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défense
Opération par laquelle un sujet confronté
à une représentation insupportable la refoule, faute d'avoir
les moyens de la lier, par un travail de pensée, aux autres pensées.
S. Freud a dégagé des mécanismes
de défense typiques pour chaque affection psychogène : la
conversion somatique pour l'hystérie ; l'isolation,
l'annulation rétroactive, les formations réactionnelles
pour la névrose obsessionnelle ; la
transposition de l'affect pour la
phobie ; la projection
pour la paranoïa.
Le refoulement
a un statut particulier dans l'oeuvre de Freud, car, d'une part, il institue
l'inconscient et, d'autre part, il est le mécanisme de défense
par excellence, sur lequel les autres se modèlent.
A ces destins pulsionnels considérés
comme processus défensifs s'ajoutent le
retournement sur la personne propre, le renversement en son contraire et
la sublimation.
Dans leur ensemble, les mécanismes de défense
sont mis en jeu pour éviter les agressions internes des pulsions
sexuelles dont la satisfaction s'avère conflictuelle pour le sujet
et pour neutraliser l'angoisse qui en dérive.
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délire
Selon S. Freud,
tentative de guérison, de reconstruction du monde extérieur
par restitution de la libido aux objets, privilégiée dans
la paranoïa et rendue possible grâce au mécanisme de
la projection, qui permet que ce qui a été aboli au-delans
revienne au sujet du dehors.
Freud conclut en 1991 ses Remarques psychanalytiques sur l'autobiographie d'un cas de paranoïa (le président Schreber) de la manière suivante : "Les rayons de Dieu schrébériens, qui se composent de rayons de soleil, de fibres nerveuses et de spermatozoïdes condensés ensemble, ne sont au fond que la représentation concrétisée et projetée au dehors d'investissements libidinaux et il prêtent au délire de Schreber une frappante concordance avec notre théorie."
C'est de cette position freudienne initiale, l'appui pris sur le texte de Schreber (Mémoires d'un névropathe, 1903), que J. Lacan repartira pour mettre à l'épreuve de la thèse de l'inconscient structuré comme un langage la question de la psychose et du délire. Le Séminaire III, 1955-56, "les Psychoses" -- repris pour l'essentiel, en 1959, dans le texte " D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose" (Ecrits, 1966) -- en est le témoignage.
Signification et mécanisme du délire
Freud se démarque radicalement des conceptions
de son époque concernant la signification du délire : "Ce
que nous prenons pour une production morbide, la formation du délire,
est en réalité une tentative de guérison,
une reconstruction." Comme l'entend Freud, les propriétés
attribuées au délire : tentatives de guérison, reconstruction,
se rapportent également à d'autres formations substitutives
(conversion, obsession, etc.). Elles sont les manifestations de cette étape
de l'évolution de tout processus psychopathologique qui intervient
après celle du refoulement et que Freud appelle "le retour du refoulé".
Pour ce qui concerne le délire, que Freud
rapporte d'une manière paradigmatique à la paranoïa,
il convient de le concevoir comme un moyen pour le sujet de se défendre
contre un afflux de la libido homosexuelle. Dans la paranoïa,
en effet, la libido, d'abord détachée du monde extérieur
par le refoulement, reste pour un temps flottante, puis vient renforcer
par régression les divers points de fixation qui se sont produits
au cours de son développement et, surtout, le fantasme de désir
homosexuel, primordialement refoulé dans l'enfance.
En quoi consiste donc le mécanisme de délire,
qui permet au sujet de se défendre dans une telle situation ?
Freud évoque ce mécanisme sous le
terme de projection.
Freud note que les différentes formes du
délire
dans la paranoïa correspondent aux différentes possibilités
grammaticales de décliner la contradiction d'une proposition de
départ dont le contenu est un fantasme de désir homosexuel
: "je l'aime". Selon que cette contradiction, prenons ici le cas d'un homme,
porte sur le verbe (je le hais), sur l'objet (je l'aime elle et non pas
lui) ou le sujet (elle l'aime), nous avons le premier temps de la formation
du délire de persécution, érotomaniaque ou de jalousie.
Le second temps, celui
de la projection, correspond à une intervention du sujet
de la proposition intermédiaire et achève la formule délirante
en la rendant acceptable pour la conscience : il me hait (persécution),
c'est elle qui m'aime
(érotomanie). Ce temps de la projection n'est pas nécessaire
pour mettre en place la formule du délire de jalousie. C'est à
partir de l'ensemble de cette déduction
grammaticale que Freud a donné une définition
du mécanisme du délire : "Ce qui a été
aboli au-dedans revient du dehors."
