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sadisme
Forme de manifestation
de la pulsion sexuelle qui vise à faire subir à
autrui une douleur physique ou, à tout le moins, une domination
ou une humiliation.
Le terme de sadisme vient du nom du marquis de Sade, écrivain français (1740-1814), dont l'oeuvre considérable fait une large place à l'algolagnie (liaison du plaisir et de la douleur) active mais aussi passive.
La psychanalyse reconnaît le sadisme comme
une des possibilités inscrites dans la nature même de la pulsion
sexuelle. Toutefois, ni Freud ni ses successeurs n'en sont venus à
systématiser ce qui serait par exemple une agressivité normale
comme donnée constitutive des sociétés humaines.
Certes, la prise en compte de la sexualité
infantile amène à décrire une sorte de perversion
polymorphe originelle où le sadisme a sa place. Freud fait cependant
valoir dans : "Pulsions et destins des pulsions" (1915 ; trad. fr.
in Métapsychologie) qu'au départ le sadisme vise plutôt
à la domination du partenaire, à la maîtrise exercée
sur autrui. Le lien entre douleur et excitation sexuelle apparaît
d'abord dans le masochisme, qui constitue un renversement du sadisme, avec
retournement sur la personne propre. C'est alors seulement qu'infliger
une douleur peut devenir une des visées du sadisme : là,
paradoxalement, le sujet jouit de façon masochiste par identification
avec l'objet souffrant.
J. Lacan s'est
référé à ce qu'il en est du sadisme, dans :
"le Séminaire X", 1962-63, "l'Angoisse", pour illustrer
une forme particulièrement évidente de "positivation" de
l'objet a. Cet objet, qui vaut ordinairement comme objet perdu, en tant
que tel cause du désir, le sadique pense pouvoir l'exhiber, le découpant
d'abord dans le corps du partenaire.
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scène primitive
ou
scène
originaire
Scène fantasmatique ou réelle dans
laquelle le sujet est témoin du coït de ses parents.
Cette scène devrait toute son importance à
sa partie traumatique, devenant ainsi un point de fixation des représentations
inconscientes du sujet.
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Schéma
optique
Modèle physique utilisé par Lacan
pour présenter la structure du sujet et
le processus de la cure psychanalytique.
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schizophrénie
Selon S. Freud,
entité clinique qui se distingue, à l'intérieur du
groupe des névroses narcissiques (psychoses), par une localisation
de la fixation prédisposante à un stade très précoce
du développement de la libido et par un mécanisme particulier
de formation des symptômes : le surinvestissement des représentations
de mot (troubles du langage) et des représentations d'objet (hallucinations).
Un terme bleulérien, une entité
clinique freudienne
Dans son travail sur : "le président Schreber",
Freud sera améné à discuter la pertinence du terme
schizophrénie, introduit par Bleuler
dans la nosographie psychiatrique, la même année (1911). Il
le juge aussi mal choisi que celui de "démence précoce"
pour désigner l'unite clinique qu'ils recouvrent. Il ira même
jusqu'à proposer lui-même un terme, celui de "paraphrénie".
Mais ce qui intéresse Freud, c'est moins de nommer tel ou tel tableau
clinique que de repérer comment des mécanismes qui appartiennent
à la vie psychique normale peuvent se combiner pour donner sa structure
à une entité clinique.
C'est en effet pour des raisons de structure que
Freud est amené à conserver son unité clinique à
la schizophrénie dans le champ des psychoses et aussi pour la distinguer
de la paranoïa. Le mécanisme de refoulement est identique dans
les deux cas et différencie le champ des psychoses de celui des
névroses, sa caractéristique essentielle étant le
détachement
de la libido du monde extérieur et sa régression vers le
moi (et non vers un objet de substitution fantasmatique comme
dans la névrose). Quant aux caractères qui distinguent la
schizophrénie de la paranoïa, Freud les rapporte d'une part
à une localisation différente de la fixation prédisposante,
et d'autre part à un mécanisme différent du retour
du refoulé (formation des symptômes). Qu'entend-il par
là ? Au départ, il y toujours investissement par le
sujet d'un objet sexuel, attachement de la libido
à l'objet. C'est donc dans une perspective phallique
imaginaire que le sujet aborde la réalité, le monde extérieur
; la satisfaction qu'il en obtient, fût-elle toujours limitée,
dépend en revanche de déterminations symboliques inconscientes.
Lorsque
celles-ci correspondent à une situation d'inachèvement du
complexe d'OEdipe, de non-assomption de la castration
par le sujet, un conflit se déclenche. Il met en opposition
l'investissement de l'objet sexuel par le sujet à une instance tierce,
oedipienne, une référence paternelle, c'est-à-dire
à la réalité elle-même puisque ce sont cette
instance et cette référence qui la soutiennent, qui en sont
les éléments organisateurs. Ce conflit entraîne
un échec, une frustration dans la réalité et oblige
le sujet à détacher sa libido de l'objet dans le monde extérieur.
Un mécanisme essentiellement actif, le
refoulement, permet ce détachement.
C'est à cette époque que Freud fait
intervenir ce qu'il appelle la "fixation prédisposante",
qui constitue la dimension passive du refoulement et qui réside
dans le fait qu'une composante de la libido n'accomplit pas avec l'ensemble
l'évolution normale prévue et demeure, en vertu de cet arrêt
de développement, immobilisée à un stade infantile.
Le mécanisme hallucinatoire et les troubles
du langage : l'avancée lacanienne.
Le second critère qui distingue, selon Freud,
la schizophrénie de la paranoïa concerne la nature
du mécanisme mis en jeu dans le retour du refoulé,
c'est-à-dire la formation des symptômes.
Dans la schizophrénie, la tentative
de guérison n'utilise pas le mécanisme de la projection
et le délire comme dans la paranoïa
pour
tenter de réinvestir les objets, mais celui de
l'hallucination, rapproché ici
du mécanisme mis en jeu dans l'hystérie (condensation, surinvestissement).
