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fantasme
    Pour S. Freud, représentation, scénario imaginaire, conscient (rêverie), pré-conscient ou inconscient, qui implique un ou plusieurs personnages et qui met en scène de façon plus ou moins déguisée un désir.

    J. Lacan a souligné la nature essentiellement langagière du fantasme. Il proposa le mathème suivant : $ <> a, à lire S barré poinçon de petit a". Ce mathème désigne le rapport particulier d'un sujet de l'inconscient, barré ét irréductiblement divisé par son entrée dans l'univers des signifiants, avec l'objet petit a qui constitue la cause inconsciente de son désir.

                                                                                    Avec FREUD
    Un moment déterminant de son élaboration théorique du fantasme fut sa découverte du caractère imaginaire des traumatismes rapportés par ses patients comme cause de leurs difficultés actuelles. Ce qui lui était présenté comme souvenir s'avérait n'avoir qu'un rapport relatif avec la réalité dite "historique" et même, parfois, n'avoir de réalité que psychique. Freud en déduisit qu'une force inconsciente poussait l'homme à remodeler son expérience et son souvenir : il y vit l'effet d'un désir premier (allem. Wunsch). Pour Freud, ce Wunsch était une tentative de reproduire, sur un mode hallucinatoire, les premières expériences de plaisir vécues dans la satisfaction des besoins organiques archaïques.

    Certains de ces fantasmes inconscients ne deviennent accessibles au sujet que dans la cure. D'autres restent à tout jamais sous l'emprise du refoulement originaire :ils ne peuvent être que reconstruits par interprétation. Freud développe cela dans son article intitulé : "Un enfant est battu", formule qu'il utilise pour nommer un fantasme masochiste souvent rencontré dans sa pratique.
    Freud y indique aussi que, si le fantasme figure le désir inconscient du sujet, le sujet lui-même peut être représenté dans le fantasme par divers personnages qui y sont inclus.
    Freud y distingue enfin certains fantasmes qu'il appelle "originaire", désignant par là les fantasmes qui concernent l'origine du sujet, à savoir : sa conception (par exemple les fantasmes de scène primitive ou encore les romans familiaux), l'origine de sa sexualité (par exemple les fantasmes de séduction) et, enfin, l'origine de la différence des sexe (par exemple le fantasme de castration).

                                                                                       Avec LACAN
    Lors de son élaboration du schéma dit "de la personne" 1966, Lacan représente le fantasme par une surface incluant les diverses figures du moi, de l'autre imaginaire, de la mère originaire, de l'idéal du moi et de l'objet. Cette surface du fantasme est bordée par le champ de l'imaginaire et par celui du symbolique tandis que le fantasme recouvre celui du réel. Ces notations indiquent bien le caractère transindividuel du fanstasme, sa participation, fût-elle marginale, aux champs du symbolique et de l'imaginaire et surtout sa fonction d'obturation du réel.

    Comme il ressort dans la cure de l'Homme aux rats, les objets du fantasme fonctionnent non seulement comme objets mais aussi en tant que signifiants.

    Que le fantasme se compose d'éléments relevant des univers symbolique et imaginaire du sujet, et qu'il soit en relation d'obturation avec son réel, s'exprime aussi dans le mathème proposé par Lacan : $ <> a. Ce mathème écrit la structure de base du fantasme selon Lacan. On y retrouve l'unvers symbolique sous la forme de cette barre qui figure la naissance et la division du sujet consécutives à son entrée dans le langage. On y retrouve aussi l'objet a en tant que perdu, lieu vide, béance que le sujet va tenter d'obturer, sa vie durant, par les divers objets a imaginaires. Enfin <> est la fonction de nouage du symbolique $, de l'imaginaire a et du réel a qu'opère le fantasme. Il protège en effet le sujet non seulement contre l'horreur du réel mais aussi contre les effets de sa division.
    Certaines parties du corps propre se prêtent particulièrement à l'opération logique de détachement qui transpose son objet dans l'imaginaire : le regard, la voix, le sein et les fèces. Nous n'avons, en effet, jamais accès à notre regard en tant que regardant l'autre, ni non plus notre voix comme elle est perçue par l'autre. Quant au sein, il n'est pas seulement perdu parce que l'enfant a été un jour ou l'autre privé du sein maternel mais plus essentiellement parce que ce sein a été d'abord vécu par l'enfant comme partie intégrante de son propre corps.
    Le nombre des objets a réels est limité. Celui des objets a obturateurs imaginaires est infini : tel regard qui attire, tel fouet qui l'on craint, telle forme de sein qui fascine, tel rat exécré, tels chevelure séduisante...

    Lacan dit également, faisant remarqué que l'objet du fantasme se distingue de l'objet du besoin et de celui de la pulsion, que la complexité et la difficulté de la vie des couples réside en bonne partie dans la nécessité de faire coïncider en un seul objet, d'une façon qui satisfasse le sujet, l'objet du fantasme, celui de la pulsion et celui de l'amour.
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Ferenczi (Sandor)
Médecin et psychanalyste hongrois (Miskolc 1873-Budapest 1933). 

    Lié dès 1906 à S. Freud, dont il sera du reste le disciple favori et l'un des rares amis, il est, avec E. Jones et K. Abraham, un de ceux qui ont le plus contribué au développement de la psychanalyse en dehors de l'Autriche. Le succès des idées freudiennes en Hongrie permet à Ferenczi d'ouvrir une clinique et même, pendant la brève durée du gouvernement de Béla Kun, d'enseigner la psychanalyse à l'université. Mais, à partir de 1923, les divergences commencent à apparaître entre Freud et Ferenczi, alimentées par la complexité des liens affectifs qui existent entre eux. 
    C'est sur le plan technique que Ferenczi développa ses apports les plus originaux. Afin d'éviter qu'une part trop grande de l'énergie psychique ne trouve la voie de satisfactions subtitutives, ce qui entraverait la cure, il prôna une "technique active", qui interdisait ces satisfactions, mais pouvait aussi inciter à affronter les situations pathologènes. Devant les difficultés liées à cette technique, qui renforçait souvent les résistances, il modifia totalement sa technique, qui s'apprenta dès lors à une forme de relaxation. Enfin il en vint à concevoir une sorte d'analyse mutuelle, destinée à empêcher que les désirs inconscients de l'analyste n'interfèrent dans la cure. Au total, ses solutions ne sont guères reprises aujourd'hui, mais ses questions témoignent d'une conscience aiguë de sa responsabilité de thérapeute. 