La méthaphore délirante
Selon J. Lacan :
"je l'aime" revient en tant que signification
au sujet selon les trois modalités de formation du délire
:
1) L'aliénation investie du message dans le délire de jalousie, où le sujet fait porter son message par un autre, un alter ego dont le sexe a été changé : "C'est elle qui l'aime".
2) L'aliénation divertie du message dans le délire érotomaniaque : "Ce n'est pas lui que j'aime, c'est elle".
3) L'aliénation convertie du message dans le délire de persécution, en ce sens que, par un mécanisme proche de la dénégation, l'amour est devenu la haine.
Lacan insistera sur un mécanisme du délire
qui n'a pas retenu l'attention de freud : L'interprétation.
Lacan caractérise en effet la psychose par la forclusion d'un signifiant
primordial dans l'Autre, le Nom-du-père, signifiant métaphorique
par excellence qui permet au sujet d'accéder à la signification
phallique.
Le défaut de ce signifiant dans le symbolique,
le trou qu'il y constitue entraînent un défaut et un trou
correspondants dans l'imaginaire phallique. L'interprétation
délirante sera la tentative de pallier ce défaut
dans le symbolique et ses conséquences dans l'imaginaire, mais au
prix pour le sujet d'avoir à soutenir lui-même, en lieu et
place du phallus qui fait défaut, la signification dans son ensemble.
L'interprétation est ainsi une métaphore
délirante que Lacan résume dans le cas Schréber
en ces termes : "Faute de pouvoir être le phallus qui manque à
la mère, il lui reste la solution d'être la femme qui manque
aux hommes".
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demande
Il n'est pas rare d'évaluer la possibilité
de commencer une cure en se reportant à la force de la demande ou
à sa qualité.
J. Lacan introduit
la notion de demande en l'opposant à celle de besoin. Ce qui spécifie
l'homme, c'est qu'il est dépendant, pour ses besoins les plus essentiels,
d'autres hommes, auxquels le lie un usage commun de la parole et du langage.
Dès lors que le sujet se met dans la dépendance
de l'autre, la particularité que vise son besoin se trouve d'une
certaine façon annulée. Ce qui lui importe, c'est la réponse
de l'autre comme telle, indépendamment de l'appropriation effective
de l'objet qu'il revendique. C'est dire que la demande devient ici demande
d'amour, demande de reconnaissance. La particularité du besoin resurgira
au-delà de la demande, dans le désir, sous la forme de la
"condition absolue". Le désir en effet trouve sa cause dans un objet
spécifié et il ne se maintient qu'en proportion du rapport
qui le lie à cet objet.
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dénégation
Attitude psychologique qui consiste, pour un sujet,
à refuser, en la niant, telle pensée par lui énoncée.
Pour la psychanalyse (S.
Freud, die Verneinung, d'abord traduit "la Négation",
1934), la négation est liée au refoulement. Car, si je nie
quelque chose dans un jugement, cela signifie que ce quelques chose, je
préférerais le refouler, le jugement étant le substitut
intellectuel du refoulement.
Freud va montrer le rôle
de la négation dans la fonction du jugement. Par le symbole
de la négation, la pensée se libère des limitations
du refoulement. Freud considère d'abord les deux décisions
de la fonction de jugement :
- il y a le jugement qui attribue ou refuse une
propriété à une chose,
- et il y a le jugement qui reconnaît ou qui
conteste à une représentation l'existence dans la réalité.
Pour le premier,
le
jugement d'attribution, le plus ancien critère pour attribuer
ou refuser est le critère du bon et du
mauvais. Dans cette phase, il ne s'agit pas encore de sujet.
A partir d'un moi indifférencié, le moi-plaisir
se constitue, le dedans étant lié au bon, le dehors au mauvais.
Pour le second,
il concerne le moi-réalité définitif,
qui se développe à partir du moi-plaisir. C'est l'épreuve
de la réalité. Dans cette phase, il s'agit de savoir si quelque
chose de présent dans le moi comme représentation peut aussi
être retrouvé dans la perception (réalité).
