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naissance (fantasme de la)
    Conception que se font les enfants sur la naissance des bébés.

    S. Freud considère que les premières théories de l'enfant sur la naissance sont les sources de toutes recherches intellectuelles ultérieures, qui sont une manière de réponse à la question "d'où viennent les enfants ?". La théorie cloacale est la plus fréquente. Dans : "le Traumatisme de la naissance" 1924, O. Rank émet l'hypothèse selon laquelle l'acte de naître serait le traumatisme initial à l'origine des troubles névrotiques : le passage par une voie étroite serait répété dans la constriction de la crise d'angoisse et le rapport sexuel serait une voie de retour dans le ventre de la mère. S. Ferenczi, dans le même sens, entreprit de conduire des cures analytiques en neuf mois. Ces théories et pratiques furent violemment cririquées par S. Freud parce que fondées sur une conception trop étroite de la régression.
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narcissisme
    Amour que porte le sujet à un objet très particulier : lui-même.

Le concept chez Freud
    La notion de narcissisme est éparse et assez mal définie dans l'oeuvre de S. Freud jusqu'en 1914, date à laquelle il écrit : "Pour introduire le narcissisme", article où il se préoccupe d'aménager à ce dernier, parmi les autres concepts analytiques, une place digne de lui (trad. fr. in : "la Vie sexuelle", 1969). Jusque-là, le narcissisme renvoyait plustôt à une idée de perversion : au lieu d'aller prendre un objet d'amour ou de désir extérieur à lui, et surtout différent de lui, le sujet choisissait comme objet son propre corps. Mais, à partir de 1914, Freud fait du narcissisme une forme d'investissement pulsionnel nécessaire à la vie subjective, c'est-à-dire plus du tout quelque chose de pathologique, mais au contraire une donnée structurale du sujet.
    Ainsi, le narcissisme représente également une sorte d'état subjectif, relativement fragile et facilement menacé dans son équilibre. Les notions d'idéaux, en particulier le moi idéal et l'idéal du moi, s'édifient sur cette base. Et des altérations du fonctionnement narcissique peuvent avoir lieu : par exemple les psychoses, et plus précisément la manie et surtout la mélancolie, sont justement  pour Freud des maladies narcissiques, caractérisées soit par une inflation démesurée du narcissisme, soit par sa dépression irréductible ; aussi est-ce pour cela qu'il les appelle psychonévroses narcissiques.

A partir des années 1920 et de l'avènement de sa deuxième topique Freud distingue nettement le narcissisme primaire du narcissisme secondaire; mais, ce faisant, il en vint à presque assimiler le narcissisme primaire à l'autoérotisme.

Conceptions lacaniennes
    Pour J. Lacan, l'infans - le bébé qui ne parle pas, qui n'a pas encore accès au langage - n'a pas d'image unifiée de son corps, ne fait pas bien la distinction entre lui-même et l'extérieur, n'a notion ni du moi ni de l'objet - c'est-à-dire n'a pas encore d'identité constituée, n'est pas encore sujet véritable. Les premiers investissements pulsionnels qui ont lieu alors, pendant cette sorte de temps zéro, sont dont proprement ceux de l'autoérotisme puisque cette terminologie laisse précisément entendre l'absence de véritable sujet.
    Le début de la structuration subjective fait passer cet infans du registre du besoin à celui du désir : le cri, de simple expression de l'insatisfaction, devient appel, demande ; les notions d'intérieur/extérieur puis de moi/autre, de sujet/objet se substituent à la première et unique discrimination, celle de plaisir/déplaisir. L'identité du sujet se constitue en fonction du regard de reconnaissance de l'Autre. A ce moment, comme le décrit Lacan dans ce qu'il appelle le "stade du miroir", le sujet peut s'identifier à une image globale et à peu près unifiée de lui-même ("le Stade du miroir comme formateur de la fonction du je", 1949; in Ecrits 1966). De là procède le narcissimse primaire, c'est-à-dire l'investissement pulsionnel, désirant, amoureux, que le sujet réalise sur lui-même ou, plus exactement, sur cette image de lui, soutenue par le principe du signifiant, à laquelle il s'identifie.
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neutralité
Trait historiquement posé comme caractéristique de la position de l'analyste dans la cure, ou encore de son mode d'intervention.