    Sur le plan théorique, les recherches de Ferenczi visent la constitution d'une nouvelle science, la bioanalyse, qui est l'extension de la théorie psychanalytique au domaine de la biologie, ou psychanalyse des origines. Dans : "Thalassa. Psychanalyse des origines de la vie sexuelle" (1924), il élabore l'hypothèse, étayée sur les théories évolutionnistes de Lamarck et de E. Haeckel, selon laquelle l'existence intra-utérine serait la répétition des formes antérieures de la vie, dont l'origine est marine. La naissance serait la perte de l'état originaire, auquel tous les êtres vivants aspirent à retourner. 
    Mais il a également contribué de façon intéressante à la théorie du symbolisme. Il a, par ailleurs, ouvert la voie à une approche plus attentive des relations primaire de la mère et de l'enfant, ce qui devait être développé par Alice et Michaël Balint
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fétichisme
    Organisation particulière du désir sexuel, ou libido, telle que la satisfaction complète ne peut pas être atteinte sans la présence et l'usage d'un objet déterminé, le fétiche, que la psychanalyse reconnaît comme substitut du pénis manquant de la mère, ou encore comme signifiant phallique.

Le Déni de castration
    Si la femme est châtrée, une menace pèse sur le jeune garçon, concernant la possession de son propre pénis à lui. c'est donc pour se prémunir contre cette menace qu'il dénie l'absence de pénis chez la mère et le fétiche n'est autre que le substitut du pénis manquant.
    Ce mécanisme de formation du fétiche, Freud le met en évidence (le Fétichisme, 1927 ; trad. fr. in la Vie sexuelle, 1969) à partir du choix de l'objet élu comme tel. Si l'on imagine le regard de l'enfant venant à la rencontre de ce qui pour lui sera traumatisant, remontant par exemple à partir du sol, le fétiche sera constitué par l'objet de la dernière perception avant la vision traumatique elle-même : une paire de bottines, le bord d'une jupe. "L'élection si fréquente des pièces de lingerie comme fétiche est due à ce qu'est retenu ce dernier moment du déshabillage pendant lequel on a pu encore penser que la femme est phallique." Quant à la fourrure, elle symbolise la pilosité féminine, dernier voile derrière lequel on pouvait encore supposer l'existence d'un pénis chez la femme. Il y a ainsi dans le fétichisme une sorte d'arrêt sur image, un reste figé, séparé de ce qui peut le produire dans l'histoire du sujet.

    La théorie freudienne du déni s'accompagne d'une théorie du clivage psychique. Le fétichiste en effet ne "scotomise" pas totalement une partie de la réalité, ici l'absence de pénis chez la femme. Il tente de maintenir dans l'inconscient à la fois 2 idées, celle de l'absence du phallus et celle de sa présence.
    Freud évoque en ce sens un homme qui avait élu comme fétiche une gaine pubienne, dont l'ébauche était la feuille de vigne d'une statue vue dans l'enfance. Cette gaine, qui dissimulait entièrement les organes génitaux, pouvait signifier aussi bien que la femme était châtrée et qu'elle n'était pas châtrée. Et même portée par lui en guise de slip de bain, elle "permettait par surcroît de supposer la castration de l'homme".

Le fétiche comme signifiant
    Freud fait allusion, notamment dans : "Trois essais sur la théorie sexuelle", à d'autres composantes phalliques : le fétichisme du pied comporte souvent une dimension olfactive (pied malodorant), qui peut elle-même procéder d'une pulsion partielle (registre anal)
    En ce qui concerne le second point, l'identifiaction à un signifiant, nous pouvons nous y trouver conduits si nous remarquons avec Lacan (le Séminaire IV, 1956-57), (la Relation d'objet et les structures freudiennes) que le fétiche représente non le pénis réel, mais le pénis en tant qu'il peut manquer, en tant qu'on peut certes l'attribuer à la mère, mais en même temps en tant qu'on en reconnaît l'absence.
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fixation
    Liaison privilégiée de la libido à l'endroit d'objets, d'images, ou de types de satisfaction libidinale attachés aux stades pégénitaux.

    La notion de fixation, généralement liée à celle de régression, dans une conception génétique et dynamique de l'évolution de la libido, permet de reconnaître dans quelles conditions un adulte peut persister dans la recherche de satisfactions liées à un objet disparu (par exemple, fixation au stade anal dans la névrose obsessionnelle). Plus généralement, on parlera d'une fixation de certaines représentations (représentants-représentation ou encore signifiants) liées au dynamisme pulsionnel, pour en désigner le mode d'inscription dans l'inconscient.
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Fliess (Wilhelm)
Médecin et biologiste allemand (Arnswalde, auj. Choszczno, Pologne, 1858-Berlin 1928). 

    Oto-rhino-laryngologiste berlinois, Fliess est l'auteur de théories sur la correspondance entre la muqueuse nasale et les organes génitaux, et la bisexualité fondamentale de tout être humain. Il joua un rôle considérable sur l'évolution de S. Freud, son ami intime. Ils échangèrent une correspondance passionnée de 1887 à 1904, dont l'importance est capitale pour la bonne compréhension de l'oeuvre freudienne, et notamment de l'autonalyse de Freud. 
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forclusion
    Selon J. Lacan, "Défaut qui donne à la psychose sa condition essentielle, avec la structure qui la sépare de la névrose" (D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose, 1957).