Du point de vue du principe de plaisir, la satisfaction pourrait venir d'une "hallucination" de l'objet. C'est pour parer à cette tendance à halluciner que l'intervention du principe de réalité se révèle nécessaire. Là apparaît le critère de l'action motrice. Celle-ci met fin à l'ajournement du penser. Elle fait passer à l'agir. Le juger devant être alors considéré comme un tâtonnement moteur, avec faible décharge. Le moi va goûter les excitations extérieures pour se retirer à nouveau après chacune de ses avancées tâtonnantes.
L'accomplissement de la fonction de jugement n'est
rendu possible que par la création du symbole de la négation.
D'où son indépendance à l'égard du refoulement
et du principe de plaisir. Aucun "non", dit Freud, ne provient de l'inconscient.
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déni
Mécanisme psychique par lequel le tout petit
enfant se protège de la menace de castration ; il répudie
alors, il désavoue, il dénie donc l'absence de pénis
chez la fille, la femme, la mère et croit pour un temps à
l'existence du phallus maternel.
Elaboration du concept de déni chez
Freud
Si le terme de déni apparaît pour la
première fois en tant que tel en 1925 dans : "Quelques conséquences
psychiques de la différence anatomique entre les sexes", il
est déjà quesiton de ce mécanisme dans des textes
de 1905 et 1908 : "L'enfant refuse l'évidence, refuse de reconnaître
l'absence de pénis chez la mère. Tous les être humains
sont comme lui, pourvus d'un pénis. Voyant les parties génitales
d'une petite soeur, il dira : "C'est encore petit..."
Plus tard, dans : "l'Organisation génitale
infantile" (1923), Freud est encore plus explicite : "Pour l'enfant,
un seul organe génital, l'organe mâle, joue un rôle
: c'est le primat du phallus."
Mais Freud affirme que le déni, dit normal
durant la phase phallique (phase où le petit enfant a une ignorance
par rapport aux organes génitaux féminins), ne l'est pas
à partir du moment où il se prolonge au-delà de cette
phase.
Le Fétichisme
Jusque-là, rien d'anormal. Mais il arrive
que l'enfant persiste dans sa croyance au pénis de la femme ; ou
plus exactement, il conserve sa croyance dans l'existence du phallus maternel
et, en même temps, il l'abandonne.
Le fétiche sera le témoin que la réalité
constatée, bien que déniée, n'en a pas moins joué
un rôle ; le fétiche apparaissant comme un substitut du phallus
maternel.
Déni et clivage du moi
Freud parle dans cet article de 1927 de clivage
du moi. Il donne l'exemple de deux jeunes gens dont l'analyse révèle
une méconnaissance à l'endroit de la mort de leur père
aimé, tout comme pour le fétichiste à l'endroit de
la castration de la femme. Il y avait chez ces deux jeunes hommes deux
courants psychiques contradictoires qui coexistaient : l'un fondé
sur la réalité (la mort du père),
l'autre sur le désir ; l'un tenait compte de la mort du père,
l'autre ne la reconnaissait pas.
Freud note que si dans le cas des névroses,
le processus à l'oeuvre est le refoulement, dans le fétichisme
et les cas semblables, il s'agit du déni, où l'on a affair
à ce paradoxe psychique qui est que certains sujets savent quelque
chose et à la fois ne savent pas, ou ne veulent rien en savoir.
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déplacement
Opération caractéristique des processus
primaires par laquelle une quantité d'affects se détache
de la représentation inconsciente à laquelle elle est liée
et va se plier à une autre qui n'a avec la précédente
que des liens d'association peu intenses ou même contigents.
Cette dernière représentation reçoit
alors une intensité d'intensité d'intérêt psychique
sans commune mesure avec ce qu'elle devrait normalement comporter tandis
que la première, désaffectée, est comme refoulée
de ce fait.
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dépression
Modification profonde de l'humeur dans le sens de
la tristesse et de la souffrance morale, corrélative d'un désinvestissement
de toute activité.
Pour le psychanalyste le concept de dépression
n'est au fant défini tout à fait rigoureusement que dans
la mélancolie ou encore ce que
l'on appelle "psychose maniaco-dépressive",
où il désigne une hémorragie de la libido, déplacée
d'abord de l'objet au moi, et entraînant finalement le moi lui-même
dans une dépréciation et un désinvestissement radicaux.
Il est vrai cependant qu'on rencontre des épisodes dépressifs,
parfois graves, dans les névroses.
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dé-sens, indé-sens
Ecritures néologiques de Lacan suggérant
le lien entre le sens et le sexe.
Ces néologismes supposent la mise en place
du phallus comme fonction phallique (>phallus, mathème), c'est-à-dire
d'une écriture algébrique où se trouve situé
le phallus.
