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Jones (Ernest)
Médecin et psychanalyste britannique (Gowerton, Glamorgan, 1879-Londres 1958). Neurologue, il
s'intéresse très tôt aux travaux de S.
Freud, qu'il rencontre pour la première fois au congrès
de Salzbourg en 1908. Professeur de psychiatrie à l'université
de Toronto (1910-13), il contribue à faire connaître la psychanalyse
en Amérique du Nord. De retour en Europe, il engage une psychanalyse
auprès de S. Ferenczi à
Budapest. Puis, s'installant à Londres, il fonde la London Psychoanalytical
Society. Il est l'auteur d'une importante biographie de Freud (la Vie
et l'oeuvre de Sigmund Freud [1953-1958]). Resté dans l'orthodoxie
freudienne, il témoigne à travers ses travaux d'une large
ouverture (archéologie, art, linguistique). Sa théorie sur
le développement sexuel de la femme est discutée.
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jouissance
Différents rapports à la satisfaction
qu'un sujet désirant et parlant peut attendre et éprouver
de l'usage d'un objet désiré.
Ce terme, dans le champ de la psychanalyse, a été introduit par Lacan ; ce concept continue l'élaboration freudienne sur la Befriedigung, mais diffère d'elle. Le terme jouissance pourrait êtr éclairé par un recours à son étymologie possible (le joy médiéval désigne dans les poèmes courtois la satisfaction sexuelle accomplie) et par son usage juridique (la jouissance d'un bien s'y distinguant de sa propriété).
Du point de vue de la psychanalyse, l'accent est porté sur la question complexe de la satisfaction et, en particulier, dans son lien avec la sexualité. La jouissance s'oppose alors au plaisir, qui abaisserait les tensions de l'appareil psychique au niveau le plus bas.
Le principe de plaisir
et l'au-delà du principe de plaisir
L'important, dans le texte de : "Au-delà
du principe de plaisir" 1920, c'est qu'il commence par le "fort-da"
; ces deux syllabes accompagnent le jeu d'un enfant qui fait apparaître
et disparaître une bobine ; et ce jeu, qu'il invente ainsi, dans
le rythme de cette opposition de phénomènes, symbolise la
disparition et le retour de sa mère ; c'est le lien de l'opposition
de deux syllabes du langage avec la répétition de la perte
et de l'apparition de l'objet désiré, plaisir et douleur,
qui peut définir la jouissance.
Le texte freudien de : "Au delà du principe de plaisir" noue l'opposition du principe de plaisir et de la répétition avec celle de la pulsion de vie et de la pulsion de mort. Notre jouissance est contradictoire, écartelée entre ce qui "satisfairait" aux deux principes.
La jouissance définie par son rapport
au signifiant
du manque dans l'Autre : S (A) barré
Selon Lacan,
dès le départ, la jouissance intriquée au langage
est marquée par le manque et non par la plénitude de l'Être.
Et ce manque n'est pas insatisfaction, à la manière de la
revendication hystérique; il signe le fait que l'étoffe de
la jouissance n'est pas autre chose que la texture du langage et que, si
la jouissance fait "languir" l'Être, c'est qu'elle ne lui donne pas
la substance attendue et qu'elle ne fait de l'Être qu'un ette de
"langue", de dit. La notion d'être est déplacée. A
partir du moment où il parle, l'homme n'est plus pour Lacan ni essence
ni existence, mais "parlêtre", être qui parle. Si la jouissance
était rapport ou rapport possible à l'Être, l'Autre
serait consistant : il serait confondu avec Dieu, et le rapport au semblable
serait garanti par lui. Pour le "parlêtre", en revanche, tout énoncé
n'a d'autre garantie que son énonciation : il n'y a pas d'Autre
de l'Autre. La jouissance est précisément ce qui a radicalement
rapport à ce siginifiant du manque dans l'Autre, S(A) barré.
Jouissance phallique
et jouissance de l'autre
Alors que la jouissance était située,
dans le texte des Ecrits, "Subversion du sujet et dialectique du désir
dans l'inconscient freudien", dans le rapport au signifiant de l'Autre
barré S (A) barré, dans la jouissance féminine que
Lacan met plus particulièrement en relation avec S(A) barré
: "L'Autre n'est pas simplement ce lieu où la vérité
balbutie. Il mérite de représenter ce à quoi la femme
à forcément rapport. D'être dans le rapport sexuel,
par rapport à ce qui peut se dire de l'inconscient, radicalement
l'Autre, la femme est ce qui a rapport à cet Autre" (séminaire
Encore, 1972-73).
C'est en cela qu'elle n'est pas-toute dans la jouissance
phallique, dans la mesure même où elle a rapport à
cet Autre ; ce qui ne signifie pas qu'elle en puisse dire quelque chose
; tandis que son partenaire mâle ne peut l'atteindre que par ce qui
met en scène, par le fantasme, le rapport du sujet à l'objet
a.