    Le fonctionnement du langage et les catégories topologiques du réel, du symbolique et de l'imaginaire permettent de spécifier ainsi ce défaut : le signifiant qui a été rejeté de l'ordre symbolique réapparaît dans le réel, sur le mode hallucinatoire par exemple. Les perturbations qui s'ensuivent dans les trois registres du réel, du symbolique et de l'imaginaire (R.S.I.) donnent aux psychoses leurs différentes configurations. L'effet radical de la forclusion sur la structure tient non seulement au changement de lieu du signifiant, mais également au statut primordial de celui qui est exclu : le père comme symbole ou signifiant du Nom-du-Père, dont le signifié corrélatif est celui de la castration. C'est pourquoi, dans certaines conditions, le sujet psychotique se trouve affronté à une castration non pas symbolique, mais réelle.

    L'HOMME AUX LOUPS

    L'hallucination du doigt coupé, rapportée par l'Homme aux loups dans sa psychanalyse, a permis à S. Freud de mettre en évidence un mécanisme distinct et du refoulement névrotique et du désaveu pervers, la Verwerfung, qui est à la base de la psychose. Le terme freudien signifie "rejet". Lacan a fini par la traduire par "forclusion". cette option a le mérite de mettre l'accent sur cette caractéristique : ce qui a été rejeté ne peut plus faire retour au lieu même d'où il a été exclu. Ce procès se distingue donc du refoulement, car le refoulé fait retour dans son lieu d'origine, le symbolique, où il a été admis primitivement.
    La forclusion porte donc sur le signifiant.

L'interprétation de Lacan
    L'épisode hallucinatoire de l'Homme aux oups autorise plusieurs remarques. Comme ce phénomène est soustrait aux possibilités de la parole, il s'accompagne d'effets dont voici quelques traits majeurs repérés par Lacan : L'entonnoir temporel dans lequel s'enfoncer le sujet, son mutisme atterré, son sentiment d'irréalité. Le sujet se heurte au symbole retranché, qui pour autant ne rentre pas dans l'imaginaire mais constitue ce qui n'existe pas pour lui.
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formation de l'inconscient
    Irruptions involontaires dans le discours selon des processus logiques et internes au langage, permettant de repérer le désir.

    Le rêve, le mot d'esprit ou le trait d'esprit, le lapsus, l'oubli de nom, l'acte manqué, le symptôme en tant qu'il relève du signifiant, comme métaphore signifiante, toutes ces formations ont en commun de provenir du même lieu topique, à savoir "cette partie du discours concret en tant que transindividuel, qui fait défaut à la disposition du sujet pour rétablir la continuité de son discours conscient" (J. Lacan, Ecrits, 1965). Il s'agit de "l'Autre, lieu de cette mémoire que Freud a découterte sous le nom d'inconscient". Il ne s'agit pas de retrouver l'inconscient dans quelque profondeur mais de le repérer dans sa pluralité formelle, là où, sans l'avoir voulu, quelque chose échappe au sujet, un phonème, un mot, un geste, une souffrance incompréhensible qui le laisse dans l'inter-dit.
    Avec le Mot d'esprit dans ses rapports avec l'inconscient (1905), S. Freud, à l'aide de très nombreux exemples découvre et explicite ces manifestations qui font rupture selon des processus formels : "Ces cas se laissent expliquer par la rencontre, l'interférence des expressions verbales de deux intentions [...]. Dans certains d'entre eux, une intention en remplace entièrement une autre (substitution), tandis que dans d'autres cas a lieu une déformation ou une modification d'une intention par une autre, avec production de mots mixtes ayant plus ou moins de sens."

    Deux exemples de restructuration de la chaîne signifiante, considéré d'abord comme un point de vue formel, permettent à Freud de suivre le désir à la trace.
    >Le premier exemple est celui du trait d'esprit repris d'une histoire de H. Heine : Hirsch-Hyacinthe, collecteur de loterie, dans une passe difficile, est reçu par S. Rothschild; celui-ci l'aurait traité "tout à fait d'égal à égal de façon toute famillionnaire".
    A la faveur d'une homonymie partielle entre "millionnaire" et "familière", le mécanisme de la condensation fait surgir la technique du signifiant dans ce mot d'esprit.
    >L'autre exemple de Freud est celui de l'oubli de nom que l'on peut considérer comme l'autre face du premier exemple : ce qui est oublié, un reste en quelque sorte, va faire surgir toute une chaîne de noms substitutifs. Le cas Signorelli88 illustre bien ce phénomène.
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fort-da.
    Couple symbolique d'exclamations élémentaires, repéré par S. Freud dans le jeu d'un enfant de dix-huit mois et qui est repris depuis lors pour éclairer non seulement l'au-delà du principe de plaisir mais aussi l'accès au langage avec la dimension de perte que celui-ci connote.

    Les psychanalystes ont appelé "fort-da" un moment constitutif de l'histoire du sujet en substantivant des manifestations langagières centrales dans une observation de Freud (Au-delà du principe de plaisir, 1920).
    L'observation freudienne elle-même est succinte : un enfant de dix-huit mois, l'un de ses petits-fils, d'un excellent caractère, avait l'habitude d'envoyer loin de lui les petits objets qui lui tombaient sous la main en prononçant le son prolongé o-o-o-o, qui constituait une ébauche du mot fort ("loin" en allemand). De plus, Freud observe un jour chez le même enfant un jeu apparemment plus complet. Tenant en main un fil attaché à une bobine, l'enfant envoie celle-ci dans son berceau en prononçant le même son o-o-o-o, puis la ramène habilement à lui en s'exlamant : "Da!" ("là" en allemand). Freud renvoie assez facilement de ce jeu à la situation où se trouvait l'enfant à cette époque. Sa mère s'absentant pour de longues heures, il ne s'en plaignait jamais mais en souffrait très vraisemblablement beaucoup, d'autant qu'il était très attaché à cette mère qui l'avait élevé seule. Le jeu reproduisait la disparition et la réapparition de la mère.