"Tout sujet en tant que tel s'inscrit dans
la fonction phallique (au titre de l'être ou avoir le phallus) pour
parer à l'absence, ab-sens, de rapport sexuel" écrit Lacan
dans "l'Etourdit".
Cliniquement, cela signifie que la jouissance phallique,
ou jouissance du semblant, constitue une barrière à repecter
afin que se maintienne le sens des discours. Au-delà de cette barrière
se situe le champ des jouissances autres qui exposent au dé-sens.
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désir
Manque inscrit dans la parole et effet de la marque
du signifiant sur l'être parlant.
Le lien du désir au langage
Dès 1895, la méconnaissance de son
désir par le sujet se présentait à S. Freud comme
une cause de symptôme.
Son travail avec Emmy von
N. le mit sur la voie de ce désir. Cette patiente ressentait
certaines représentations comme incompatibles avec elle-même
: crapauds, chauves-souris, lézards, homme tapi dans l'ombre. Ces
figures bestiales surgissaient autour d'elle comme autant d'événements
supposés traumatiques. Freud les rapporte à une cause : un
désir sexuel. C'est le même fantasme d'effraction qu'il retrouve
plus tard chez Dora : une effraction
par un animal ou par un homme "contre" la volonté du sujet.
Une telle projection amènera Lacan à
cette assertion que le désir du sujet, c'est le désir de
l'Autre. L'hystérique imagine cet Autre incarné dans un semblable.
Le lien du désir à la parole d'un sujet
devient très vite pour Freud le fil conducteur de toute son oeuvre
clinique, comme en témoigne ensuite l'Interprétation des
rêves (1900).
Si le rêve est la réalisation déguisée
d'un désir refoulé, Freud sait entendre, à travers
les déguisements qu'impose la censure, l'expression d'un désir
qui subvertit, dit-il, "les solutions simples de la morale périmée".
Ce faisant, il met au jour l'articulation du désir au langage en
découvrant la règle d'interpréation : association
libre.
"Le désir d'avoir
un désir insatisfait", voilà l'un des paradoxes
du désir énoncé par S. Freud dans la névrose.
Le rêve dit "de la bouchère" (l'Interprétation
des rêves) permet de comprendre ce paradoxe. En évoquant un
rêve où figure du saumon, plat de prédilection de son
amie, la patiente en question dit qu'elle encourage son mari, pourtant
soucieux de lui faire plaisir, à ne pas satisfaire un désir
de caviar, qu'elle lui a néanmoins exprimé. Freud interprète
ces paroles comme désir d'avoir un désir insatisfait. Il
entend le signifiant : "caviar" comme la métaphore du désir.
Dans : "la direction de la cure",
Lacan montre à propos de ce rêve comment ce désir
s'articule au langage. Non seulement le désir se glisse dans un
signifiant qui le représente, le caviar, mais il se déplace
aussi le long de la chaîne signifiante qu'énonce le sujet
lorsque, par association libre, la patiente passe ici du saumon au caviar.
Ce déplacement d'un signifiant à un
autre, qui momentanément se fixe sur un mot censé représenter
l'objet désirable, Lacan l'appelle métonymie.
La patiente ne veut pas être satisfaite, comme il est habituel de
le constater dans la névrose. elle préfère à
la satisfation le manque, qu'elle maintient sous la forme de la privation
évoquée par le signifiant "caviar".
Le désir et la loi symbolique
Lacan donne une réponse à ce problème
dans Séminaire VI, 1958-59, "le Désir et son interprétation".
Si le névrosé en tant qu'homme entretient son insatisfaction,
c'est que enfant, il n'est pas parvenu à articuler son désir
à la loi symbolique qui en autoriserait une certaine réalisation.
Hamlet
Lacan illustre son propos sur les impasses
du désir dans la névrose par le destin de
Hamlet. Le drame de Hamlet est de savoir par avance que la
trahison, dénoncée par le spectre du père
mort, frappe d'inanité toute réalisaiton
de son désir. Mais c'est moins la trahison du roi Claudius
qui est en cause que la révélation faite par le spectre à
Hamlet de cette trahison. Cette révélation est mortifère
puisqu'elle jette le doute sur ce qui garantirait le désir de Hamlet.