Comment s'articulent les deux jouissances,
(Jouissance phallique et Jouissance de l'Autre)?
"La jouissance, en tant que sexuelle, est phallique"
écrit Lacan, "c'est-à-dire qu'elle ne se rapporte pas à
l'Autre comme tel." La jouissance féminine, si elle a rapport à
l'Autre, à S (A) barré, n'est pas sans rapport non plus avec
la jouissance phallique. C'est là le sens de la formulation selon
laquelle la femme n'est pas-toute dans la jouissance phallique, que sa
jouissance est essentiellement divisée. Il est nécessaire
que, même si elle est impossible, même si là-dessus
les femmes sont muettes, la jouissance de l'Autre soit posée, ait
un sens, pour que la jouissance phallique, autour de quoi elle tourne,
puisse être posée autrement que selon une positivité
absolue, puisse être située sur ce sans-fond de manque qui
la lie au langage.
Conséquences cliniques de l'articulation
de la jouissance phallique et de la jouissance de l'Autre
Ce rapport à une jouissance Autre que la
jouissance phallique, même si seule la jouissance phallique fait
limite pour le "parlêtre", est d'une grande importance théorique
et clinique. Cette jouissance énigmatique peut éclairer celle
des mystiques, hommes ou femmes. Et cela est essentiel pour situer justement
la jouissance phallique elle-même - cela est justement la tentative
perverse -, mais comme la marque du signifiant sur une béance dont
la possibilité d'une Autre jouissance, que Lacan continuera à
nommer aussi jouissance de l'Autre, fait "ex-sister" la place centrale
dans sa fonction de repère.
Peut-on essayer de dire que la toxicomanie tente
peut-être, par un objet oral qui ne passe pas par ce que la fonction
phallique pose en termes de semblant et non d'essence, de donner consistance
à la jouissance de l'Autre, de combler la béance qu'elle
indique dans une infinitude qui ne peut plus être bornée par
la fonction phallique mais par la mort ?
L'aspect de béance sera élaboré
directement avec le noed horroméen, puisque les ronds de ficelle
noués à trois marquent, même dans leur mise à
plat sur un dessin, la fonction primordiale du trou dans l'articulation
de ces notion. Un des derniers séminaires de Lacan, le "Sinthome"
1976 particulièrement, nouera d'un quatrième noeud, celui
du sinthome, les trois ronds du Réel, de l'Imaginaire et du Symbolique
et, à propos de l'écriture de Joyce, posera la question du
lien entre l'écriture et la jouissance.
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Jung (Carl Gustav)
Psychiatre suisse (Kesswil, Turgovie, 1875-Küsnacht, près de Zurich, 1961). A l'achèvement de ses étude de médecine 1900, il est l'assistant de E. Bleuler au Burghölzi, clinique psychiatrique de l'université de Zurich. Bleuler lui fait connaître les travaux de S. Freud, avec qui C. G. Jung établit des relation étroites après leur rencontre à Vienne en 1907. Il participe au premier congrès de psychanalyse à Slazbourg (1908) et accompagne Freud dans son voyage au Etat-Unis 1909. Il est le premier président de l'Association psychanalytique internationale, créée lors du deuxième congrès de psychanalyse à Nuremberg 1910. Jung est considéré à cette époque comme le dauphin de Freud. La publication de : "Métamorphoses et symboles de la libido" 1912 fait apparaître les premières divergences avec les thèses freudiennes, concernant notamment la nature de la libido, qui devien chez Jung l'expression psychique d'une "énergie vitale" et qui n'est pas uniquement d'origine sexuelle. En 1913, la rupture avec
Freud est consommée et Jung donne à sa méthode
le nom de : "psychologie analytique".
Au-delà de l'inconscient individuel, Jung introduit un inconscient
collectif, notion qu'il approfondit dans les : "Types psychologiques"
1920. L'inconscient collectif, qui représente l'accumulation des
expériences millénaires de l'humanité, s'exprime à
travers des archétypes
: thèmes privilégiés que l'on recontre inchangé
aussi bien dans les rêves que dans les mythes, contes ou cosmogonies.
Parmi les archétypes, Jung accorde un importance particulière
à l'anima
(principe féminin que l'on rencontre dans tout homme),
à l'animus (principe
masculin que l'on rencontre dans toute femme) et à l'ombre,
image ornirique caractérisée par un attribut noir qui exprime
l'inconscient individuel. Le but de la thérapie jungienne, beaucoup
moins codifiée que la méthode freudienne et où le
thérapeute est directif, est de permettre à la personne de
renouer avec ses racines, d'accéder au soi, c'est-à-dire
de prendre conscience des exigences des archétypes, exigences révélées
par les rêves.
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