    Freud fait une place importante à l'idée que l'enfant, qui se trouve devant l'événement dans une attitude passive, assume dans son jeur un rôle actif. Il s'en rend maître. Mieux, il se venge par là de sa mère. C'est comme s'il lui disait "oui, oui, va-t-en, je n'ai pas besoin de toi, je te renvoie moi-même".

    C'est également de la perte que part Lacan (Séminaire I, 1953-54 "les Ecrits techniques de Freud";1975), mais cette perte est plus structuralement perte du rapport direct à la chose contemporaine de l'accès au langage ("le mot est le meurtre de la chose"). A partir du moment où l'enfant parle, le sujet renonce à la chose, notamment mais pas exclusivement à la mère comme premier objet de désir. Sa satisfaction passe par le langage et on peut dire que son désir s'élève à une puissance seconde, puisque désormais c'est son action elle-même qui en constitue l'objet.
    Dans la présentation Lacanienne du fort-da, une place particulière doit être faite, par ailleurs, à la bobine. "Cette bobine [...], c'est un petit quelque chose du sujet qui se détache tout en étant encore bien à lui, encore retenu. A cet objet nous donnerons ultérieurement le nom d'algèbre lancanienne -- le petit "a" (le Séminaire XI, 1963-64).
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Freud (Anna)
Psychanalyste britannique d'origine autrichienne (Vienne 1895-Londres 1982). 

    Elle est la dernière née des six enfants de S. Freud. Présidente de l'Institut de formation psychanalytique de Vienne de 1925 à 1938, elle se réfugie à Londres en 1938 avec son père et y fonde, en 1951, la Hampstead Clinic, centre de soins, de formation et de recherches en psychothérapie infantile. Elle est une des premières à entreprendre des psychanalyses d'enfants. A ses conceptions s'opposeront celles de M. Klein, en particulier du côté de l'exploration du complexe d'OEdipe, A. Freud redoutant la détérioration des relations de l'enfant avec ses parents si l'on analyse ses sentiments négatifs à leur égard. Elle a publié Einführung in die Technik der Kinderanalyse (1927), le Moi et les Mécanismes de défense (1937), le Normal et le Pathologique chez l'enfant (1965). 
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Freud (Sigmund)
Médecin autrichien (Freiberg, auj. Prigor, Moravie, 1856 - Londres 1939). 

    Avec la découverte de la psychanalyse, Freud inaugure un nouveau discours qui vise à donner un statut scientifique à la psychologie. en réalité, loin d'ajouter un chapitre nouveau au domaine des sciences dites positives, il introduit une rupture radicale avec ce qui s'appellera plus tard les sciences humaines comme avec ce qui constituait jusque-là le centre de la réflexion philosophique, c'est-à-dire le rapport de l'homme au monde. 

ELEMENTS BIOGRAPHIQUES
     Freud est né dans une famille de commerçant juifs plutôt aisés. On souligne toujours la complexité des rapports intrafamiliaux. Son père, Jakob Freud, s'était marié une première fois à 17 anq et avait eu deux fils, Emmanuel et Philippe. Veuf, il se remarie avec Amalia Nathanson, âgée de 20 ans, l'âge du deuxième fils de Jakob. Freud sera l'aîné des huit enfants du second mariage de son père et son camarade de jeu préféré, âgé d'à peine un an de plus que lui, est son neveu. Lorsqu'il a 3 ans, la conjoncture économique provoque une chute des revenus familiaux et la famille doit quitter Freiberg pour s'intaller à Vienne, où elle ne retrouvera jamais l'aisance passée. Ce départ restera toujours douloureux pour Freud. Un point qu'il a lui-même souligné mérite d'être rappelé : l'amour sans défaillance que sa mère lui a toujours voué et auquel il a attribué la confiance et l'assurance dont il a fait preuve en toutes circonstances. 

    Il fut un très bon élève pendant ses études secondaires, et c'est sans vocation particulière qu'il s'engagea dans les études médicales. Deux choses sont à relever, une ambition précocement formulée et reconnue et "le voeu d'apporter quelque chose, durant sa vie, à la reconnaissance de l'humanité" (Psychologie des lycéens, 1914). Sa curiosité, "qui visait plus les questions humaines que es choses de la nature" (Ma vie et la psychanalyse, 1925), l'amène à suivre en même temps, pendant trois ans, les conférences de F. Brentano, dont plusieurs sont consacrées à Aristote. Et il publie en 1880 la traduction de plusieurs textes de J. S. Mill : "De l'émancipation de la femme, Platon, la Question ouvrière, le Socialisme. 
    Il épouse, en septembre 1886, après des fiançailles de plusieurs années, Martha Bernays, dont il aura cinq enfants. Il est nommé en 1883 privat-docent (ce qui équivaut au titre de maître de conférences en France) et professeur honoraire en 1902. Malgré l'hostilité et les difficultés de toutes sortes, Freud refusera toujours de quitter Vienne. C'est seulement sous la pression de ses élèves et amis, et après l'Anschluss de mars 1938, qu'il se décide enfin, deux mois plus tard, à partir pour Londres. 