En 1915, dans l'article qu'il consacre à l'inconscient, Freud propose
quelques apports et précisions concernant les mécanismes
mis en jeu dans la formation des symptômes au cours de la schizophrénie.
Au mécanisme de l'hallucination, qui lui paraît correspondre
à une phase relativement tardive, il ajoute un autre mécanisme,
qui serait mis en jeu plus précocemement, le surinvestissement non
plus des représentations d'objet, comme dans l'hallucination, mais
des représentations de mot, auquel correspondraient cliniquement
les troubles du langage que l'on observe
dans la schizophrénie : le caractère recherché et
maniéré de l'expression verbale, la désorganisation
syntaxique, les néologismes et les bizarreries. Freud rapporte l'exemple
clinique, emprunté à Tausk, de cette patiente qui
se plaint "que les yeux ne sont pas comme il faut, ils sont tournés
de travers" et qui ajoute que son bien-aimé "lui semble à
chaque fois différents, c'est un hypocrite, un tourneur d'yeux,
il lui a tourné les yeux, maintenant elle a les yeux tournés,
ce ne sont plus ses yeux, elle voit maintenant le monde avec d'autres yeux".
Il en conclut que "ce qui confère à la formation de substitut
et au symptôme dans la schizophrénie son caractère
surprenant, c'est la prédominance de la relation de mot sur la relation
de chose".
Selon J. Lacan
la perte du pouvoir métaphorique des mots pourrait-elle être
rapportée à une carence primordiale qui constitue la définition
structurale qui constitue la définition structurale de la psychose
: le défaut de la métaphore paternelle, du Nom-du-Père.
Seule cette métaphore permet en effet l'effacement de la chose précisément
et donne ainsi son pouvoir au symbole, sa capacité à "irréaliser",
c'est-à-dire à transposer les choses de l'ordre réel
à l'ordre symbolique en nous rendant capables de traiter avec leur
absence, c'est-à-dire avec leur présence symbolique. C'est
ce pouvoir d'"irréalisation" qui, même s'il n'est pas tout
dans le symbole à l'état normal, fait défaut dans
la psychose. La schizophrénie venant l'illustrer de manière
exemplaire par l'importance de l'irruption du symbole dans le réel
sous forme de chaîne brisée, hallucinatoire ou néologique.
C'est ce qui a pu faire dire, nous semble-t-il, à Lacan en 1954,
dans sa "réponse au commentaire de Jean Hypolite, que, pour le schizophrène,
"tout le symbolique est réel".
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Schreber (Daniel
Paul, dit "le Président" ou
Paul).
Président de la cour d'appel de Saxe (Leipzig 1842 - id. 1911).
Il est le fils d'un médecin pédagogue,
Daniel Gottlieb Schreber (1808 - 1861). Interné, Le président
Schreber publia en 1903 des Mémoires (Mémoires d'un
névropathe [...], trad. fr. 1975) dans lesquels il expose
son délire qui consiste à être transformé en
femme par les puissances supérieures afin d'engendrer un monde nouveau.
S. Freud analysa cet écrit et publia le résultat de ses investigations
sous le titre de "Remarques psychanalytiques sur l'autobiographie d'un
cas de paranoïa" (Dementia paranoïdes) : le président
Schreber (1911).
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Vrai self/faux self. Chez D.
W. Winnicott, distinction établie par lui concernant
le développement de l'enfant (la traduciton de "self" en "soi" n'a
volontairement pas été effectuée dans les textes français).
Pour Winnicott, le moi du nourrisson s'achemine vers un état dans
lequel les exigences instinctuelles sont ressenties comme faisant partie
du self et non de l'environnement.
Winnicott établit un parallèle
entre vrai et faut self : il reprend en cela la distinction
freudienne entre, d'une part, une partie centrale du moi gouverné
par les pulsions ou par ce que Freud appelle sexualité prégénitale
et génitale et, d'autre part, une partie tournée vers l'extérieur,
établissant des rapports avec le monde.
Le faux self est
représenté par tout l'organisation que constitue une attitude
sociale polie, de bonnes manières et une certaine réserve.
Le
vrai self est spontané et les événements
du monde se sont accordés à cette spontanéité,
du fait de l'adaptation d'une mère suffisamment bonne.
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sexualité
infantile
Forme prise par la pulsion sexuelle avant la puberté
et même durant les toutes premières années de la vie,
que la psychanalyse décrit comme importante, organisée autour
de la question du phallus et relevant d'une sorte de "perversion polymorphe".
L'apport freudien principal tient-il, comme on l'a
cru pendant longtemps, dans une théorie des stades (stade oral,
stade anal, etc.), qui constitueraient autant de formes
d'étayages de la pulsion sur des besoins corporels ?
Mais ces "stades", ces "oranisations prégénitales de la
libido", ne sont pas décrits par Freud directement à
partir de l'observation des enfants. Même si, dans un temps second,
ils sont retrouvés chez lui, Freud commence par les reconstruire
à partir de l'analyse des adultes. Si un certain nombre d'activités
infantiles, comme le suçotement, sont décrites comme sexuelles,
c'est que le travail associatif de l'analyse oblige à les rattacher
à ce qui chez l'adulte apparaît sous une forme clairement
sexualisée, qu'il s'agisse du baiser ou de la fellation.
Freud relève par ailleurs un certain nombre
de particularités de la sexualité infantile, qu'on peut énumérer
rapidement.
La première est relative au rapprochement
entre sexualité infantile et sexualité perverse.
L'enfant
se comporte d'une manière qui, chez l'adulte, serait considérée
comme perverse (voyeurisme, exhibitionnisme, sadisme, etc.).
En fait, il est plus juste de parler de perversion
polymorphe, l'enfant n'étant pas assujetti à des
scénarios figés, conditions absolues de la jouissance comme
peut l'être le pervers au sens habituel de ce terme.
Faut-il alors dire que la libido chez l'enfant n'est
pas "organisée" comme elle peut l'être chez l'adulte, qu'on
ne relève pas chez lui de primat de la génitalité
? Aprs avoir soutenu cette thèse, Freud la nuance en indiquant que,
chez l'enfant, il y a en fait, pour les deux sexes, primat du phallus
: si celui-ci n'est pas réductible dans la sexualité humaine
à l'organe mâle, c'est qu'il représente le pivot autour
duquel la question du désir se noue à celle de la castration.
