépend
de l’activité corticale, dont la suppression entraîne donc
la perte de la perception des relations spatiales et de la forme des objets
entrant en contact avec la surface corporelle.
Pour les secondes, critiquant la doctrine des localisations cérébrales
des neurologues classiques, Head défend une classification essentiellement
fonctionnelle qui en distingue quatre formes : verbale, caractérisée
par la formation défectueuse des mots ; syntactique, où domine
un trouble grave de la structure grammaticale de la phrase ; nominale,
due à un trouble de l’emploi significatif des mots ; sémantique,
constituée par la difficulté de saisir l’intention d’un ensemble,
d’un acte, d’un geste, d’une phrase. Ainsi, le langage de l’aphasique se
montrerait atteint de deux manières : par trouble de la signification
(formes sémantique et normale) ou par trouble de l’utilisation
(formes verbale et syntactique).
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Héautoscopie
Représentation partielle ou totale de l’image de soi-même,
comme projetée en dehors de soi. SYN : autoscopie.
Ce phénomène, qui se situe le plus souvent entre une
simple illusion et une véritable hallucination, est normalement
rencontré dans le rêve. Mais il peut apparaître dans
des états soit confuso-oniriques (en particulier après la
prise d’hallucinogène), soit démentiels (cas du « Horla
» de G. de Maupassant). On le signale également dans certaines
phases délirantes de l’hystérie (psychose hystérique).
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Hébéphrénie
Une grandes formes cliniques de la schizophrénie. Elle est caractérisée
par son début dès l’adolescence, ses aspects déficitaires
intellectuels avec inhibition psychomotrice et négativisme et son
évolution souvent marquée par des troubles thymiques atypiques
et des accès hétéroagressif ou atuoagressifs impulsifs
parfois dramatiques.
Sa première description, faite par E. Hecker en 1871, en faisait
une maladie autonome. Elle est reprise par E. Kraepelin, qui l’introduit
dans le cadre de la démence précoce en en faisant la première
forme clinique juvénile de cette affection mentale. Il la rapproche
d’ailleurs de la catatonie, individualisée par K. Kahlbaum en 1874,
dans une autre forme qu’il appelle « hébéphréno-catatonique
».
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Hérédoalcoolisme
Pathologie due à l’imprégnation par l’alcool de l’organisme
des parents.
Dans la descendance des buveurs, la notion d’hérédoalcoolisme
ne se constitue qu’au début du Xxè siècle sur le modèle
de l’hérédosyphilis dans le cadre de la doctrine de la dégénérescence.
L’hérédoalcoolisme représente une illustration
exemplaire du processus dégénératif. L’alcool est
en effet une cause prédisposante de la maladie par les lésions
qu’il entraîne, en particulier au niveau du système nerveux,
cette prédisposition pouvant passer à la génération
suivante si l’intoxication est importante.
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Hérédosyphilis
Nom donné naguère à la syphilis
… dans tous les cas, l’hérédosyphilis est mise en avant
comme la cause de multiples pathologies : états d’arrièration,
paralysie générale juvénile, troubles de la personnalité,
démence précoce, parfois dans un cadre général
comme celui des « psychoses hérédosyphilitiques »
de régis.
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Histrionisme
Attitude caractérisée par le besoin d’attirer l’attention
sur soi et de séduire l’entourage. Manifestation fréquente
du caractère hystérique, l’histrionisme se rapproche du théâtralisme
avec hypermimie et hyperexpressivité émotionnelle. Il s’accompagne
souvent de vantardise et de fanfaronnade.
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Homéostasie
Tendance des organismes vivants à maintenir constantes les conditions
de vie.
Psychiatrie : Depuis quelques années, avec le développement
des thérapies familiales systémiques, le terme est utilisé
pour décrire toute résistance de la famille au changement,
ce dernier étant « considéré comme une erreur
à corriger ou à freiner ». La réponse hyperhoméostatique
est fréquente dans tous les groupes familiaux dysfonctionnels et
rigides, en particulier dans ceux dits « à transaction
schizophrénique ». On comprend qu’une telle rigidité
puisse gêner considérablement tout processus thérapeutique
de changement.
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Hôpital psychiatrique
Etablissement public ou privé faisant fonction de public, relevant
de la loi du 30 juin 1838 et destiné à l’hospitalisation
et au traitement à temps complet des malades mentaux.
D’abord dénommé « asile » en 1838, il devient
« hôpital psychiatrique » en 1937.
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Hospitalisation
d’office
Hospitalisation d’une personne atteinte de troubles mentaux, sans son
consentement, correspondant au placement d’office de l’ancienne loi de
1838.