LE NEUROLOGUE
    Freud entre à l'Institut de physiologie, dirigé par E. Brücke, après trois ans d'études médicales, en 1876. Sa première publication paraît en 1877 : "Sur l'origine des racines nerveuse postérieures de la moelle épinière de l'Ammocète (Petromyzon Planeli); la dernière, concernant les Paralysies cérébrales infantiles, est de 1897. Pendant ces vingt années, on peut recenser quarante articles (physiologie et anatomo-histologie du système nerveux). 
    Le travail de Freud sur l'aphasie (Une conception de l'aphasie, étude critique, 1891) restera dans l'ombre, bien qu'il offre l'élaboration la plus poussée et la plus remarquable de l'aphasiologie de cette époque. Ses espoirs de notoriété n'ont pas non plus été satisfaits par ses travaux sur la cocaïne publiés de 1884 à 1887. Il avait découvert les propriétés analgésiques de cette substance, négligeant les propriété anesthésiques qui seront utilisées avec succès par K. Koller. Le souvenir de cet échec sera un des éléments à l'origine de l'élaboration d'un rêve de Freud, la "monographie botanique". 

LES CIRCONSTANCES IMMEDIATES DE LA DECOUVERTE DE LA PSYCHANALYSE
    Freud se trouvait, au début des années 1880, dans la position de chercheur en neurophysiologie et d'auteur de travaux de valeur, mais qui ne pouvait lui permettre, en l'absence de toute fortune personnelle, d'assurer la subsistance d'une famille. Malgré ses réticences, la seule solution qui s'offrait à lui était d'ouvrir en ville un cabinet de consultation comme neurologue, ce qu'il fit de façon surprenante le dimanche de Pâques 25 avril 1886. 
    Quelques mois auparabant, il avait obtenu une bourse grâce à laquelle il put réaliser un de ses rêves, aller à Paris. C'est ainsi qu'il fit à la Salpêtrière une rencontre déterminante, celle de J. M. Charcot. Il est à noter que Charcot ne se montra intéressé ni par les coupes histologiques que lui apporta Freud comme témoins de ses travaux, ni par le récit du traitement d'Anna O, dont son ami J. Breuer lui avait communiqué les éléments principaux dès 1882. Charcot ne se souciait guère de thérapeutique, mais se préoccupait de décrire et de classer les phénomènes pour tenter d'en rendre compte rationnellement. 
    Freud comment par utiliser les moyens à sa disposition, l'électrothérapie de W. H. Erb, l'hypnose et la suggestion. Les difficultés rencontrées l'amènent à se rendre auprès de A. A. Liébault et de H. M. Bernheim à Nancy pendant l'été 1889. Il traduit d'ailleurs les ouvrages de ce dernier en allemand. Il y trouve la confirmation des réserves et des déceptions qu'il éprouvait lui-même envers ces méthodes. 
    En 1890, il réussit à convaincre son ami Breuer d'écrire avec lui un ouvrage sur l'hystérie. Leur travail en commun donnera lieu à la publication en 1893 de la Communication préliminaire qui servira d'ouverture ensuite aux Etudes sur l'hystérie; on y trouve déjà l'idée freudienne de la défense pour protéger le sujet d'une représentation "insupportable" ou "incompatible". La même année, dans un texte intitulé : "Quelques considérations pour une étude comparative des paralysies motrices organiques et hystériques", publié en français dans les Archives neurologiques, Freud affirme que "l'hystérie se comporte dans ses paralysies et autres manifestations comme si l'anatomie n'existait pas, ou comme si elle n'en avait nulle connaissance". 
    Les Etudes sur l'hystérie, oeuvre commune de Breuer et Freud, paraissent en juillet 1895. Elle comportent, outre la Communication préliminaire, cinq observations de malades : la première, celle d'Anna O (Bertha Pappenheim), est rédigée par Breuer et c'est là que se trouve l'expression si heureuse de Talking Cure proposée par Anna O; les quatre suivantes sont dues à Freud. l'ouvrage se termine sur un texte théorique de Breuer et un texte sur la psychothérapie de l'hystérie de Freud, où l'on peut voir s'amorcer ce qui séparera les deux auteurs dès l'année suivante. 
    Dans : "l'Hérédité et l'étiologie des névroses", publié en français en 1896 dans la Revue neurologique, Freud affirme en effet : "Expérience de passivité sexuelle avant la pyberté; telle est donc l'étiologie spécifique de l'hystérie." Le terme de psychanalyse y est employé pour la première fois. C'est également au cours de ces années que la réflexion de Freud sur l'interruption brutale par Breuer du traitement d'Anna O l'amène à concervoir le transfert. 
    Enfin, il faut signaler la rédaction en quelques semaines, à la fin de 1895, de : "l'Esquisse d'une psychologie scientifique" que Freud ne publiera jamais et qui constitue dans son principe son ultime tentative pour asseoir la psychologie sur les données toutes récentes de la neurophysiologie. 
    A cette époque donc, Freud a abandonnée l'hypnose et la suggesion, tandis qu'il inaugure la technique des associations libres. Sa position doctrinale est centrée sur la théorie du noyau pathogène constitué dans l'enfance à l'occasion d'un trauma sexuel réel résultant de la séduction par un adulte. Les symptôme est la conséquence du refoulement des représentations insupportables constituant ce noyau, et le traitement consiste à ramener à la conscience les éléments comme on extrait un "corps étranger", la disparition du symptôme étant la conséquence de la levée du refoulement. 

LES TROIS LIVRES FONDAMENTAUX SUR L'INCONSCIENT
    Pendant les quelques années qui précèdent la publication de l'Interprétation des rêves, Freud introduit dans la nosographie, à laquelle il n'est pas indifférent, quelques entités nouvelles. Il décrit la névrose d'angoisse en la séparant de la catégorie assez hétéroclite de la neurasthénie. Il isole pour la première fois la névrose obsessionnel et propose le concept de psychonévrose de défense dans lequel est intégrée la paranoïa. 
    Mais la tâche principale est celle de son autoanalyse, terme qu'il emploiera pendant un temps très court. Voici ce qu'il en dit dans la lettre à W. Fliess du 14 novembre 1897 : "Mon autoanalyse reste toujours en plan. J'en ai maintenant compris la raison. C'est parce que je ne puis m'analyser moi-même qu'en me servant de connaissance objectivement acquises. Un vraie autoanalyse est réellement impossible, sans quoi il n'y aurait plus de maladie." 