Enfin la question de la sexualité infantile
semble conduire nécessairement à poser celle de l'autoérotisme,
s'il est vrai que la sexualité de l'enfant ne peut se réaliser
dans un rapport à l'autre comparable à celui de l'adulte.
Il serait pourtant erroné de faire équivaloir sexualité
infantile et autoérotisme, puisque l'enfant dès
son plus jeune âge est capable de choix d'objets très précis.
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sexuation
Dans la théorie psychanalytique, façon
dont hommes et femmes se rapportent à leur sexe propre, ainsi qu'aux
questions des la castration et de différence des sexes.
L'expérience clinique montre à quel
point la question du sexe insiste dans l'inconscient : non pas tant la
question de l'activité sexuelle ; celle surtout de ce qui peut différencier
les sexes, dès lors qu'un même signifiant les homogénéise,
et par là, particulièrement, la question de ce que c'est
qu'être une femme.
Cette question, c'est celle que pose avec force
l'hystérique. Si Dora ("Fragments
d'une analyse d'hystérie", 1905 ; trad. fr. in Cinq Psychanalyses,
1954) attache une telle importance à Mme K, ce n'est pas essentiellement
qu'elle la désire. C'est qu'elle peut interroger en elle le mystère
de sa propre féminité. Identifiée à Mme K,
Dora peut reprendre la question de ce que c'est qu'être femme.
Lacan consacrera une grande partie de son travail
à élaborer ces questions, ne serait-ce d'abord qu'en précisant
la description freudienne, celle du garçon qui doit pouvoir renoncer
à être le phallus maternel s'il veut pouvoir se prévaloir
de l'insigne de la virilité, hérité du père
; et celle de la fille, qui doit renoncer à être le phallus
maternel s'il veut pouvoir se prévaloir de l'insigne de la virilité,
hérité du père ; et celle de la fille, qui doit renoncer
à un tel héritage, mais trouve du même coup un accès
plus facile à s'identifier elle-même à l'objet du désir.
D'où ces raccourcis saisissants : "l'homme n'est pas sans l'avoir",
"la femme est sans l'avoir".
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signifiant
Elément du discours, repérable au
niveau conscient et inconscient, qui représente le sujet et le détermine.
La cure des premières hystériques,
conduites par J. Breuer ou S. Freud, fait déjà ressortir
ce trait sans doute plus important même que la "prise de conscience"
: la verbalisation. C'est de pouvoir
dire ce qu'elle n'a jamais pu énoncer que l'hystérique guérit.
C'est l'une d'entre elles, Anna O,
qui a nommé le traitement "Talking Cure",
cur par la parole. cela est d'ailleurs éclairant pour l'étiologie
de la névrose elle-même : ce qui est pathogène,
dans l'hystérie, ce n'est pas le traumatisme (avoir vu,
par exemple, un chien boire dans un verre, ce qui aurait suscité
un dégoût intense), c'est de ne pas
avoir pu verbaliser ce dégoût. Le symptôme
vient à la place de cette verbalisation et disparaît lorsque
le sujet a pu dire ce qui l'affectait.
Dès lors que la méthode psychanalytique
prend en compte l'actualisation des conflits latents,
plus encore que la remémoration directe de souvenirs pathogènes,
elle conduit à s'intéresser particulièrement aux formations
de l'inconscient, où ces conflits se trouvent représentés.
Or, ceux-ci sont réglés par des enchaînements langagiers
rigoureux. C'est le cas du lapsus, de l'oubli,
en en général, de l'acte manqué, qui peut
dire un désir de façon allusive, métaphorique ou métonymique.
C'est le cas, bien plus encore, du mot d'esprit,
qui arrive à faire entendre ce qui est prohibé en déjouant
la censure. C'est enfin le cas du rêve, dont le récit se lit
comme un texte complexe, sollicitant une attention très précise
aux termes mêmes dont il se compose.
Le terme signifiant est emprunté à
la linguistique. Chez Saussur, le signe linguistique est une entité
psychique à deux faces : le signifié, ou concept, par exemple
pour le mot arbre, l'idée d'arbre, et non le référent,
l'arbre réel ; et le signifiant, réalité psychique
également puisqu'il s'agit non du son matériel que l'on produit
en prononçant le mot arbre, mais de l'image acoustique de ce son,
que l'on peut avoir dans la tête par exemple lorsqu'on se récite
une poésie sans dla dire à voix haute.
Ce que la psychanalyse accentue c'est l'autonomie
du signifiant. Comme dans la linguistique, le signifiant, au sens psychanalytique,
est détaché du référent mais également
définissabe hors de toute articulation, au moins dans un premier
temps, au signifié. Si le signifiant est conçu comme autonome
par rapport à la signification, il peut prendre dès lors
une tout autre fonction que celle de signifier : celle de représenter
le sujet et aussi de le déterminer.
Prenons un exemple simple. Un homosexuel confesse
volontiers son goût pour les jeunes hommes d'un certain style, d'un
certain âge, ceux que désigne au mieux pour lui l'expression
"le p'tits soldats". Or, l'analyse ramènera un souvenir d'entente
très grande avec sa mère, souvenir cristallisé autout
du rappel de ces après-midi d'été, où, à
la suite de longues promenades, elle l'emmenait au café et commandait
: "ah, pour lui, un p'tit soda". Un tel souvenir n'implique pas, évidemment,
que, selon la psychanalyse, tout s'éclaire, dans une vie, par le
rappel de quelques mots entendus dans l'enfance. La façon dont cet
homme nomme l'objet de son désir, et donc en détermine les
traits, ne fait que le renvoyer à un signifiant entendu dans l'enfance
et qui insiste d'autant plus qu'il n'a pas été reconnu comme
tel. Selon la formule de Lacan, "un signifiant, c'est ce qui représente
le sujet pour un autre signifiant". Il faut noter également ici
que ce qui compte dans "soldat", ce n'est pas sa signification, en rapport
par exemple avec la vie militaire, mais sa signifiance, c'est-à-dire
ce qui est directement produit par l'image acoustique du mot lui-même.