    Historiquement, la psychanalyse s'est constituée en se dégageant d'autre formes d'interventions thérapeutiques, notamment celles qui, issues de l'hypnose, faisaient une part importante à une action directe sur le patient, à une "suggestion".
    Cette notion, cependant, est moins évidente qu'il ne paraît, elle a donné lieu à nombre de malentendus. Ce qui est le plus assuré, c'est que l'analyste doit se garder de vouloir orienter la vie de son patient en fonction de ses propres valeurs : "Nous ne cherchons ni à former pour lui son destin, ni à lui inculquer nos idéaux, ni à le modeler à notre image avec l'orgueil d'un Créateur". (S. Freud, "Les Voies nouvelles de la thérapeutique psychanalytique", 1918, in la Technique psychanalytique, 1953.
    C'est sur un plan plus précisément technique que cette notion de neutralité pose davantage de problèmes. Elle a une portée quant à la relation imaginaire de l'analysant et de l'analyste. Être neutre, à cet égard, ce serait pour l'analyste éviter de rentre dans le type de rapports que chacun entretient généralement volontiers, rapport où l'identification soutient aussi bien l'amour que la rivalité. Toutefois, l'analyste ne peut pas totalement éviter que l'analysant ne l'installe à cette place, et il a à en évaluer les conséquences plutôt que de se contenter de prôner la neutralité.
    Pourtant, malgré tout cela, le terme de "neutralité" n'est peut-être pas particulièrement bien choisi. Il peut évoquer en effet une attitude d'apparent détachement ou, pire encore, de passivité, une façon de croire qu'il suffit de laisser venir rêves et associations sans avoir aucunement à s'en mêler. C'est pourquoi on opposera plutôt, à l'idée d'une neutralité de l'analyste (voire d'une "neutralité bienveillante" selon une formule qui s'est imposée mais n'est pas chez Freud), celle d'un acte psychanalytique, qui rend mieux compte de la responsabilité de l'analyste dans la direction de la cure.
    Collette Chiland, dans : "l'entretien clinique" parle de cette notion de neutralité.
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névrose
    Mode de défense contre la castration par fixation à un scénario oedipien.

Mécanismes et classification des névroses selon Freud
    Après avoir établi l'étiologie sexuelle des névroses, S. Freud a entrepris de les distinguer selon leurs aspects cliniques et leurs mécanismes. D'un côté, il situe la neurasthénie et la névrose d'angoisse, dont les symptômes proviennent directement de l'excitation sexuelle sans intervention d'un mécanisme psychique (la première étant liée à un mode de satisfaction sexuelle inadéquat, la masturbation, et la seconde à l'absence de satisfaction) ["Qu'il est justifié de séparer de la neurasthénie un certain complexe symptomatique sous le nom de névrose d'angoisse", 1895]. Ces névroses, auxquelles il adjoindra utlérieurement l'hypocondrie, seront dites névroses actuelles.
    D'un autre côté, il situe les névroses où il intervient un mécanisme psychique de défense (le refoulement), qu'il nomme psychonévroses de défense. Le refoulement s'y exerce à l'égard de représentations d'ordre sexuel qui sont "inconciliables" avec le moi et détermine les symptômes névrotiques : dans l'hystérie, l'excitation, détachée de la représentation par le refoulement, est convertie dans le domaine corporel ; dans les obsessions et la majorité des phobies, elle reste dans le domaine psychique pour être déplacée sur d'autres représentations (les Psychoses de défense, 1894).
    Freud observe ensuite qu'une représentation sexuelle n'est refoulée que dans la mesure où elle a réveillé la trace mnésique d'une scène sexuelle infantile qui avait été traumatisante ; il postule donc que cette scène agit après coup d'une manière inconsciente pour provoquer le refoulement (Nouvelles Remarques sur les psychonévroses de défense, 1896). La "disposition à la névrose" paraît alors dépendre d'événements sexuels traumatisants réellement survenus dans l'enfance (séduction en particulier). Freud reconnaîtra plus tard le caractère très inconstant de la séduction réelle mais maintiendra que la névrose prend son origine dans la première enfance. En effet, l'émergence des pulsions sexuelles constitue par elle-même un traumatisme, et le refoulement qui s'ensuit est à l'origine de la névrose infantile. Celle-ci passe souvent inaperçue, les symptômes, quand il y en a, s'atténuant à la période de latence mais resurgissant ultérieurement. La névrose de l'adulte ou de l'adolescent est donc une reviviscence de la névrose infantile.
    La fixation (aux traumatismes, aux premières satisfactions sexuelles) apparaît ainsi comme un facteur important des névroses ; toutefois, ce n'est pas un facteur suffisant car il est également retrouvé dans les perversions. Le facteur décisif est le conflit psychique : Freud a constamment rendu compte des névroses par l'existence d'un conflit entre le moi et le pulsions sexuelles. Conflit inévitable puisque les pulsions sexuelles sont réfractaires à toute éducation et ne visent qu'à obtenir le plaisir tandis que le moi, dominé par le souci de la sécurité, se trouve soumis aux nécessités du monde réel ainsi qu'à la pression des parents et aux exigences de la civilisation, qui lui imposent un idéal. Ce qui détermine la névrose est la "partilité du jeune moi en faveur du monde extérieur par rapport au monde intérieur". Freud met ainsi en cause le caractère inachevé, "faible" de moi, qui le conduit à se détourner des pulsions sexuelles et donc à les refouler au lieu de les contrôler.