En effet, la dénonciation du mensonge que représenterait
le couple royal rend à Hamlet insupportable le lien du roi et de
la reine et l'amène à récuser ce qui fonde symboliquement
ce lien sexuel : le phallus. Il conteste que Claudius puisse être
le détenteur exclusif du phallus pour sa mère. Du même
mouvement, il s'interdit l'accès d'un désir qui serait en
règle avec l'interdit fondamental, celui de l'inceste. Il récuse
la castration symbolique. Car, pour Freud comme pour Lacan, cette loi symbolique
est portée par le langage : non naturelle, elle oblige le sujet
à renoncer à la mère. Elle le dépossède
- symboliquement - de cet objet imaginaire qu'est selon Lacan le phallus,
pour en attribuer la jouissance à un Autre, ici Claudius.
Hamlet finit ici par substituer à l'acte
symbolique de la castration, rendu impossible par la parole empoisonnée
du spectre, un meurtre réel qui l'entraîne lui-même
et les siens dans la mort.
Le destin de Hamlet est emblématique des
impasses
du désir dans la névrose qui, si elle prend rarement
cette forme radicale, a la même cause pour origine : un évitement
de la castration.
Antigone
Contrairement à Hamlet, le désir d'Antitogne
n'est pas frappé d'inanité par l'empoisonnement d'une parole
sans issue ; elle sait ce qui fonde l'exitence de son désir : sa
fidélité au nom légué par son père à
son frère Polynice, Nom-du-Père ici.
La limite que ce nom définit pour les décisions
et les actes est celle où se tient Antigone et c'est ce nom que
veut bafouer Créon, qui décide de laisser exposé le
cadavre du guerrier mort.
Contre le Bien revendiqué par Créon,
l'ordre de la cité et la raison d'état en l'occurence, elle
oppose son désir, fondé sur ce lien symbolique.
L'issue atroce de la tragédie procède
directement de la volonté propre à Créon de faire
le Bien contre le désir d'Antigone. Ainsi, pour Lacan, le Bien est-il,
avec le service des biens -- honorabilité, propriété,
altruisme --, porteur de cette jouissance mortelle puisqu'il rompt les
amarres avec le désir.
L'audace de Lacan est d'avoir montré, contre les morales traditionnelles fondées sur le Bien, que le désir ne pouvait se soutenir que de son excès même par rapport à la jouissance, que recouvrent tout bien, tout ordre moral. Cet excès du désir est emblématique de l'épreuve que constitue pour un sujet la cure analytique, et la seule faute qu'il puisse commettre est à l'encontre de son désir : céder sur son désir ne peut que laisser ce sujet désorienté. Le sujet dépouillera donc dans la cure le "scrutin de sa propre loi" et prendra le risque de l'excès.
L'objet, cause du désir
L'enfant n'accède au désir proprement
dit qu'en isolant la cause de sa satisfaction, qui est l'objet, cause du
désir : le mamelon. Or, il ne l'isole que s'il en est frustré,
c'est-à-dire si la mère laisse place au manque dans la satisfaction
de la demande. C'est par la cession de cet objet que l'enfant se constitue
comme sujet désirant.
L'existence du sujet désirant par rapport
à l'objet de son fantasme est un montage, qui procède de
l'inscription du manque dans le désir de la mère puisqu'il
revient d'abord à la mère, puis au père, d'inscrire
ce manque pour l'enfant, manque propre au langage. Le langage et la coupure
dont il est le porteur sont reçus comme Autres par le sujet. Ils
portent avec eux le manque. C'est pourquoi Lacan
dit que le désir du sujet est le désir de l'Autre.
Il en est de même de tous les autres objets du fantasme -- anal,
scopique, vocal, phallique, voire littéral -- dont la perte creuse
aussi cette marge du désir, ce manque et qui seront eux aussi à
des titres divers les supports du fantasme.
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destinée (névrose
de)
Organisation pathologique de l'existence elle-même
que la psychanalyse conçoit comme névrotique, malgré
l'absence de symptôme apparent, et qui traduit de manière
très nette la force de la compulsion de répétition.
Dès 1920 S. Freud évoque ces sujet
qui "donnent l'impression d'un destin qui les poursuit, d'une orientation
démoniaque de leur existence". Plus précisément, la
psychanalyse découvre, dans leur existence, des séries d'événements
qui se répètent malgré leur caractère déplaisant
(son désir inconscient le pousse à répéter).
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deuil
Etat de perte d'un être cher s'accompagnant
de détresse et de douleur morale, pourvant entraîner une véritable
réaction dépressive et nécessitant un travail intrapsychique,
dit "travail de deuil", pour être
surmonté.