Avec la nouvelle loi du 27 juin 1990, cette forme d’hospitalisation
sous contrainte d’un malade mental est ordonnée par un arrêté
préfectoral motivé, énonçant avec précision
les circonstances rendant cette hospitalisation nécessaire.
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Hospitalisme
Selon R. Spitz, état d’altération physique profonde qui
s’installe progressivement chez de très jeunes enfants placés
en institution et subissant une carence affective grave.
Si la séparation d’avec la mère survient après
6 mois, quand une certaine forme de relation mère-enfant est déjà
établie, mais sans que l’identification à une image stable
soit encore possible, l’inhibition anxieuse, avec désintérêt
pour le monde extérieur (dépression anaclitique), peut disparaître
quand l’enfant retrouve sa mère. En cas de carence affective totale
et précoce, les troubles vont jusqu’au marasme et éventuellement
à la mort. Les études sur l’hospitalisme ont mené
à de profondes réformes dans les conditions d’hospitalisation
des tout-petits.
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Hygiène mentale
Domaine de l’activité médicopsychologique consacré
à l’étude et à l’utilisation des divers moyens propres
à conserver la santé mentale dans une large population, et
donc à prévenir l’apparition des maladies mentales chez le
plus grand nombre des membres de cette population.
Axée d’emblée sur les notions d’action sociale étendue
et de prévention, l’idée d’hygiène mentale a été
développée par le psychiatre nord-américain (d’origine
suisse) A. Meyer après la parution en 1907 de l’ouvrage d’un ancien
malade mental, Cliff W. Beers, expliquant comment il avait pu guérir
de sa maladie.
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Hyperesthésie
Sensibilité exagérée à toute stimulation
sensorielle.
Se rencontrant plus particulièrement dans la modalité
tactile, elle peut alors s’accompagner de sensations douloureuses, comme
dans certaines atteintes polynévritiques et, parfois, thalamiques.
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Hypermnésie
Exaltation et acuité particulièrement vives de la mémoire.
Elle apparaît dans certaines situations émotionnelles
de danger (vision panoramique de toute sa vie) et au cours d’accès
maniaques. C’est aussi une aptitude très spectaculaire chez certains
débiles mentaux, calculateurs prodiges et répétiteurs
d’innombrables listes d’annuaires. Il s’agit dans ce cas d’anciens psychotiques
infantiles dont les possibilités intellectuelles instrumentales
ont été conservées.
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Hyperphagie
Comportement alimentaire consistant à ingérer une quantité
de nourriture disproportionnée avec ses besoins. Il s’agit d’un
appétit exagéré plutôt que d’un véritable
trouble alimentaire, présent dans la boulimie.
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Hypersomnie
Exagération pathologique de la tendance au sommeil.
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Hypnoïde (état)
Trouble hystérique de la conscience, caractérisé
par l’obscurcissement et la diminution des perceptions sensorielles.
Notions introduite par J. Breuer et S. Freud (1893 – 1895) afin de
qualifier le clivage de la conscience qu’ils constataient chez leurs patients
hystériques. Ce trouble implique plusieurs niveaux de conscience
qui peuvent s’ignorer mutuellement et parfois une capacité à
revivre sur le mode hallucinatoire des expériences traumatiques
antérieures.
A partir de 1906, Freud se montre réticent à l’égard
de ce terme à cause du modèle biologique que Breuer y avait
associé et préférera la notion de mécanisme
de défense. On s’accorde aujourd’hui pour dire qu’un grand nombre
de troubles hystériques impliquent un état hypnoïde
plus ou moins marqué.
Biblio : Carroy, J. 1991, Hypnose, suggestion et psychologie, Paris,
P.U.F ; Freud, S., et Breuer, J., 1895, Etudes sur l’hystérie, trad.
Fr., 1956, Paris, P.U.F ; Melman, Ch., 1984, Noubelles Etudes sur l’hystérie,
Paris, J. Clims/Denoël ; Trillat, E. 1986, Histoire de l’hystérie,
Paris, Seghers.
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Hypnose
C’est à un disciple de F. A. Mesmer, A. M. J. de Chastenet,
marquis de Puységur, que revient le mérite d’avoir décrit
le premier cet état de « somnambulisme provoqué »
par le magnétisme animal, en 1784. Et c’est un dentiste de Manchester,
J. Braid, qui utilisa ce « sommeil artificiel » comme méthode
pour anesthésier ses patients et l’appela « hypnosis »,
en 1843, en élaborant une première théorie de l’hypnotisme.