    La rencontre avec Fliess remonte à 1887. Freud commence à analyser systématiquement ses rêves à partir de juillet 1895. Tout se passe comme si Freud, sans s'en apercevoir d'abord, avait utilisé Fliess comme truchement pour effectuer sa propre analyse. Son père meurt le 23 octobre 1896. On peut penser que cet événement n'est pas étranger à la découverte du complexe d'OEdipe dont on trouve un an plus tard, dans la lettre à Fliess du 15 octobre 1897, la première formulation schématique suivante : "il ne m'est venu à l'esprit qu'une seule idée ayant une valeur générale. J'ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d'amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants, même quand leurs apparition n'est pas aussi précoce que chez les enfant rendus hystériques. S'il en est bien ainsi, on comprend, en dépit de toutes les objections rationnelles qui s'opposent à l'hypothèse d'une inexorable fatalité, l'effet saisissant d'OEdipe roi. On comprend aussi pourquoi tous les drames plus récents de la destinée devaient misérablement écouer... mais la légende grecque a saisi une compulsion que tous reconnaissent parce que tous l'on ressentie. Chaque auditeur fut un jour en germe, en imagination, un OEdipe et s'épouvante devant la réalisation de son rêve transposé dans la réalité, il frémit suivant toute la mesure du refoulement qui sépare son état infantile de son état actuel. "La rupture définitive avec Fliess interviendra en 1902. 
    C'est en 1900 que paraît : "l'Interprétation des rêves". Le postulat de départ introduit une rupture radicale avec tous les discours antérieurs. L'absurdité, l'incongruité des rêves n'est pas un accident d'ordre mécanique; le rêve a un sens, ce sens est caché et ne découle pas des figures qu'utilise le rêve, mais d'un ensemble d'éléments propres au rêveur lui-même, qui fait dépendre la découverte du sens caché des "associations" produites par le sujet. Il est donc exclu que ce sens puisse être déterminé sans la collaboration du rêveur. 
    Ce à quoi nous avons affaire, c'est un texte; sans doute le rêve est-il principalement constitué d'images, mais à celles-ci il n'y a d'autre accès que le récit du rêveur qui constitue le "contenu manifeste" qu'il s'agit de déchiffrer, comme Champollion a procédé avec les hiéroglyphes égyptiens, pour découvrir le "contenu latent". Le rêves est constitué à l'aide des "restes diurnes" auxquels sont transférés les investissements affectés aux représentations de désir. Le rêve, en même temps qu'il protèges le sommeil, assure donc, sous une forme camouflée, un certain "accomplissment du désir". L'élaboration du rêve s'effectue à l'aide de techniques spéciales, étrangères à la pensée consciente, la condensation (un même élément représente plusieurs pensées du rêve) et le déplacement (un élément du rêve est mis à la place d'une pensée lantente). 
    Il résulte de cette conception du rêve un structure particulière de l'appareil psychique qui fait l'objet du septième et dernier chapitre. Plus que la division en trois instances, conscient, préconscient, inconscient, qui spécifie ce qu'on appelle la première topique, il convient de retenir l'idée d'une division du psychisme en deux types d'instances, obéissant à des lois différentes et séparées par une frontière qui n'est franchissable qu'à des conditions particulières, conscient-préconscient d'un côté, inconscient de l'autre. Cette coupure est radicale et irréductible, il ne peut jamais y avoir "synthèse", mais seulement "tendance à la synthèse". Le sentiment propre au moi de l'unité que constitue notre mental n'est donc qu'une illusion. Un tel appareil rend problématique l'appréhension de la réalité, qui este à constituer par le sujet. La position de Freud ici est la même que celle exprimée dans : (l'Esquisse) : "L'inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité. Sa nature intime nous est aussi inconnue que la réalité du monde extérieur, et la conscience nous renseigne sur lui d'une manière aussi incomplète que nos organes des sens sur le monde extérieur." 
    Le rêve se trouve être, pour Freud, une sorte de carrefour entre le normal et le pathologique, et les conclusions concernant le rêve seront considérées par lui comme valables pour rendre compte des états névrotiques. 
    La psychopathologie de la vie quotidienne paraît l'année suivante, en 1901. Elle s'ouvre par l'exemple d'un oubli de nom, celui de Signorelli, analyse déjà publiée par Freud en 1898; l'oubli associe dans sa détermination à la fois des motifs sexuels et l'idée de mort. l'ouvrage recense toute une série de petits accidents, auxquels on ne prête guère attention d'ordinaire, comme les oublis de mots, les "souvenir de couverture", les lapsus de la parole ou de l'écriture, les erreurs de lecture et d'écriture, les méprises, les actes manqués, etc. Ces faits peuvent être considérés comme des manifestations de l'inconscient aux trois conditions suivantes : 
    1-ils ne doivent pas dépasser une certaine limite fixée par notre jugement, c'est-à-dire ce que nous appelons "les limites de l'acte normal"; 
    2-ils doivent avoir le caractère d'un trouble momentané; 
    3-ils ne peuvent être caractérisés ainsi que si les motifs nous échappent et que nous en sommes réduits à invoquer le "hasard" ou "l'inattention". 
    "En mettant les actes manqués sur le même rang que les manifestations des psychonévroses, nous donnons un sens et une base à deux affirmations qu'on entend souvent répéter, à savoir qu'entre l'état nerveux normal et le fonctionnement nerveux anormal, il n'existe pas de limite nette et tranchée [...]. Tous les phénomènes en question, sans exception aucune, se laissent ramener à des matériaux psychiques incomplètement réprimés et qui, bien que refoulés par la conscience, n'ont pas perdu tout possibilité de se manifester et de s'exprimer." 