    En 1914, Freud divise les psychonévroses en deux groupes, qu'il oppose : les névroses narcissiques (terme, tombé en désuétude, qui correspond aux psychoses) et les névroses de transfert (hystérie, névrose obsessionnelle et hystérie d'angoisse) [Pour introduire le narcissisme, 1914]. Dans les névroses narcissiques, la libido est investie sur le moi et n'est pas mobilisable par la cure analytique. Au contraire, dans les névroses de transfert, la libido, investie sur des objets fantasmatiques, est aisément transférée sur le psychanalyste.
    Quant aux névroses actuelles, elles s'opposent elles aussi aux névroses de transfert parce qu'elles n'ont pas leur origine dans un conflit infantile et n'ont pas de significtion élucidable. Freud les tient pour "stérile" du point de vue analytique ; mais il reconnaîtra cependant que la cure peut exercer sur elles une action thérapeutique.
    A diverses reprises, Freud s'est efforcé de préciser les mécanismes en jeu dans les névroses de transfert (le Refoulement, 1915 ; Introduction à la psychanalyse, 1916 ; Inhibition, symptôme, angoisse 1926).
    Dans l'hystérie, le refoulement joue le rôle principal tandis que, dans la névrose obsessionnelle, interviennent d'autres mécanismes de défense qui sont l'annulation rétroactive et l'isolation.

L'oedipe, complexe nucléaire des névroses
    Freud a situé l'oedipe comme le noyau de toute névrose de transfert : "La tâche du fils consiste à détacher de sa mère ses désirs libidinaux pour les reporter sur un objet réel étranger, à se réconcilier avec le père s'il lui a gardé une certaine hostilité ou à s'émanciper de sa tyrannie lorsque, par réaction contre sa révolte enfantine, il est devenu son esclave soumis. Ces tâches s'imposent à tous et à chacun et il est à remarquer que leur accomplissement réussit rarement d'une façon idéale [...] Les névrosés échouent totalement dans ces tâches, le fils restant toute sa vie courbé sous l'autorité du père et incapable de reporter sa libido sur un objet sexuel étranger. Tel peut être également, mutatis mutandis, le sort de la fille. C'est en ce sens que le complexe d'OEdipe peut être considéré comme le noyau des névroses" (Introduction à la psychanalyse).
    Pourquoi cet attachement aux parents, en bonne partie inconscient, persiste-t-il ? Pourquoi l'oedipe n'est-il pas dépassé, surmonté ? Parce que les revendications libidinales oedipiennes sont refoulées et se trouvent de ce fait pérennisées. Quant au mobile du refoulement, Freud va préciser qu'il s'agit de l'angoisse de castration, la question restant pour lui ouverte de ce qui perpétue cette angoisse (Inhibition, symptôme, angoisse).
    Pour Lacan, l'angoisse de castration vient signaler que l'opération normative qu'est la symbolisation de la castration n'a pas été totalement réalisée. elle se réalise par la voie de l'oedipe. La castration, c'est-à-dire la perte de l'objet parfaitement satisfaisant et adapté, est simplement déterminée par le langage, et l'oedipe permet de la symboliser en l'attribuant à une exigence qu'aurait le Père à l'égard de tous.