Celle-ci allait être approfondie par les Nancéiens A. Liebault
et H. Bernheim, mettant au premier plan le rôle de la suggestion,
et par J. M. Charcot, qui à Paris, à la même époque,
en faisant une assimilation sans doute abusive avec les phénomènes
de l’hystérie. S. Freud allait montrer, le premier, que l’hypnose
permettait des manifestations de l’activité de l’inconscient, et
c’est à partir de sa pratique qu’il allait découvrir la psychanalyse.
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Hypnotique
Médicament qui provoque, à dose thérapeutiques,
une sédation du système nerveux central, avec induction et
maintien d’un sommeil proche du sommeil physiologique normal qui peut facilement
être interrompu.
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Hypocondriaque
Se dit d’une personne atteinte d’hypocondrie.
Tous les degré peuvent se voir entre de simples préoccupations
hypocondriaques, en rapport avec un état d’anxiété,
une névrose nosophobique, et le véritable délire hypocondriaque
qu’on rencontre dans la schizophrénie et la paraphrénie.
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Hypocondrie
… Si l’hypocondrie reste assez fréquente dans les dépressions
chroniques dites « à formulation hypochondriaque »,
elle se voit aussi bien dans les névroses, revêtant en particulier
la forme « nosophobique », que dans les psychoses, où
elle devient véritablement délirante. Elle peut alors accompagner
les délires paranoïdes schizophréniques avec dépersonnalisation,
certains délires chroniques de persécution et surtout un
type de paraphrénie fantastique avec délire de négation
d’organes, de damnation et d’immortalité appelé « syndrome
de Cotard », très proche de la mélancolie délirante.
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Hypoesthésie
Trouble quantitatif des perceptions sensorielles résultant de
la diminution de la perception des stimulations sensitives.
Il y a des hypoesthésies de la sensibilité à tous
les modes et des hypoesthésies plus spécifiques intéressant
exclusivement, ou avec une nette prédominance, les sensibilités
douloureuse, proprioceptive, tactile ou thermique.
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Hypomanie
Forme atténuée d’excitation maniaque.
Elle en présente souvent la période prémonitoire.
Parfois, elle apparaît comme un état de subexcitation permanent,
plus fatigant pour l’entourage que pour le sujet.
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Hypotonie
Diminution du tonus musculaire, se manifestant par moindre résistance
du muscle à son allongement passif.
L’hypotonie du nouveau-né est due essentiellement à la
malnutrition, à des maladies chroniques à retentissement
général telles que les cardiopathies, les encéphalopathies,
etc.
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Hystérie
A la fin du XIXe siècle, J. M. Charcot
tente de rattacher l’hystérie à
la neurologie, mais il lui est impossible de localiser une lésion.
Il contribue à la compréhension du mécanisme de formation
du symptôme hystérique en découvrant
la possibilité de reproduire sous hypnose un symptôme (une
paralysie) en tout point comparable. L’utilisation par J. Breuer
de la méthode cathartique pour traiter une patiente hystérique
en la faisant parler sous hypnose incite S. Freud à reprendre les
recherches sur l’étiologie de l’hystérie. Il
découvre l’existence d’un traumatisme psychique de nature sexuelle,
survenu pendant l’enfance et dont les réminiscences inconscientes
sont à l’origine du symptôme. Il introduit la notion
de conversion « saut du psychique dans l’innervation somatique
» , impliquant une correspondance entre la parole et le symptôme
et qu’il appelle « hystérie de
conversion ».
Les représentations refoulées parlent par l’entremise
des symptômes de conversion, qui apparaissent comme l’expression
symbolique des compromis entre la réalisation des désirs
inconscients et les processus de défense qui s’y opposent. La conversion
est une « transposition d’un conflit psychique et une tentative de
résolution de celui-ci dans ses symptômes somatiques (paralysie
par exemple) ou sensitifs (anesthésies ou douleurs localisées
par ex).
LA PERSONNALITE HYSTERIQUE
Les troubles de la sexualité sont caractérisés
par la frigidité classique, dont la femme hystérique
se plaint moins que son partenaire. Elle contraste
avec les attitudes de séduction, d’hyperexpressivité érotique,
qui peuvent effrayer le partenaire. Souvent, la
femme hystérique qui vit en couple évite les relations sexuelles
sous différents prétextes. Elle préfère
les activités de rêverie avec un partenaire idéalisé.
L’homme hystérique cultive souvent des amitiés féminines
: dans sa crainte de la jouissances féminine,
il anticipe souvent par l’éjaculation précoce.
Lui aussi recourt à la masturbation et
à la rêverie. Sa quête de la virilité
et ses amitiés masculines passionnelles témoignent de
ses troubles d’identité sexuelle, voire d’une homosexualité.