Ainsi en est-il de cette hystérique, traitée
dans les premiers temps de la psychanalyse, et qui souffrait d'une douleur
en vrille au front, douleur qui disparut le jour où elle put rappeler
le souvenir de sa grand-mère, fort méfiante, qui la regardait
d'un regard "perçant".
Un des exemples les plus connus reste encore, sur
ce point, celui de l'Homme aux loups.
Freud, puis nombre d'analyste, qui reprirent le récit de sa cure,
ont souligné l'insistance d'un même symbole, représentant
une lettre (V majuscule) ou un chiffre
(cinq romain). Sous cette dernière forme, il renvoie à des
accès de dépression ou de fièvre qu'il avait dans
son enfance à la cinquième heure de l'après-midi,
mais aussi à l'heure d'une scène primitive (il aurait vu
ses parent faire l'amour à un moment où l'aiguille de l'horloge
aurait indiqué le V). Sous forme de lettre (V ou W), il revient
régulièrement dans l'initiale de noms propres de personnages
divers avec lesquels il fut régulièrement en conflit ; ou,
encore, il symbolise la castration, dans un rêve où on arrache
ses ailes à une guêpe (Wespe, mais il dit "espe", ou encore
S. P., ses initiales). Sous forme graphique, enfin, le V figure, renversé,
les oreilles dressées du loups qui désignent pour toujours,
à la postérité, ce célèvre patient de
Freud.
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soi
Chez M. Klein,
ensemble des sentiments et des pulsions de la personnalité tout
entière, par différence avec le moi, qui se réfère
à la structure de la personnalité.
Quand l'objet se clive en bon et en mauvais, il en
est de même pour le soi, dont les différentes parties clivées
peuvent entrer en conflit.
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souvenir-écran
Pour S. Freud,
souvenir reconstruit fictivement par le sujet à partir d'événements
réels ou de fantasmes.
Ces souvenirs n'en ont pas moins pleine valeur de
souvenirs du réel puisque la psychanalyse est une docterine de la
reconstruction fictive de la vie libidinale.
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Spitz (René Arpad)
Psychanalyste américain d'origine hongroise (Vienne, Autriche, 1887 - Denver, Colorado, 1974). Après avoir fui l'Allemagne à l'arrivée
des nazis au pouvoir et séjourné à Paris sur la route
de l'exil, il s'installe aux Etats-Unis et enseigne à l'université
du Colorado. Ses travaux, à partir d'observations directes, ont
porté sur la relation entre la mère et l'enfant durant les
deux premières années de la vie. Il a reconnu les conséquences,
pour le développement psychique et somatique, des carences affectives
survenant à ce moment-là et a, en particulier, développé
les notions d'hospitalisme et de dépression anaclitique. Il a notamment
écrit Anaclitic Depression ; the Psychoanalytic Study of the
Child (1946), Die Entstehung der Ersten Objecktberziehung (1956), No and
Yes. On the Beginnings of Human Communication (1956 ; trad. fr. "le Oui
et le Non ; la Genèse de la communication humaine", 1962).
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stade
Chacun des degrés d'organisation libidinale
dans le développement de l'être humain, qui ont un caractère
topographique (zones érogènes) et un caractère objectal
(choix d'objet).
C'est en 1915, dans la 3ème édition des "Trois essais sur la sexualité", que S. Freud met en place de façon systématique la notion de stades en psychanalyse.
Le stade oral
Il est caractérisé par une organisation
sexuelle "cannibale", au cours
de laquelle l'activité sexuelle n'est pas séparée
de la fonction de dévoration : ces deux activités visent
à l'incorporation de l'objet (prototype de l'identification ultérieure).
De sorte qu'à ce stade la pulsion orale se trouve à l'évidence
étayée par la fonction digestive. La succion apparaît
dès lors comme "un vestige" de ce degré initial du stade
car elle consacre la séparation des activités sexuelle et
alimentaire, remplaçant l'objet extérieur par une partie
du corps du sujet : dès lors, cet acte répétitif,
chargé de procurer du plaisir, devient autoérotique - zone
bucco-labiale est dès lors désignée comme zone érogène.
Freud attache une importance capitale à cette première partie
du stade oral pour la détermination de la vie sexuelle future. En
particulier dans le choix ultérieur d'objet : le sein apparaît
ainsi comme essentiellement perdu et "trouver l'objet sexuel n'est en somme
que le retrouver".
Une seconde phase du stade orale est caractérisée
par le passage de la succion à la morsure, où apparaît
combinée à la libido une pulsion agressive et destructrice.
Cela a particulièrement été mis en évidence
par K. Abraham et repris par M. Klein, qui situe à ce stade l'apparition
du surmoi précoce. R. Spitz divise ce stade en 3 sous-stades : stade
préobjectal d'indifférenciation (0-3 mois), stade de l'objet
précurseur (3-8 mois) puis stade de l'objet proprement dit.
Le stade sadique-anal
Deuxième stade, faisant suite au stade oral,
le stade sadique-anal est régi par l'érogénéité
de la zone anale ; cette organisation libidinale est liée aux
fonctions d'expulsion-rétention et se fait autour de la symbolisation
des matières fécales, objet séparable du corps au
même titre que le sein. Les pulsions érotique-anale et sadique
résident dans cette phase prégénitale de la sexualité
infantile. Les notions de passivité et d'activité traduisent
la bipolarité de la fonction anale, qui étaye les deux pulsions
partielles : d'emprise, liée à la
musculature, et de passivité, liée à la muqueuse anale.
Abraham a décrit une subdivision de ce stade,
par rapport au comportement vis-à-vis de l'objet : la première
partie associe à l'expulsion la destruction ; la deuxième
associe la rétention et la possession. Ainsi, une dialectique s'instaure
entre le sadisme et l'érotisme anal dans la fonction sphinctérienne
elle-même : contention-maîtrise ; relâchement-évacuation.