Le rapport du névrosé à l'autre
    Pour le névrosé, comme pour tout parlêtre, le rapport fondamental se fait avec l'Autre. Le rapport narcissique est d'une grande prégnance dans la névrose (et de ce fait les réactions paranoïaques n'y sont pas exceptionnelles) mais c'est du rapport à l'Autre que celle-ci prend sa structure.
    L'oedipe, par le nom-du-père qu'il promeut, propose un pacte symbolique. Moyennant le renoncement à une certaine jouissance (celle de l'objet a), le sujet peut avoir un accès licite à la jouissance phallique. Les conditions du pacte sont bien établies pour le futur névrosé (ce qui n'est pas le cas du psychotique), mais il ne va pas renoncer complètement à la jouissance de l'objet a (comme on le voit fort bien dans la névrose obsessionnelle, et aussi souvent dans l'hystérie) ; il ne va pas renoncer non plus à se prétendre non castré.
    Le transfert névrotique est cette croyance, très souvent inconsciente, dans le Père idéal qui est supposé accueillir la plainte, s'en émouvoir, y apporter remède, et qui est "supposé savoir" dans quelle voie le sujet devrait engager son désir.
    Le névrosé se voudrait à l'image de ce Père : sans manque, non castré ; c'est pourquoi Lacan dit qu'il a un moi "fort", un moi qui, de toute sa force, nie la castration qu'il a subie. Il souligne ainsi que toute tentative pour renforcer le moi aggrave ses défenses et va dans le sens de la névrose.

Hystérie et Névrose obsessionnelle
    Les deux principales névroses de transfert sont l'hystérie et la névrose obsessionnelle. Freud a inclus parmi les névroses de transfert certaines phobies sous la dénomination d'hystérie d'angoisse, les rapprochant donc de l'hystérie. Lacan, à la fin de son enseignement, a donné à la phobie une autre place en la qualifiant de "plaque tournante" vers d'autres structures, névrotique ou perverse. Ch. Melman quant à lui sépare radicalement la structure phobique de la névrose.

    L'hystérie et la névrose obsessionnelle peuvent être schématiquement opposées sur un certain nombre de points :
    - le sexe : prédominance féminine dans l'hystérie et prédominance masculine encore plus marquée dans la névrose obsessionnelle.
    - la symptomatologie : volontiers somatique dans l'hystérie, purement mentale dans la névrose obsessionnelle;
    - l'objet prééminent et la dialectique mise en oeuvre à l'égard de l'Autre : dans l'hystérie le sein qui symbolise la demande faite à l'Autre, dans la névrose obsessionnelle les fèces qui symbolisent la demande faite par l'Autre ;
    - la condition déterminant l'angoisse : perte d'amour dans l'hystérie, angoisse devant le surmoi dans la névrose obsessionnelle ;
    - la subjectivité : l'hystérie est la manifestation de la subjectivité, la névrose obsessionnelle la tentative de l'abolir.
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névrose obsessionnelle
    Entité clinique isolée par S. Freud grâce à sa conception de l'appareil psychique : l'interprétation qui faisait des idées obédantes l'expression de désirs refoulés a permis à Freud d'identifier comme névrose ce qui jusque-là figurait comme "folie du doute", "phobie du toucher", "obsession", "compulsion", etc.

    Le cas princeps, publié par Freud en 1909, est celui dit "de l'Homme aux rats" (dans Cinq Psychanalyse). Il est riche d'un enseignement qui n'est toujours pas épuisé. Son auteur fait remarquer que la névrose obsessionnelle devrait nous être plus facile à saisir que l'hystérie parce qu'elle ne comprend pas de "saut dans le somatique". Les symptômes obsessionnels sont purement mentaux et pourtant nous restent plus obscurs. Il faut avouer que les épigones ont peu contribué à les éclaircir.