Les relations sociales sont altérées par la tendance au théâtralisme,
la dramatisation et parfois la mythomanie. L’hystérique recherche
un modèle, parfois chez les personnalités célèbres.
Cette suggestibilité, ce manque de naturel, ce besoin d’attirer
l’attention vont susciter le rejet, en particulier des médecins,
d’autant qu’ils masquent mal l’agressivité inconsciente de l’hystérique,
habile à dévoiler les défauts et les désirs
cachés de chacun.
L’HYSTERIE DE CONVERSION
Le passage du conflit inconscient dans le
corps se manifeste par des troubles ressemblant aux maladies organiques.
Il peut s’agir de troubles paroxystiques, comme la classique grande crise
à la Charcot, débutant par une « boule dans la gorge
», des troubles visuels ; puis survient la perte de connaissance,
avec raideur et mouvements convulsifs, de type épileptique. La récupération
est marquée par des attitudes théâtrales, passionnelles.
Souvent, il ne s’agit que d’une crise convulsive, proche de la spasmophilie.
A l’inverse, la syncope isolée est fréquente, survenant en
présence d’une personne significative pour le malade. Ces troubles
miment des fantasmes, ou même des attitudes orgastiques. Ils sont
parfois contagieux et cèdent avec l’isolement. Les anesthésies
et paralysies hystériques sont des conversions plus durables.
Chez l’homme hystérique, une forme fréquente de conversion
est la névrose post-traumatique, décrite après la
Première Guerre mondiale et pouvant survenir de nos jours après
un accident de la voie publique ou du travail. L’existence de troubles
locaux comme un œdème, de troubles circulatoires résistant
au traitement peut enfermer le malade et son médecin dans une escalade
d’examens et d’hospitalisations, débouchant sur la revendication
et parfois la paranoïa.
PSYCHAN : Névrose caractérisée par le polymorphisme
de ses manifestations cliniques. La phobie, appelée parfois «
hystérie d’angoisse », doit être distinguée de
« l’hystérie de conversion ». Cette dernière
se distingue classiquement par l’intensité des crises émotionnelles
et la diversité des effets somatiques, qui tiennent la médecine
en échec.
L’HYSTERIE DANS LA PREMIERE TOPIQUE FREUDIENNE
Freud dégage d’abord d’une conception innéiste au profit
de l’idée d’une névrose acquise et pose le problème
étiologique en termes de quantité d’énergie : l’hystérie
est due à un « surplus d’excitation
». Dans les Etudes sur l’hystérie (1895), la parenté
du mécanisme psychique des phénomènes hystériques
avec la névrose traumatique est affirmée : «
La cause de la plupart des symptômes hystériques mérite
d’être qualifiée de traumatisme
psychique ». Le souvenir
de ce choc, devenu autonome, agit alors à
la manière d’un « corps étranger » dans le psychisme
: « C’est de réminiscences que souffre l’hystérique.
» En effet, l’affect lié
à l’incident causal n’a pas été abréagi,
c’est-à-dire n’a pas trouvé de décharge d’énergie
par voie verbale ou somatique, parce que la représentation
psychique du traumatisme était absente, interdite ou insupportable.
La scission du groupe de représentations incriminées constitue
alors le noyau d’un « second conscient » infiltrant le psychisme
lors des crises ou innervant une zone corporelle par un symptôme
permanent névralgie, anesthésie, contracture,
etc. Le mécanisme de défense présidant
à la formation du symptôme hystérique est qualifié
alors de « refoulement d’une représentation incompatible avec
le moi ». Freud affirme parallèlement
que le traumatisme en cause est toujours lié à une expérience
sexuelle précoce vécue dans le déplaisir,
y compris chez les jeunes garçons, ce qui libère l’hystérie
de son attache exclusivement féminine.
LA DEUXIEME TOPIQUE DE FREUD
Ce sont pourtant les difficultés rencontrées
dans les cures qui amenèrent Freud à la mise en place de
la seconde topique de l’appareil psychique. De nouvelles études
sur l’hystérie, promises, ne virent cependant jamais le jour. La
pertinence de la clinique freudienne apparaît toutefois dans divers
textes, mise en valeur par la relecture de J. Lacan et grâce aux
instruments conceptuels qu’il proposa. Ainsi, l’analyse du rêve dit
« de la Belle Bouchère », publié dans
« l’Interprétation des rêves » 1900, permet
à Freud d’avancer que la rêveuse
hystériques est obligée de se créer un « désir
insatisfait » : pourquoi ne veut-elle pas du caviar que
pourtant elle désire ? C’est qu’elle réserve
ainsi la place du désir en tant qu’il ne se confond ni avec la demande
d’amour ni avec la satisfaction du besoin. Le manque constitutif
du désir est cependant articulé à travers une demande
au lieu de l’Autre, défini comme lieu symbolique du langage. Le
manque est dans l’Autre, articulation signifiante du manque d’objet comme
tel dont le signifiant est le phallus. Ainsi, le désir de l’hystérique
révèle la nature générale du désir d’être
désir de l’Autre. De plus, ce rêve est proprement celui d’une
hystérique, qui est de n’accéder au désir que par
le détour de l’identification imaginaire à une amie, identification
qui conduit à une appropriation du symptôme d’un semblable
par un raisonnement inconscient s’attribuant des motifs analogues d’être
malade.