Par cette activité aboutissant à la défécation
viennent se symboliser les fèces dans la fonction du cadeau fait
à la mère, sa rétention constituant au contraire une
position agressive à son endroit.
Le stade phallique
Le stade phallique est la phase
caractéristique de l'acmé et du déclin du complexe
d'OEdipe, essentiellement marquée par l'angoisse
de castration. Aussi bien chez la fille que chez le garçon,
ce stade succède aux stades oral et anal dans une unification des
pulsions partielles sur la région génitale représentée
par le phallus ; pour les deux sexes, en avoir ou pas caractérise
ce stade : "En effet, cette phase ne connaît qu'une seule sorte
d'organe génital, l'organe masculin."
Cette mise en place assez tardive du stade phallique
représente pour Freud une transition avec sa description initiale
: inorganisation des pulsions sexuelles prégénitales, opposée
à l'organisation génitale adulte. Cette phase phallique est
sous le signe de la castration, ce qui pose la question, dans son rapport
à l'oedipe, de l'existence même de ce stade : la découverte
par la fille de l'absence de pénis (l'envie du pénis venant
déterminer l'asymétrie, au regard des rapports parentaux,
entre le garçon et la fille) peut aussi bient être rangée
dans une perspective d'intersubjectivité que d'accession à
un stade.
Le stade génital
C'est par la période de latence que se termine
le stade phallique : elle sépare ainsi la "première poussée",
qui commence entre 2 et 5 ans, "caractérisée par la nature
infantile des buts sexuels", et la "deuxième poussée", qui
"commence à la puberté et détermine la forme définitive
que prendra la vie sexuelle". Cette poussé
en deux temps est d'une importance décisive pour les troubles chez
l'adulte. "Le choix de l'enfant survit dans ses effets, soit
qu'ils demeurent dans leur intensité première, soit que,
pendant la puberté, ils connaissent un renouveau" : c'est en effet
à cette période que se place le refoulement secondaire.
La pulsion sexuelle autoérotique caractérisant
les stades provient de diverses pulsions partielles et de diverses zones
érogènes tendant chacune à la satisfaction. A la puberté,
ces pulsions coopèrent et un but sexuel nouveau apparaît ;
les zones érogènes se subordonnent au "primat de la zone
génitale". Dès lors, il semblerait que puissent se conjoindre
dans la vie sexuelle le courant de la tendresse et celui de la sensualité.
Notons cependant que cette description de l'"amour génital" pose
elle-même des problèmes non négligeables.
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Stekel (Wilhelm)
Médecin et psychanalyste autrichien (Boian, Bucovine, 1868-Londres 1940). Il fut le premier analysant de S.
Freud à devenir psychanalyste. Il poussa Freud en 1902
à réunir à son domicile le groupe des premiers adeptes
de la psychanalyse (la "Société du mercredi"). En 1912, ce
fut la rupture avec Freud, qu'il accusa
de plagiat. Il en vint à contester la théorie de la libido
et la méthode freudiennes en préconisant une cure courte
conduite par un thérapeute actif. Ses publications concernent surtout
la sexologie.
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sublimation
Processus psychique inconscient qui rend compte
pour Freud de l'aptitude de la pulsion sexuelle
à remplacer un objet sexuel par un objet non sexuel (connoté
de certaines valeurs et idéaux sociaux) et à échanger
son but sexuel initial contre un autre but, non sexuel, sans perdre notablement
en intensité.
Le processus de sublimation de la pulsion ainsi défini fait valoir l'origine sexuelle d'un ensemble d'activités (scientifiques, artistiques, etc.) et de réalisations (oeuvres d'art, poésie, etc.) qui paraissent sans aucune relation avec la vie sexuelle. Par là s'explique comment la sublimation toujours plus poussée d'éléments pulsionnels (sublimation qui est le destin pulsionnel le plus rare et le plus parfait) permet, notamment l'accomplissement des plus grandes oeuvres culturelles. M. Klein et J. Lacan, comme S. Freud, insistent sur ce point : quelque chose qui engage la dimension psychique de la perte et du manque et répond à l'intériorisation de coordonnées symboliques commande le procès de la sublimation.
Sublimation et pulsion sexuelle
L'élan créateur,
pour reprendre une expression de Klein, trouve, selon Freud, son point
d'émergence initial dans le sexuel. Comment explique-t-il
cela ? Par la capacité plastique de la pulsion sexuelle d'échanger
son but originaire sexuel contre un autre non sexuel, de remplacer un objet
sexuel par un autre non sexuel sans perdre pour l'essentiel en intensité.
Sublimation et idéal du moi
Freud souligne l'idée qu'il existe une certaine
instabilité, vulnérabilité de l'aptitude à
sublimer. On ne sublime pas une fois pour toutes mais, y compris chez
ceux qui semblent le plus aptes à sublimer, c'est une capacité
qui nécessite d'être psychiquement activée. Sa réflexion
sur la question du narcissisme amène Freud à dégager
une des conditions nécessaires à l'effectuation du processus
de sublimation. L'investissement libidinal doit être retiré
de l'objet sexuel par le moi, qui reprend cet investissement sur lui-même
puis le réoriente vers un nouveau but non sexuel et un objet non
sexuel. Ce retrait de la libido sur le moi et la réorientation
de l'investissement vers du non-sexuel par désinvestissement du
but et de l'objet, c'est là un mouvement libidinal que Freud appelle
"désexualisation". La
sublimation nécessite cette désexualisation qui requiert
l'intervention du moi.
La sublimation, note Freud, représente l'issue
qui permet de faire avec du sexuel sans entraîner le refoulement
tout en satisfaisant aux exigences du moi renforcées par l'idéal
du moi. Un idéal du moi élevé et vénéré
n'implique pas une sublimation réussie, l'idéal
du moi requiert la sublimation, il ne peut l'obtenir de force
: "L'idéal peut bien l'inciter à s'amorcer mais son accomplissement
reste complètement indépendant d'une telle incitation."