Clinique
    La clinique de névrose obsessionnelle se distingue d'emblée de la clinique de l'hystérie par au moins deux éléments : l'affinité élective mais non exclusive pour le sexe masculin : la réticence du patient à reconnaître et laisser connaître sa maladie ; c'est souvent une intervention tierce qui l'incite à consulter.
    La prédilection de cette névrose pour le sexe mâle est instructive en ce qu'elle pointe le rôle déterminant du complexe oedipien - voilà la cause qui avait été dissimulée - puisque c'est lui qui met en palce le sexe psychique. Quant au refus d'"avouer" la maladie, il tient manifestement au fait que celle-ci est vécue comme "faute morale" et non comme une patholgoie.
    La symptomatologie majeure est donc représentée par des idées obsédantes avec des actions compulsionnelles et la défense engagée contre elles.

L'Homme aux rats
    Une telle caricture ne ressemble en rien au jeune juriste - Ernst Lanzer de son vrai nom, semble-t-il - qui en 1905 vint consulter Freud : intelligent, courageux, sympathique, fort malade, l'Homme aux rats avait tout pour le séduire.
    Son symptôme d'occasion venait de se produire à propos d'une période militaire : l'impossibilité de rembourser selon les modalités qui lui avaient été prescrites la modeste somme due à une postière. Lorsqu'un capitaine "connu pour sa cruauté" lui enjoignit de payer au lieutenant A qui faisait office de vaguemestre les 3 couronnes 80 qu'il avait avancées pour un envoi contre remboursement, Ernst devait savoir qu'il se trompait. C'était le lieutenant B qui s'était acquitté de la fonction et la postière qui avait fait le crédit. Cette injonction agit cependant comme un "incident" et il fut pris par la contrainte de la réaliser pour éviter que des malheurs épouvantables ne viennent frapper des êtres qui lui étaient chers. Ce fut alors un tourment effroyable pour essayer de faire circuler sa dette entre ces trois personnes avant qu'elle n'indemnise la postière. Il est vrai que l'objet délivré n'était pas indifférent : une paire de "lorgnons" commandée à un opticien viennois en remplacement de celle qu'il avait perdue lors d'une halte et qu'il n'avait pas voulu rechercher pour ne pas retarder le départ. Au cours de ce repos, le capitaine "cruel", partisan des châtiments corporels avait raconté ce supplice oriental (décrit par O. Mirbeau dans : "le Jardin des supplices") selon lequel un homme dénué est attaché assis sur un seau contenant des rats : ceux-ci, affamés, s'enfoncent lentement dans son rectum... Freud note "la jouissance par lui-même ignorée" avec laquelle le patient lui rapportera l'anecdote.
    Le père d'Ernst est mort peu de temps auparavant : un brave homme, un Viennois bon vivant, du genre "tire-au-flanc", le meilleur ami de son fils et son confident "sauf en un seul domaine". Ancien sous-officier, il avait quitté l'armée sur une dette d'honneur qu'il ne put rembourser et devait son aisance à son mariage avec une riche fille adoptive.
    C'est la mère d'ailleurs, qui tient les cordons de la bourse et qui sera consultée, après la visite chez Freud, sur l'opportunité d'entreprendre une cure. A l'horizon amoureurx, la dame qu'il "vénère" et courtise sans espoir : pauvre, pas très belle, maladive et sans doute stérile, elle ne veut pas trop de lui. Le père souhaiterait, à son exemple, un mariage plus pargmatique. Il a, par ailleurs, quelques rares liaisons ancillaires. Il a un ami "comme un frère" qu'il interroge en cas de désespoir; ce fut lui qui conseilla de consulter. La lecture qu'il avait fait de la Psychopathologie de la vie quotidienne le conduisit chez Freud. Ses études de droit n'en finissent pas et la procrastination s'est aggravée depuis la mort du père.
    L'effort de Freud fut de lui faire reconnaître sa haine refoulée pour son père ; et comment une renonciation relative à la génitalité aboutit à une régression de la libido au stade anal : celle-ci y devient désir de destruction. Ernst semble avoir bénéficié grandement de la cure. La guerre de 1914 mit un terme à son élan retrouvé.