Le texte de ce rêve, mis en rapport avec le cas Dora, permet
de franchir un pas de plus. Dora présentait
de nombreux symptômes liés à la relation complexe que
son père et elle-même entretenaient avec le couple K.
: liaison amoureuse platonique dissimulée de son père et
de Madame K. cour parfois pressante mais secrète de Monsieur K.
à son égard. L’analyse de Dora fut
orientée par Freud vers la connaissance de son désir refoulé
pour Monsieur K. cela lui permit de montrer l’importance, dans la mise
en place de l’hystérie, de l’amour pour le père impuissant,
séquelle oedipienne ici interprétée comme défense
actuelle contre le désir.
Mais Freud reconnaîtra avoir manqué
la dimension homosexuelle du désir hystérique, d’où
l’échec de la cure. Pour Lacan, il s’agit plutôt
d’une « homosexualité » à entendre ici comme
identification à l’homme, ici Monsieur K., par le médium
duquel l’hystérique s’interroge sur l’énigme de la féminité
: « C’est ainsi que l’hystérique s’éprouve dans
les hommages adressés à une autre, et offre la femme en qui
elle adore son propre mystère à l’homme dont elle prend le
rôle sans pouvoir en jouir. En quête sans répit de ce
que c’est qu’être une femme. » (Ecrit, 1966).
L’HYSTERIE APRES FREUD
Melman fait valoir que le refoulement
propre à l’hystérique serait en fait un pseudorefoulement.
En effet, si, comme le soutenait déjà Freud, la petite fille
passe par une phase où elle doit renoncer à la mère,
donc ne connaît pas moins que le garçon
la castration, la mise en place de la féminité
suppose un second temps où elle refoule
partiellement l’activité phallique à laquelle la castration
semblait l’autoriser.
« Nous avançons ici l’hypothèse que le refoulement
porte électivement sur le signifiant maître, celui dont le
sujet éventuellement se réclame pour interpeller l’objet.
»
Ce refoulement serait le premier mensonge du symptôme hystérique,
car il se fait passer pour une castration (réelle et non symbolique)
demandée par l’Autre et qui est à la source de l’idée
qu’il puisse y avoir un fantasme propre à la femme. Ainsi, le refoulement
du signifiant maître réorganise la castration première
et le fait interpréter comme privation du moyen d’expression du
désir. La symptomatologie hystérique « est dès
lors liées à la résurgence du signifiant maître
dans le discours social qui suggère l’idée de viol »
et le corps mime la possession par un désir totalisant dont les
signifiants s’inscrivent sur lui comme une page.
Pourquoi alors toute femme n’est-elle pas hystérique ? C’est
que l’hystérique interprète le consentement à la féminité
comme un sacrifice, un don fait à la volonté de l’Autre qu’ainsi
elle consacrerait. Dès lors, elle s’inscrit dans une ordre qui prescrit
d’avoir à plaire et non de désirer. Elle oppose à
ceux qui se réclament du désir un « nouvel ordre moral
» ordonné par l’amour d’un père malade et impuissant
et dont les valeurs sont le travail, la dévotion et le culte de
la beauté. Ainsi naîtrait une nouvelle humanité «
égalitaire parce qu’égale dans le sublime et débarrassée
de la castration ».
BIBLIO : Freud, S., Breuer, J., 1895 « Etudes sur l’hystérie », trad fr., 1967, Paris, P.U.F ; Melman, Ch, 1984, « Nouvelle Etudes sur l’hystérie », Paris, Joseph Clims/Denoël ; Trillat, E., 1986, « Histoire de l’hystérie ».
Hystéro-anorexie
Coexistence de troubles hystériques et anorexiques chez un même
sujet.
Ch. Lasègue, en 1873, avait noté que certaines hystériques
éprouvaient « une répulsion plus ou moins vive pour
certaines aliments…
BIBLIO : Lasègue, Ch., « De l’anorexie hystérique
» 1873.
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