    Le troisième texte, "le Mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient", sort en 1905. Devant ce long et difficile texte, certains se sont demandés pourquoi Freud avait jugé nécessaire d'accumuler une quantité si grande d'exemples à travers une classification compliquée. Sans doute parce que ses thèses étaient difficiles à mettre en évidence. En voici les principales. "L'esprit ne réside que dans l'expression verbale." les mécanismes sont les mêmes que ceux du rêve, la condensation et le déplacement. Le plaisir que l'esprit engendre est lié à la technique et à la tendance satisfaite, hostile ou obscène. Mais surtout le tiers y occupe un rôle de première place, et c'est ce qui le distingue du comique. "L'esprit nécessite en général l'intervention de trois personnages : celui qui fait le mot, celui qui défraie la verve hostile ou sexuelle, enfin celui chez lequel se réalise l'intention de l'esprit, qui est de produire du plaisir." Enfin, "n'est esprit que ce que j'accepte comme tel". On comprend alors la difficulté de traduire le mot allemand Witz qui n'a pas d'équivalent en français, mais aussi la difficulté de son maniement en allemand du fait de ce qui vient d'être rappelé, et la diversité des exemples utilisés, histoires drôles, mots d'esprits, calembours, contrepèteries, etc. La spécificité du Witz explique l'attention que Freud porte à le distinguer du comique, distinction ainsi résumée : "l'esprit est, pour ainsi dire, au comique, la contribution qui lui vient du domaine de l'inconscient". 
    La même année paraissent les Trois Essais sur la théorie de la sexualité, où se trouve affirmée et illustrée l'importance de la sexualité infantile et proposé un schéma de l'évolution de la libido à travers des phases caractérisées par la dominance successive des zones érogènes buccales, anale, génitale. C'est dans ce texte que l'enfant, au regard de la sexualité, est défini comme un "pervers polymorphe" et que la névrose est située comme "négatif de la perversion". 
    Entre 1905 et 1918 environ vont se succéder un grand nombre de textes concernant la technique, d'une part, et l'illustration de celle-ci par la présentation de cas cliniques, d'autre part. Parmi ces derniers figurent les Cinq Psychanalyses : 

    > 1905, Fragment d'une analyse d'hystérie : c'est l'observation d'une patiente nommée Dora, centrée sur deux rêves principaux dont le travail d'interprétation occupe la plus grande partie ; 

    > 1909, Analyse d'une phobie d'un petit garçon de cinq ans (le ptit Hans) : Freud y vérifie l'exactitude des "reconstitutions" effectuées chez l'adulte ; 

    > 1909 également, Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle (l'Homme aux rats) : l'analyse est dominée par un voeu de mort inconscient et Freud s'étonne de vérifier "encore mieux" chez un obsessionnel ses découvertes faites dans l'étude de l'hystérie ; 

    > 1911, Remarques psychanalytiques sur l'autobiographie d'un cas de paranoïa (le président Schreber) : la particularité de cette analyse tient au fait que Freud n'a jamais rencontré le patient, se contentant de travailler sur le Mémoires écrits par celui-ci pour exposer sa maladie et en faire valoir l'intérêt scientifique ; 

    > 1918, enfin, Extrait de l'histoire d'une névrose infantile (l'Homme aux loups) : cette observation présentait pour Freud une importance toute particulière. Elle apportait la preuve de l'existence, chez l'enfant d'une névrose parfaitement constituée, qu'elle soit apparente ou non, celle de l'adulte n'étant que l'extériorisation et la répétition de la névrose infantile ; elle démontrait l'importance des motifs libidinaux et l'absence d'aspirations culturelles, cela contre C. Jung ; elle donnait une illustration précise de la constitution du fantasme et de la place de la scène primitive. 

    Il convient de signaler que la solitude de Freud, qui a duré de nombreuses années, a cessé aux alentours de 1906 avec la constitution de la Société du mercredi, jour de réunion des premiers adeptes, rapidement transformée en Société psychanalytique de Vienne. 
    C'est en 1910 que Freud fonde la Société internationale de psychanalyse dont le premier président est Jung. 

LES COMPLEMENTS NECESSAIRES
    Sous ce titre, on peut essayer de rassembler un certain nombre de thèmes qui, quoique présents bien souvent dans les premiers écrits, n'ont été élaborés par Freud qu'assez tardivement. C'est d'abord la question du père traitée avec une ampleur exceptionnelle dans : "Totem et tabou" en 1912-13, reprise à partir d'un exemple particulier dans : "Moïse et le monothéisme" (1932-1938). Elle constitue un des points les plus difficiles de la doctrine de Freud, du fait du polymorphisme de la fonction paternelle dans son oeuvre. Puis c'est le concept de narcissisme qui fait l'objet du grand article de 1914 : "Pour introduire le narcissisme", nécessaire pour lever les difficultés rencontrées dans l'analyse de Schreber et tenter de rendre compte des psychoses, mais aussi pour ébaucher une théorie du moi. "L'Inquiétante Etrangeté", publiée en 1919, concerne plus spécialement la problématique de la castration. Mais le bouleversement le plus considérable vient de la conceptualisation de l'automatisme de répétition et de l'instinct de mort qui sont le sujet de : "Au-delà du principe de plaisir", 1920. La théorie de moi et l'identification seront les thèmes centraux de : "Psychologie collective et analyse du moi", 1921. 
    "La dénégation", 1925 enfin vient souligner la primauté de la parole dans l'expérience psychanalytique, en même temps qu'elle définit un mode particulier de présentatification de l'inconscient. 