Obsession
    On voit que ce qui reste incompréhensible est le caractère spécifique de la maladie : l'obsession. Pourquoi le refoulé fait-il retour immédiat avec une virulence proportionnelle à la force du refoulement, au point que celui-ci puisse présenter par une de ses faces le refoulé même ? Pourquoi ces actes implusifs qui contraignent l'obsédé ?
    Les obsessions sont remarquables par leur caractère résolument sacrilège : les circonstances qui appellent l’expression du respect, de l’hommage, de la dévotion ou de la soumission sont régulièrement déclenchantes d’ « idées » injurieuses, obscènes, scatologiques, voire criminelles. Bien souvent articulées sous la forme d’une adresse impérative (par exemple, cette « idée » visant la femme aimée : « Maintenant, tu vas lui ch… dans la bouche… »), elles sont reconnues par le sujet comme l’expression de sa volonté propre, effaré et terrorisé qu’elle soit aussi monstrueuse. Il lui faut donc remarquer que ces incidentes ne sont jamais prises pour être d’inspiration étrangère, même si leur audition peut, dans certains cas, être quasi hallucinatoire. Une lutte, dès lors, s’engage, faite de contre-idées expiatoires qui peuvent occuper toute l’activité mentale diurne jusqu’à ce que le sujet s’aperçoive, à son effroi redoublé, que ces contre-mesures sont elles-mêmes infiltrées. L’image s’impose de la faille, dont le colmatage, à peine assuré, annonce que s’en ouvre une autre ailleurs. On reconnaîtra, dans ces figurations familières de notre imagerie mentale, l’expression du cauchemar mais aussi du comique. Les actions compulsionnelles, à fin vérificatrice ou expiatoire, sont frappées d’une ambiguïté semblable et peuvent s’avérer elles aussi involontairement obscènes ou sacrilèges.

… Un automobiliste se sentira ainsi contraint de revenir sur son chemin pour contrôler s’il n’a pas renversé un passant à tel carrefour, sans s’en être avisé ; il va de soi que la vérification ne pourra le convaincre puisqu’une ambulance a pu passer et les témoins s’être dispersés.
    Un telle symptôme vaut d’être retenu parce qu’il conjoint acte et doute ; l’obsessionnel n’est pas seulement dans la frayeur de commettre quelque acte grave (meurtre, suicide, infanticide, viol, etc.) que ses idées pourraient lui imposer, mais aussi dans celle de l’avoir accompli par inadvertance. En forçant le trait, on dégagera progressivement la figure d’un type humain qui n’est rare : vieux garçon resté proche de sa mère, fonctionnaire ou comptable épris d’habitudes et de petites manies, scrupuleux et soucieux d’une justice égalitaire, privilégiant les satisfactions intellectuelles et voilant par sa civilité ou la religiosité une agressivité mortifère.

? Obsessions impulsives
Craintes de faire quelque chose de nocif. Ces obsession mènent à des compulsions. Le sujet a très peur de perdre le contrôle de lui-même. Il y a inversion d’un projet sadique. L’agressivité devient par exemple la crainte de ne pas renverser un passant.

On parle d’inversion d’un projet sadique qui serait du plaisir à faire souffrir. Ex : la mère qui a peur de tuer son enfant. Le sujet ne réalise quasiment jamais l’acte redouté.

? Obsessions phobiques
Ressemble aux OI, mais # car il s’agit de la crainte d’objet (d’avoir envie d’utiliser certains objets) Ex : couteaux. Peut aboutir à des compulsions de vérification (est-ce que tous les couteaux sont bien rangés ?)
On a envie de contaminer les autres mais comme on a du mal à l’admettre, on le renverse.

? Obsessions idéatives
Idées qui s’imposent à l’esprit qui ont un caractère désagréable ou très culpabilisant. Ex : représentation de phrases obscènes ou chiffre, mots qui tournent sans cesse. Ou tâche intellectuelle que le sujet doit accomplir (calcul ou listes) , ou des doutes interminables, ou rumination sur des erreurs anciennes, ou réflexions moralistes sur le bien et le mal.

Névrose Obsessionnelle = névrose qui se caractérise par un certain trait de personnalité prédisposante.
Personnalité obsessionnelle est comme une base, comme un terrain propice à la NO. (tendance à froideur affective, doute, hypercontrôle. Si MDD échouent, alors là il y a angoisse, là il y a névrose.