La question du vide
Melanie Klein, en 1930, fait entendre que : "Le
symbolisme constitue la base de toute sublimation et de tout talent puisque
c'est au moyen de l'assimilation symbolique que les choses, les activités
et les intérêts deviennent les thèmes des fantasmes
libidinaux" (Essais de psychanalyse). A côté de l'intérêt
libidinal, c'est une angoisse archaïque qui met pour elle en marche
le processus d'identification et pousse à l'assimilation symbolique,
base du fantasme, de la sublimation et de la relation du sujet à
la réalité interne et externe. Un "sentiment de vide intérieur"
résultant de cette angoisse archaïque de destruction du corps
maternel peut pousser vers l'activité artistique, la création
et donc la sublimation qui permet sa réalisation étant là
résultat et processus visant à réparer cette destruction.
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sujet
Être humain, soumis aux lois du langage qui
le constituent, et qui se manifeste de façon privilégiée
dans les formations de l'inconscient.
Le sujet, en psychanalyse, est le sujet du désir
que S. Freud a découvert dans l'inconscient. Ce sujet du désir
est un effet de l'immersion du petit d'homme dans le langage. Il faut donc
le distinguer tant de l'individu biologique que du sujet de la compréhension.
Ce n'est pas non plus le moi freudien (opposé au ça et au
surmoi). Ce n'est pas pour autant le je de la grammaire. Effet du langage,
il n'en est pas un élément : il "ex-siste" (se tient hors)
au prix d'une perte, la castration.
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surmoi
Instance de notre personnalité psychique
dont le rôle est de juger le moi.
Le terme "surmoi" a été introduit par Freud en 1923 dans : "Le Moi et le ça". Le surmoi est la grande innovation de la seconde topique. Dans les "Nouvelles Conférences sur la psychanalyse" 1933, Freud en donne cette description : "J'ai envie d'accomplir tel acte propre à me satisfaire, mais j'y renonce, par suite de l'opposition de ma conscience". Le surmoi, qui inhibe nos actes ou qui produit le remords, est "l'instance judiciaire de notre psychisme". Il est donc au centre de la question morale.
La censure
Dans l'histoire de la théorie freudienne,
le surmoi est d'abord apparu sous la forme de la censure, la censure du
rêve, par exemple. Freud reconnaît que la censure peut
agir de façon inconsciente comme le sentiment de culpabilité
: "Le sujet qui souffre de compulsions et d'interdits agit comme s'il était
dominé par un sentiment de culpabilité inconscient malgré
l'apparente contradiction dans les termes." Le
surmoi fait donc partie du moi et cependant peut en être séparé.
C'est que le moi peut se prendre lui-même comme objet, qu'il peut
se cliever. Cette cassure, ce clivage, est particulièrement net,
nous dit Freud dans les "Nouvelles Conférences", dans le
délire d'observation. Les malades, dans ce délire, entendent
des voix commentant leurs faits et gestes. Cette oservation, qui ressemble
à une persécution, les guette pour les surprendre et les
punir. Le délire d'observation nous montre donc une instance observante
nettement séparée du moi, mais logée dans la réalité
extérieure. Mais elle peut se trouver à l'intérieur
et appartenir à la structure même du moi. Cette instance qui,
dans le moi, me juge et me punit par des preproches pénibles est
ce que nous appelons la "conscience morale" : la voix de ma conscience
qui me fait éprouver le repentir de mon acte. C'est cette instance
qui peut être reconnue comme une entité séparée,
que Freud appelle le "surmoi" : indépendant du moi, il peut traiter
celui-ci avec une extrême cruauté, comme dans la mélancolie.
Rôle de l'autorité parentale
Cette instance qui se fait entendre à l'intérieur
s'est d'abord manisfestée à l'extérieur. C'est ce
que montre le mécanisme de la formation du surmoi. Le rôle
interdicteur du surmoi a d'abord été joué par une
puissance extérieure, par l'autorité parentale. Le petit
enfant ne possède pas d'inhibitions internes, il obéit à
ses impulsions et n'aspire qu'au plaisir. Le renoncement aux satisfactions
pulsionnelles sera la conséquence de l'angoisse inspirée
par cette autorité externe. On renonce aux satisfactions pour ne
pas perdre son amour.
C'est par le mécanisme de l'identification
que cette menace externe s'intériorise. La relation aux parents,
la crainte de perdre leur amour, la menace de punition se transforment
en surmoi par le processus de l'identification, par lequel on prend l'autre
en soi ; par incorporation orale. L'identification est en effet la forme
la plus originelle de la relation à l'autre. Mais l'identification
à l'objet est à distinguer du choix d'objet : "Si le petit
garçon s'identifie à son père, il veut être
comme son père ; s'il veut en faire l'objet de son choix, il veut
l'avoir, le posséder." Ce n'est que dans le premier cas que soi
moi sera modifié. Si l'on a perdu l'objet ou qu'on a dû y
renoncer, on peut, dit Freud, s'identifier à lui de sorte que le
choix d'objet régresse à l'identification. En renonçant
aux investissements placés chez les parents, par l'abandon du complexe
d'OEdipe, les identifications de l'enfant se trouvent renforcées.
Au cours du développement, le surmoi devient impersonnel et s'éloigne
des parents originaires. L'angoisse devant l'autorité extérieure
s'est muée en angoisse devant le surmoi.
A ce stade, le sentiment de culpabilité est
absolument identique à l'angoisse devant le surmoi. Ce dernier,
héritier du complexe d'OEdipe, adoptera par la suite les influences
des maîtres et des éducateurs qui ont pris la place des parents.
Il s'enrichira des apports ultérieurs de la culture. L'angoisse
devant le surmoi ne doit pas normalement trouver de terme ; comme angoisse
morale, elle s'avère indispensable dans les relations sociales.
Mais beaucoup d'individus ne peuvent surmonter l'angoisse devant la perte
d'amour ; ce qui n'est pas sans conséquence dans notre vie sociale.