S. Freud entreprend en 1915 une étude comparée
du deuil et du processus mélancolique (Deuil et mélancolie,
paru en 1917). devant la reconnaissance de la disparition de l'objet
externe, le sujet doit accomplir un certain travail, le travail du deuil.
M. Klein, aidée
des travaux de K. Abraham, va enrichir
la conception freudienne (le Deuil et ses rapports avec les états
maniaco-dépressifs, 1940) par sa découverte des espaces psychiques
internes, théâtre de l'existence d'objets internes dont les
qualités de bonté et de solidité sont mises à
l'épreuve lors de la perte d'un objet externe.
Une personne en deuil cherche, selon un processus
semblable, à réinstaller en elle-même ses bons sujets,
ses parents aimés. Elle retrouve alors sa confiance en l'être
aimé à l'intérieur d'elle et peut supporter, grâce
à cette présence interne, l'idée que l'être
externe et disparu n'était pas parfait. L'échec de ce travail
de deuil, lié aux états mélancoliques ou maniaco-dépressifs,
transforme, selon M. Klein, "le mort en un persécuteur et
ébranle aussi la foi du sujet dans ses bons objets intérieurs".
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Devereux (Georges)
Anthropologue et psychiatre américain d'origine hongroise (Lugos 1908-Paris 1985). Après avoir étudié la physique,
notamment avec Marie Curie et Jean Perrin, il s'oriente en 1926 vers les
sciences humaines, à l'Institut d'ethnologie, où il est l'élève
de M. Mauss, L. Lévy-Bruhl et P. Rivet.
Il s'établit ensuite aux Etats-Unis (notamment à l'université
de Californie à Berkeley, à Topeka, où il s'initie
à la psychanalyse, à Philadelphie et à New York).
Il enseigne à partir de 1963 à l'Ecole des hautes études
en sciences sociales.
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didactique (analyse)
Psychanalyse personnelle exigible de tout candidat
psychanalyste.
La règle qui consiste pour tout futur analyste
à entreprendre lui-même une psychanalyse personnelle ne s'est
pas imposée d'emblée. Les premiers élèves de
S. Freud se contentaient généralement de quelques entretiens
avec lui, durant lesquels ils s'exerçaient à la méthode
psychanalytique en analysant par exemple leurs propres rêves.
Il est en revanche aujourd'hui acquis que seule
une psychanalyse poussée aussi luin que possible permet que les
résistances inconscientes de l'analyste ne fassent pas obstacle
à l'avancée du travail de ses patients.
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discours
Organisation de la communication, principalement
langagière, spécifique des rapports du sujet aux signifiants
et à l'objet, qui sont déterminants pour l'individu et qui
règlent les formes du lien social.
L'idée de décrire des entités
cliniques, de ne pas en rester à une approche seulement centrée
sur des histoires individuelles est présente dès le début
de la psychanalyse. Cela s'explique par les objectifs scientifiques de
S. Freud mais aussi par la pérennité des symptomatologies
névrotiques : l'existence de l'hystérie, ou encore de la
phobie, est attestée dès l'Antiquité.
S'impose l'idée dans la psychanalyse d'autres
structures qui rendraient compte des diverses formes que peut
prendre le rapport du sujet à son désir,
ou à son fantasme, à l'objet qu'il tente de retrouver ou
aux idéaux qui le guident. C'est en ce sens que Freud, par exemple,
distingue divers "type libidinaux"
(érotique, narcissique, obsessionnel et types mixtes).
C'est aussi en ce sens que W. Reich élabore
une théorie assez développée des "caractères".
Le Discours du Maître
On peut dès lors présenter les choses
ainsi : ce qui produit un sujet, c'est-à-dire non pas en général
un homme ou un individu mais un être dépendant du langage,
c'est qu'un signifiant vienne le représenter auprès de tous
les autres signifiants et, par là même, le déterminer.
Mais à partir de là, il y a un reste. En effet, dès
lors qu'il s'inscrit dans le langage, le sujet n'a plus d'accès
direct à l'objet. Il entre dans la dépendance de la demande,
et son désir, quant à lui, ne peut se dire qu'entre les lignes.
De là le concept d'objet
aque
Lacan élabore et qui désigne non l'objet supposé disponible
du besoin, de la consommation ou de l'échange mais un objet radicalement
perdu.
Cette élaboration, Lacan la présente
à l'aide d'un algorithme qu'il nomme : "discours
du maître".
Discours du Psychanalyste & Discours du
captaliste
Discours proposé par Lacan.