Lutte contre tendance sadique-anale. Fixation au stade SA où l’enfant expérimente 2 types de plaisirs :
- Plaisir 1 = plaisir d’expulsion (d’agression)
- Plaisir 2 = plaisir de rétention (garder pour soi).
Au moment du passage à l’oedipe, ce stade est dépassé, alors que, pour le sujet ob-sessionnel, il y a fixation à ce stade SA.
Le surmoi est en désaccord avec cette pulsion agressive.
Le moi, grâce au refoulement, ne ressent pas l’angoisse, mais lorsque le refoulement échoue, le moi va ressentir cette angoisse.
Le sujet va déplacer l’angoisse vers l’extérieur. J’ai envie de contaminer devient : j’ai peur de l’être.

Rituels : il y a une contrainte mais envie de protection. But magique.
Il y a aussi impossibilité de différer la compulsion.
 

Le prix de la dette
    La forclusion du réel, cette catégorie qui s'oppose à "toute" totalitarisation (et aussi bien à la pensée qui fonde le totalitarisme), équivaut à une forclusion de la castration. Voilà l'impayé dont la dette hante la mémoire de l'obsessionnel, toujours soucieux d'équilibrer les entrées et les sorties ; dans le cas de l'Homme aux rats, c'est d'abord l'impayé de son père, qu'il réglera sans doute du prix de sa vie. Mais le rejet de l'impératif phallique se payera du retour, au lieu d'où pour le sujet se profèrent les messages qu'il aura à reprendre à son compte (le lieu Autre dans la théorie lacanienne), de l'impératif pur, déchaîné, sans plus de limite (puisque la castration est forclose) et donc gros de tous les risques. On conçoit la répugnance de l'obsessionnel aux expressions de l'autrorité, même s'il est un partisan de l'ordre.
    En revanche, faute de référence phallique, cet impératif de l’Autre surgira désormais et excitera les zones dites « prégénitales » (orales, scopique, anale) comme autant de lieux propices à une jouissance, perverse et coupable dans ce cas car purement égoïste.
    Le lorgnon perdu d’Ernst Lanzer nous rappelle le voyeurisme de son enfance et l’histoire des rats, son analité. Mais l’homosexualité prêtée à l’obsessionnel est d’un type spécial puisqu’elle inclut non seulement le désir de se faire pardonner l’agressivité contre le  père et d’être aimé par lui, mais aussi le retour dans le réel et sur un mode traumatique de l’instrument qu’il s’était agit d’abolir. Cette abolition a déjà provoqué, on l’a vu, le retour dans l’Autre (d’où s’articulent les pensées du sujet) d’une obscénité déchaînée et sacrilège effectivement, s’il est vrai qu’elle concerne l’instrument qui aussi commande le plus haut respect.
    Mais aussi elle justifie la rétention de l’objet, nommé par Lacan « petit a », support de plus-de-jouir que l’obsessionnel se ménage par accès mais au prix d’infinies précautions et d’une constipation mentale. Quant aux actes impulsifs, enfin, ils viennent sans doute rappeler par leur impuissance l’acte majeur (la castration) auquel l’obsessionnel a préféré se dérober et qui ne lui laisse plus que la mort pour acte absolu, redouté et désirable à la fois.
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Nom-du-Père
    Produit de la métaphore paternelle qui, désignant d'abord ce que la religion nous a appris à invoquer, attribue la fonction paternelle à l'effet symbolique d'un pur signifiant et qui, dans un second temps, désigne ce qui régit toute la dynamique subjective en inscrivant le désir au registre de la dette symbolique.

    Si le nom-du-père est un concept fondamental dans la psychanalyse, cela tient au fait que ce que le patient vient chercher dans la cure est le trope de son destin, c'est-à-dire ce qui de l'ordre de la figure de rhétorique vient commander son devenir. A ce titre, OEdipe et Hamlet restent exemplaires. Est-ce à dire que la psychanalyse inviterait à une maîtrise de ce destin ? Tout va contre cette idée dans la mesure où le Nom-du-père consiste principalement en la mise en règle du sujet avec son désir, au regard du jeu des signifiants qui l'animent et constituent sa loi.
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