Si, en effet, le surmoi est conditionné par l'oedipe, il s'explique
également par un fait biologique capital, les deux étant
lié : la longue dépendance où se trouve placé
l'enfant vis-à-vis de ses parents.
Le surmoi et la culture
Ainsi, le surmoi de l'enfant
s'édifie d'après le surmoi parental. Il devient
le véhicule de la tradition. Toutefois, il peut en être différent,
voire inversé. Le surmoi ne correspond pas toujours à la
sévérité de l'éducation. Dans : "Malaise
dans la civilisation" 1930, Freud écrit : "La sévérité
originelle du surmoi ne représente pas ou pas tellement la sévérité
subie ou attendue de la part de l'objet mais exprime l'agressivité
de l'enfant lui-même à l'égard de celui-ci." Pour
Freud, les choses se déroulent ainsi : d'abord, renonciation à
la pulsion, consécutive à l'angoisse devant l'agression de
l'autorité extérieure, cette angoisse étant liée
à la peur de perdre l'amour, amour qui protège contre l'agression
que constitue la punition ; ensuite, instauration de l'autorité
intérieure, renoncement consécutif à l'angoisse devant
cette autorité intérieure devenue la conscience morale. Dans
ce second stade, mauvaise intention et mauvaise action coïncident
; le désir ne peut être dissimulé au surmoi, d'où
le sentiment de culpabilité et le besoin de punition. Ainsi s'expliquent
les conduites des personnes asociales où le sentiment de culpabilité
précède l'acte délictueux au lieu de le suivre. Ce
besoin inconscient de punition correspond à une part d'agression
intériorisée et reprise par le surmoi. Toutefois Freud ne
confond pas surmoi et agressivité.
Si le surmoi est un résidu des premiers choix
d'objet, il réagit cependant contre ces choix par la contrainte
s'exprimant sous la forme de l'impératif catégorique. Il
ne se borne pas à donner au moi ce conseil : "Sois ainsi" (comme
ton père), mais il interdit : "Ne sois pas ainsi" (comme ton père),
autrement dit : "Ne fais pas tout ce qu'il fait ; beaucoup de choses lui
sont réservées, à lui seul." Ainsi, le surmoi parle.
Il est "la voix de la consciente", "la grosse voix". Lié à
la parole, le surmoi est une instance symbolique. Dans : "le Moi et le
ça" 1923, Freud nous dit que le surmoi ne peut renier ses origines
acoustiques, qu'il comporte des représentations verbales et que
ses contenus proviennent des perceptions auditives, de l'enseignement et
de la lecture.
J. Lacan prolonge cette analyse. Le surmoi, pour
lui, constitue une partie des commandements intériorisés
par le sujet. Mais c'est un énoncé discordant, exorbitant
par rapport à la loi pacifiante du symbolique. Ainsi le surmoi est-il
aussi ce qui pousse le sujet à aller au-delà du principe
de plaisir. Il lui prescrirait plutôt la jouissance. Cela oblige
d'ailleurs à distinguer surmoi et idéal du moi.
L'idéal et le surmoi
Avec les fonctions d'auto-conservation et de conscience
morale, le surmoi est aussi porteur de la fonction d'idéal. Surmoi
et idéal du moi sont souvent confondus, tant sont imbriqués
les deux aspects de l'idéal et de l'interdiction. A l'idéal
du moi, le moi se mesure, aspire à un perfectionnement toujours
plus avancé. Cette fonction d'idéal, corrélative,
comme le surmoi, de l'oedipte, ploge ses racines dans l'admiration de l'enfant
pour les qualités qu'il attribuait à ses parents. Mais le
surmoi, à la différence de l'idéal du moi, se situe
essentiellement sur le plan symbolique de la parole. L'un est contraignant,
l'autre, exaltant. Le surmoi est agent de dépression. mais il lui
arrive aussi, par l'atttude humoristique, de tempérer sa dureté.
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symbole
Elément des échanges et représentations
humains, qui a apparemment une fonction de représentation mais qui
est, plus fondamentalement, constitutif de la réalité humaine
elle-même.
Chez Freud
Pour Freud il est indéniable que le rêve
exprime parfois le désir refoulé par un symbole et, "dans
toute une série de cas, on voit clairement ce qu'il y a de commun
entre le symbole et ce qu'il représente".
Du point de vue de la pratique, et notamment de
l'interprétation, le rêve ne se décode pas avec une
grille de symboles, une "clé des songes". Elle suppose la prise
en compte des associations du rêveur, qui seules feront entendre
le sens que tel élément peut avoir pour lui. Ensuite, même
lorsqu'un symbole semble avoir une valeur universelle, il l'emprunte non
à une sorte de code autonome, renvoyant comme chez C.
Jung à un inconscient collectif, mais à des voies
associatives frayées par le langage : si l'image d'un homme montant
un escalier peut signifier le coït, c'est sans doute surtout parce
qu'en allemand on emploie le verbe "steigen ("monter") pour désigner
l'acte sexuel, ou parce qu'en français on désigne comme "vieux
marcheur" (les degrés de l'escalier sont des "marches") celui qui
en allemagne est un vieux monteur.
Avec Lacan
J. Lacan, quant à lui, aborde la question
du symbole assez différemment. Il part en effet du don, celui qui
établit l'échange entre les groupes humains, celui qui établit
l'échange entre les groupes humains, celui qui en ce sens est d'abord
signifiant d'un pacte. Or, si les objets du don peuvent avoir cette valeur,
c'est d'abord parce qu'ils sont dépouillés de leur fonction
utilitaire : "Valses faits pour être vides, boucliers trop lours
pour être portés, gerbes qui se dessécheront, piques
qu'on enfonce au sol, sont sans usage par destination sinon superflus par
leur abondance ("Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse",
1953, in Ecrits, 1966). Le symbole se constitue d'abord comme évidement"
du réel. Cette détermination est essentielle pour la psychanalyse.
Si le phallus a valeur de symbole, c'est précisément parce
qu'il ne se confond pas avec l'organe biologique.