Dans le discours du psychanalyste le sujet est bien
en prise avec l'objet de son désir. La place où se situe
ce discours, la place de l'autre, c'est-à-dire, la place où
ça travaille a de l'importance. L'objet, il ne le rencontre que
dans le travail de la cure.
J. Lacan rend compte d'un discours où le
sujet se trouve à la fois rivé à son objet et en position
de semblant, c'est-à-dire en position de se croire assujetti à
rien, maître des mots et des choses. C'est ce discours, obtenu formellement
par torsion à partir du discours du maître, que Lacan désigne
comme "discours du capitaliste".
Retour
disque-ourcourant
Néologisme de J.
Lacan désignant le discours
commun, dans lequel l'inconscient ne
se fait pas entendre ou du moins se trouve méconnu.
A partir de 1972, Lacan désignera du terme
de disque-ourcourant tout discours
qui ignore sa propre cause, c'est-à-dire l'impossible (ou Réel),
à partir duquel il se construit. Cet impossible est celui de rapport
sexuel.
Le néologisme lacanien est construit selon
les procédés de l'inconscient, puisqu'il fait valoir en un
seul signifiant, le tournage en rond, la ritournelle des discours qui,
d'une part, circulent dans les familles et les générations
qui les composent, et, d'autre part, courent dans les institutions, les
médias et les rues.
Le discours de l'imaginaire
Dans les premiers articles
et séminaires de Lacan (1954-1960), corrélativement au souci
de dégager la dimension symbolique de la dimension imaginaire et
la psychanalyse des ornières de l'analyse du moi, la notion de discours
courant est assimilable à ce que Lacan nomme alors soit langage
du moi, soit langage du préconscient, soit encore délir.
Il s'agit essentiellement
de mettre en évidence la dimension imaginaire de ce discours, issu
d'un certain nombre de signes, images ou formes prévalentes, au
centre desquels se trouve l'image du corps propre.
Un discours qui méconnaît l'impossible
Tout discours, hormis le discours
analytique, relève du disque-ourcourant dans la mesure où
ce réel causal dissimulé est pour chaque être parlant
l'impossibilité d'écrire le rapport sexuel, puisque les signifiants
"homme" et "femme" ne renvoient pas aux concepts d'homme et de femme mais
à la différence des places assignées à l'un
et à l'autre par l'unique symbole phallique.
Retour
dit-mension
Ce néologisme fait
résonner la notion de "dit" avec le mot anglais mension,
qui signifie "maison",
"résidence". Il suppose en outre la distinction, dans le champ de
la parole, du dit et
du dire.
Le psychanalyste ne peut traiter
de l'inconscient qu'à partir du dit de l'analysant, et l'expérience
freudienne nous montre "qu'il n'y a de l'inconscient que du dit". Un rêve
se lit à partir de ce qui s'en dit et n'introduit à aucune
expérience mystique.
Cependant, le dit ne peut
être séparé du dire : "Qu'on dise reste oublié
derrière ce qui se dit dans ce qui s'entend" écrit Lacan
dans "l'Etourdit".
Le sujet n'est que l'effet
du dit, c'est-à-dire coupure du signifiant par lequel il se représente
auprès d'un autre signifiant (>sujet). Le dire d'un sujet en revanche,
s'origine d'un lieu qui est la béance du symbolique : le réel,
qui vient colmater l'objet du désir. Le sujet méconnaît
cette origine, cette cause de son dire, qui, par suite, s'égare
en demandes infinies.