LES REMANIEMENTS DOCTRINAUX
    Freud n'a jamais cessé de tenter le rassemblement, dans un visée qu'il appelle métapsychologique, des découvertes que sa technique lui a permises et des élaborations qui n'ont jamais cessé d'accompagner sa pratique, tout en soulignant que cet effort ne devait pas être interprété comme la tentative de constitution d'une nouvelle "vision du monde". 
    Certains remaniements valent comme des corrections de positions antérieures. C'est le cas de la théorie du fantasme qui remplacera autour de 1910 la première théorie traumatique de la séduction précoce (Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, 1907 ; Formulation sur les deux principes de l'événement psychique, 1911 ; "l'Homme aux loups", 1918). 
    C'est le cas aussi du masochisme, considéré d'abord comme un renversement du sadisme. Les thèses de : "Au-delà du principe de plaisir" rendront concevable l'idée d'un masochisme primaire que Freud sera amené à faire équivaloir, dans les : "Problèmes économiques du masochisme" 1925, à l'instinct de mort et au sentiment de culpabilité irréductible et inexpliqué que révèlent certaines analyses. 
    De façon sans doute arbitraire, on peut ranger dans les remaniements nécessités par l'usure des termes l'introduction de la deuxième topique, constituée des trois instances, ça, moi et surmoi (le Moi et le ça, 1923), les nouvelles considérations sur l'angoisse, comme signal de danger (Inhibition, symtôme et angoisse, 1926), le dernier texte, enfin, inachevé, "le Clivage du moi dans le processus de défense", 1938. Dans ce texte, Freud annonce que, malgré les apparences, ce qu'il va dire, en reprenant l'observation de l'article de 1927 sur le fétichisme, est, là encore, tout à fait nouveau. Et, en effet, les formulations qui y sont proposées se présentent bien comme l'amorce d'un remodelage de l'ensemble de l'économie de sa doctrine. 
    Deux textes ont un statut apparemment un peu particulier dans l'oeuvre de Freud. Ce sont : "l'Avenir d'une illusion", publié en 1927, qui examine la question de la religion, et le : "Malaise dans la civilisation", 1929, consacré au problème du bonheur considéré par Freud comme inatteignable et aux exigences exorbitantes de l'organisation sociale envers le sujet humain. 
    Il s'agit bien en effet de la considération de phénomènes sociaux à la lumière de l'expérience psychanalytique. En réalité, comme toujours chez Freud, l'angle choisi pour traiter quelque question que ce soit lui sert avant tout à apporter des précisions ou des mises au point sur des aspects importants de l'expérience. Ce sont, dans l'Avenir, la question du père et celle de Dieu comme son corollaire ; dans le "Malaise", la méchanceté fondamentale de l'être humain et la constatation paradoxale que plus le sujet satisfait aux impératifs moraux, ceux du surmoi, plus celui-ci se montre exigeant. 
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Fromm (Erich)
    Psychanalyste américain d'origine allemande (Francfort-sur-le-Main 1900-Muralto, Tessin, 1980). 

    Enseignant, à partir des années 1930, à l'Institut de psychanalyse de Francfort, il s'associe aux recherches de l'école de Francfort, où il rencontre notamment H. Marcuse et T. Adorno. Dès cette époque, il s'attache à concilier K. Marx et S. Freud et essaie d'intégrer les facteurs socio-économiques à l'explication de la névrose. En 1934, après l'accession de Hitler au pouvoir, il émigre aux Etats-Unis. Il sera bientôt considéré, avec K. Horney, H. S. Sullivan, comme un représentant de la tendance culturaliste de psychanalyse. En 1962, il est nommé professeur de psychiatrie à l'université de New York. L'oeuvre de Fromm est une protestation vigoureuse contre les formes les plus diverses de totalitarisme et d'aliénation sociale. Elle oppose la morale d'une "planification humaniste" à l'idéologie du rendement économique et de la consommation. Fromm a notamment publié : la Peur de la liberté (1941), Psychanalyse et Religion (1950) ; Société aliénée, société saine (1955) ; l'Art d'aimer (1956) ; Essais sur Freud, Marx et la psychologie (1971) ; la Passion de détruire (1975).
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frustation
    Etat d'un sujet qui se trouve dans l'incapacité d'obtenir l'objet de satisfaction qu'il convoite.

    Le terme de "frustration" est souvent entendu, dans un sens très large, comme désignant toute impossibilité pour un sujet de s'approprier ce qu'il désire. Ainsi, les vulgarisations de la psychologie ou de la psychanalyse laissent facilement penser que les difficultés de chacun renvoient à quelque frustration. C'est parce qu'il aurait été frustré dans son enfance qu'un sujet serait névrosé.
    Il faut bien reconnaître que, dans les textes psychanalytiques eux-mêmes, on rencontre parfois des formulations de ce type. C'est le cas par exemple lorsque la pratique analytique est conçue comme frustration. Refusant de répondre à la demande du patient, l'analyste ferait revenir des demandes plus anciennes, amènerait à se révéler des désirs plus vrais.
    Une telle conception a pour inconvénient de confondre plusieurs modalités du manque. J. Lacan, pour sa part, en distingue trois : la privation, la frustration et la castration. Ces trois termes sont spécifiés à partir d'une distinction de l'argent du manque, et l'objet du manque et du manque lui-même comme "opération". Lacan fait ainsi valoir que pour le jeune enfant, même dans un temps antérieur à l'oedipe, on ne peut se contenter pour situer la frustration de penser quex objets réels qui pourraient lui manquer. Le manque lui-même, dans la frustration est le domaine des exigences sans limites, sans doute parce qu'elle accompagne la tentative toujours vaine de restaurer une complétude du moi, sur le modèle de la complétude de l'image du corps. Mais on ne saurait en rester là ; dans le monde humain, où l'enfant constitue son désir, la réponse est scandée par un Autre, Autre paternel ou maternel qui donne ou refuse, et d'abord donne ou refuse sa présence. C'est cette alternance de la présence et de l'absence, formalisable comme alternance de plus et de moins, de 1 et de 0, qui donne à l'argent de la frustration sa dimension symbolique.
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