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symbolique
Fonction complexe et latente qui embrasse toute
l'activité humaine, comportant une part consciente et une part inconsciente,
qui est attachée à la fonction du langage et plus spécialement
à celle du signifiant.
Le symbolique fait de l'homme un animal ("parlêtre") fondamentalement régi, subverti par le langage, lequel détermine les formes de son lien social et plus essentillement de ses choix sexués. On parle préférentiellement d'un ordre symbolique au sens où la psychanalyse a très tôt reconnu sa primauté dans la mise en oeuvre du jeu des signifiants qui conditionnent le symptôme, d'une part, d'autre part comme étant le véritable ressort du complexe d'OEdipe, qui porte ses conséquences dans la vie affective ; enfin, son principe a été reconnu comme organisant de façon sous-jacente les formes prévalentes de l'imaginaire (effets de compétition, de prestance, d'agression et de séduction).
Manque symbolique
Au sens de la psychanalyse est, par définition,
symbolique ce qui manque à sa place. Plus généralement,
désignant ce qui fait défaut ou ce qui a été
perdu (objets, être chers), non seulement le symbolique s'inscrit
dans l'expérience humaine la plus commune la fonction du manque,
mais cette rencontre contingente avec la perte implique son intégration
nécessaire sur un mode structural. Dès l'origine, ce manque
reçoit une signification proprement humaine par l'instauration d'une
corrélation entre ce manque et le signifiant qui le symbolise, pour
y laisser sa marque indélébile dans la parole et éterniser
le désir dans sa dimension d'irréductibilité.
Marque signifiante de l'absence
Mais l'enfant a lui-même à faire l'expérience
de ce manque dans sa relation à l'autre et J. Lacan a plusieurs
fois repris, dans : "Au-delà du principe de plaisir" 1920
de Freud, l'exemple canonique du jeu de l'enfant avec la bobine pour faire
remarquer que les premières manifestations phonatoires malhabiles
qui accompagnent le mouvement alterné de disparition (allem. Fort)
et de réapparition (allem. Da) instaurent une première opposition
phonématique qui connote déjà la présence-absence
de l'être cher de ses marques signifiantes.
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symptôme
Phénomène subjectif qui, pour la psychanalyse
constitue non le signe d'une maladie mais l'expression d'un conflit inconscient.
Pour S. Freud 1892, le mot "symptôme" prend un sens radicalement nouveau à partir du moment où il peut poser que le symptôme de conversion hystérique, généralement tenu pour simulation, est en fait pantomime du désir inconscient, expression du refoulé. Le symptôme, d'abord conçu comme la commémoration d'un traumatisme, se définira plus justement ensuite comme l'expression d'un accomplissement de désir et réalisation d'un fantasme inconscient servant à accomplir ce désir. Dans cette mesure, il est un retour d'une satisfaction sexuelle depuis longtemps refoulée, mais il est aussi une formation de compromis dans la mesure où le refoulement s'exprime aussi en lui.
C'est sur le formation de compromis que vont insister
les postfreudiens. Lacan commence en
1958 par dire que le symptôme "va dans le sens d'un désir
de reconnaissance, mais ce désir reste exclu, refoulé."
S'intéressant au réel comme pris dans une relation singulière
avec le symbolique et l'imaginaire, Lacan remarque que le symptôme
n'est pas que le signe d'un dysfonctionnement organique, au même
titre que le symptôme fonctionne normalement pour le médecin
et son savoir médical : "il vient du Réel, il est le Réel".
Précisant sa pensée, il explique que
"le symptôme, c'est l'effet du symbolique
dans le réel". Il ajoute en 1975 que le symptôme,
c'est ce que les gens ont de plus réel. N'ayant que peu à
faire avec l'imaginaire, le symptôme n'est pas une vérité
qui relève de la signification. S'il est "la nature propre de la
réalité humaine", la cure ne peut en aucun cas consister
à éradiquer le symptôme en tant qu'effet de structure
du sujet. en ce sens, il ne peut d'ailleurs être dissocié
dans autres ronds du noeud borroméen proposé par Lacan pour
présenter sa doctrine, le réel, le symbolique et l'imaginaire.
Par ailleurs, Lacan en
vient à l'hypothèse d'un noeud qui comprendrait d'emblée
quatre termes : le quatrième rond,
qui, là aussi, est défini comme symptôme, est à
la fois en relation avec le complexe d'OEdipe et le Nom-du-Père
(le
Séminare XXIII, 1975-76 "le Sinthome"). Cependant, comme le souligne
Lacan dans : "Conférences et entretiens" 1975, on est bien
en droit d'attendre que la cure psychanalytique fasse disparaître
les symptômes : mais ce quatrième rond, est-il vraiment prudent
d'en supprimer l'usage ?
"Les névrosés vivent une vie difficile
et nous essayons d'alléger leur inconfort... Une analyse n'a pas
à être poussée trop loin. Quand l'analysant pense qu'il
est heureux de vivre, c'est assez", écrit Lacan (Conférences
et entretiens). Une séparation d'avec l'objet d'amour, par exemple
par une interprétation sauvage, surtout si elle juste, peut être
justement catastrophique. C'est pourquoi, bien qu'en termes métaphoriques
et avec contradictions, Lacan a créé le terme de sinthome
pour désigner le quatrième rond du noeud borroméen,
et pour signifier que le symptôme doit "tomber", ce qui sous-entend
son étymologie, et que le sinthome (ancienne graphie de symptôme)
est ce qui ne chute pas, mais ce qui se modifie, se change pour que reste
possible la jouissance, le désir.
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Hypothèses sur les structures de la
personnalité
P. 146 du livre : "La personnalité normale et pathologique"
de Bergeret.
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Structures
Névrotiques |
surmoi | surmoi avec le ça | castration | refoulement
formation réactionnelle . |
génitale |
Structures Psychotiques | ça | ça avec la réalité | morcellement identitaire | déni de la réalité
dédoublement du moi clivage et projection |
fusionnelle |
(Structures)
Limites |
idéal du Moi | idéal du Moi avec ça & réalité | perte d'objet | clivage des objets
forclusion identification projective |
anaclitique |