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Dolto
(Françoise)
Dès sa thèse, F. Dolto résume, sous le titre : "Psychanalyse et pédiatrie", à la fois la théorie de S. Freud et les applications qu'elle en conçoit. Dans le même temps, elle mène son analyse avec R. Laforgue. Elle s'est senti depuis l'enfance une vocation : devenir "médecin d'éducation", et avait entrepris pour cela, malgré sa famille, des études de médecine qui lui permirent d'entrer dans la carrière en juillet 1939. dès l'année 38, à la demande de Heuyer, elle prépare l'internat des asiles. Elle rencontre J. Lacan à Sainte-Anne où lui-même donne déjà à cette époque un enseignement. Dans le domaine de l'enfance, qu'elle choisit, elle défriche alors un territoire qu'elle féconde de sa personnalité. Accordant, tout comme Laforgue, à qui elle se réfère, beaucoup d'importance à la "méthode", elle va peu à peu forger la sienne à partir d'une générosité et d'une confiance inébranlable envers les enfants. Elle y allie une intuition magistrale en même temps, diront ses pairs, qu'une connaissance instinctive de l'enfance. Toute son oeuvre est consacrée à ce qu'elle appelle la Cause des enfants, titre de l'une de ses dernières publications. Initialement, son but était de de venir en aide aux parents et aux éducateurs dans leur tâche. Elle pensait alors que, de la compréhension et d'une aide éclairée portée aux adultes, découlerait tout naturellement le mieux-être de l'enfant. Elle décide d'entrer dans l'"Ecole freudienne" que Lacan vient de fonder, mais elle ne se sent pas liée à sa doctrine. Elle utilise les concepts freudiens et lacaniens et forge elle-même quelques nouveaux concepts. On peut résumer ainsi l'oeuvre et la recherche de Françoise Dolto comme la tentative, par un bon maternage, de faire que l'enfant soit bien situé dans son schéma corporel et son image de corps, et cela par l'effet de ce qu'elle nomme "les castrations symboligènes". Celles-ci sont à entendre comme les marques qui viendraient sanctionner la fin d'un stade du développement, les sublimations qui en découlent et le passage au stade suivant. Selon elle, l'aimance se définit comme spécifiant le fait qu'une mère est tout entière, dans sa personne, dans sa présence, par les soins qu'elle donne, un "objet d'aimance". Au premier stade de la vie, le stade oral, qu'elle va appeler buccal, l'avoir et l'être sont ensemble confondus en raison de la place de carrefour de cette période puisque s'y rencontrent et s'y croisent les facultés "aéro-digestives", englobant la préhension à la fois labiale, dentaire, gustative, de déglution, l'émission des sons ainsi que l'aspiration et l'exiration de l'air. C'est le moment du développement
d'un sujet où se met en place, estime-t-elle, le
modèle de sa future relation à autrui pour toute sa vie.
Celle-ci prend ainsi sa source dans le plaisir et l'action conjoints de
l'acte de porter à la bouche quelque chose d'agréable et
d'en resentir du plaisir ; cela dans l'atmosphère d'aimance qui
caractérise une bonne relation maternelle. De
cette conjoncture naîtra le futur comportement relationnel.
Ainsi comprises, les castrations
vont permettre la symbolisation et contribuer à modeler l'image
du corps au cours de ce qu'elle appelle l'"histoire de ses réélaborations
successives". Ainsi, elle est édifiée sur le rapport du corps
au langage et sur le rapport langagier à autrui. elle devient le
pont, le moyen de la communication interhumaine. Si, dit-elle, il n'y a
pas eu de paroles, l'image du corps ne structure pas le symbolisme d'un
sujet, elle fait de celui-ci un "débile idéatif relationnel".
Le schéma corporel est à concevoir comme l'outil, le corps,
le médiateur organisé par le sujet et le monde. Il est, en
principe, le même pour tous les individus, il spécifie l'individu
en tant que représentant de l'espèce; il est l'interprète
de l'image du corps. Leur ensemble, accordé au vécu langagier,
forme l'unité narcissique de l'être.
Françoise Dolto a notamment
écrit :
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Dora
Pseudonyme d'une jeune femme hystérique qui fut en analyse avec S. Freud. Celui-ci a rendu compte de
cette analyse dans : "Fragment d'une analyse d'hystérie"
(1905).
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dynamique
Relatif, dans le psychisme,
à ce qui se présente comme constitué de force et,
plus spécialement, au conflit de forces antagoniques.
L'idée que tout dans
le psychisme n'est pas l'objet d'une perception actuelle n'est pas l'exclusivité
de la psychanalyse. En revanche, Freud donne une grande importance au point
de vue dynamique dans sa conception de l'inconscient. Du point de vue descriptif,
inconscient et préconscient (mémoire, etc.) peuvent sembler
en continuité. Mais ce qui fait la définition freudienne
de l'inconscient, c'est le refoulement, c'est-à-dire le point de
vue selon lequel certaines représentations, incompatibles avec les
autres, sont rejetées hors de la conscience : cela suppose une théorie
des forces en jeu et du conflit des forces.
Le point de vue dynamique
témoigne de l'importance donnée dès le début
à ce qui se passe effectivement dans la cure et, notamment, à
la résistance, signe et effet du refoulement. Il constitue, avec
les points de vue topique et économique, les modes de théorisation
qui sont ceux de ce que Freud appelle " le métapsychologie".
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