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topique
Mode théorique de représentation du
fonctionnement psychique comme un appareil ayant une disposition spatiale.
Devant la nécessité de représenter
le psychisme comme une interaction dynamique d'instances, souvent fortement
conflictuelle, S. Freud propose de représenter ces instances par
un appareil psychique réparti dans l'espace. Il introduit une
première topique (1900) dans laquelle les
instances sont l'inconscient, la perception-conscience,
le préconscient. En 1920, dans
une seconde topique, Freud corrige la précédente
en lui ajoutant le ça,
le surmoi, le moi. Ces deux topiques ne sont pas superposables.
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topologie
Géométrie souple qui traite en mathématiques
des questions de voisinage, de transformation continue, de frontière
et de surface sans faire intervenir nécessairement la distance métrique.
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trace mnésique
Forme sous laquelle les événements,
ou plus simplement l'objet des perceptions, se
trouvent inscrits dans la mémoire, en divers points de
l'appareil psychique.
La théorie psychanalytique de la névrose
suppose une attention particulière à la façon dont
les événements vécus par le sujet, événements
éventuellement traumatiques, peuvent subsister en lui ("les
hystériques souffrent de réminiscences").
De là la nécessité de concevoir ce qu'il en est des
traces mnésiques, inscriptions des événements, qui
peuvent subsister dans le préconscient ou l'inconscient et être
réactivées dès lors qu'elles sont investies. Si en
effet toutes les traces de l'excitation subsistaient dans la conscience,
cela limiterait vite la capacité du système à recevoir
de nouvelles excitations : mémoire et conscience s'excluent.
Quant à ce qui est à proprement parler refoulé, il
faut bien qu'il subsiste aussi sous forme de trace mnésique puisqu'il
fait retour dans le rêve ou le symptôme.
Malgré quelques formulations ambiguës
de Freud, la trace mnésique n'est pas une image de la chose mais
un simple signe, qui ne comporte pas de qualité sensorielle particulière
et qui peut donc être comparé à un élément
d'un système d'écriture, à une lettre.
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trait unaire
Concept introduit par J. Lacan,
à partir de S. Freud, pour désigner le signifiant
sous sa forme élémentaire et pour rendre compte de l'identification
symbolique du sujet.
Selon Freud, lorsque l'objet est perdu, l'investissement
qui se portait sur lui est remplacé
par une identification qui est "partielle, extrêmement
limitée et [qui] n'emprunte qu'un trait
à la personne objet" (Psychologie collective et analyse
du moi, 1921). A partir de cette notion freudienne d'identification
à un trait unique, et en s'appuyant sur la linguistique de
F. de Saussure, Lacan élabore le concept de trait unaire.
Selon Saussure, la langue est constituée
d'éléments discrets, d'unités qui ne valent que par
leur différence. C'est pourquoi Lacan parle de "ce un auquel se
réduit en dernière analyse la succesion des éléments
signifiants, le fait qu'ils soient distincts et qu'ils se succèdent".
Le trait unaire est le signifiant en tant qu'il est une unité
et en tant que son inscription réalise une trace, une marque.
Quant à sa fonction, elle est indiquée par le suffixe "-aire"
puisque celui-ci évoque d'une part le comptage (il sert à
former des noms de valeur numérale) et de l'aute la différence
(les linguistes parlent de "traits distinctifs binaires", "tertiaires").
Pour expliquer comment le trait unaire entre en jeu,
Lacan utilise l'exemple suivant : il a observé au musée de
Saint-Germain-en-Laye une côte d'animal préhistorique couverte
d'une série de traits dont il suppose qu'ils ont été
tracés par un chasseur et que chacun représente une bête
tuée. "Le permier signifiant, c'est la coche, par où il est
marqué par exemple que le sujet a tué une bête, moyennant
quoi il ne s'embrouillera pas dans sa mémoire quand il en aura tué
dix autres. Il n'aura pas à se souvenir de laquelle est laquelle,
et c'est à partir de ce trait unaire qu'il les comptera" (Séminaire
"les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse", 1964).
Que chaque bête, quelles que soient ses particularités,
soit comptée comme une unité signifie que le trait unaire
introduit un registre qui est au-delà de l'apprence sensible. Dans
ce registre qui est celui du symbolique, la différence et l'identité
ne se fondent plus sur l'apparence, c'est-à-dire sur l'imaginaire.
L'identité des traits tient à ce qu'ils sont lus comme les
uns, quelles que soient les irrégularités de leur tracé.
Quant à la différence, elle est introduite par la sériation
des traits : les uns sont différents parce qu'ils n'occupent pas
la même place. Cette différence du signifiant à lui-même
lorsqu'il se répète est considérée par Lacan
comme une de ses propriétés fondamentales.
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transfert
Lien affectif intense s'instaurant de façon
automatique et actuelle du patient à l'analyste et témoignant
de ce que l'organisation subjective du patient est commandée par
un objet, appelé par J. Lacan objet a.
C'est à l'occasion de l'échec du traitement cathartique d'Anna O. avec J. Breuer que S. Freud a été amené à découvrir et à prendre en compte le phénomène du transfert et c'est ce qui l'a amené à renoncer à l'hypnose.
Caractéristiques du transfert
L'établissement de ce lien affectif intense
est automatique, incontournable et indépendant de tout contexte
de réalité. Il peut arriver que certaines personnes soient
"inaptes" au transfert mais, de ce fait, elles ne font pas de demande d'analyse,
demande qui, en soi, comporte d'emblée une dimension transférentielle
: le patient s'adresse à quelqu'un à qui il suppose un savoir.
En dehors du cadre de l'analyse, le phénomène
de transfert est constant, omniprésent
dans les relations, que ce soient des relations professionnelles,
hiérarchiques, amoureuses, etc. Dans ce cas, la différence
avec ce qui se passe dans le cadre d'une analyse consiste en ce que les
deux partenaires sont en proie chacun de son côté à
leur propre transfert, ce dont ils n'ont le plus souvent pas conscience
; et de ce fait n'est pas ménagée la place d'un interprète,
tel que l'incarne l'analyste dans le cadre de la cure analytique. En effet,
l'analyste, par son analyse personnelle, est supposé être
à même de savoir de quoi sont tissées ses relations
personnelles aux autres, de façon à ne pas venir interférer
avec ce qu'il en est du côté du patient. En outre, il s'agit
là d'une condition sine qua non pour que l'analyste soit disponible
et à l'écoute de son patient.
Il importe, et cela d'emblée, que l'analyste
puisse repérer quelle figure il vient incarner pour son patient.
Par exemple, c'est dans l'insistance même de Freud à vouloir
amener Dora à reconnaître un
désir inavoué pour Monsieur K. que Freud se fourvoie et provoque
l'arrêt du traitement. Que s'est-il produit ?
Freud, à son insu, a été mis par Dora à
cette place de Monsieur K. L'insistance même de Freud
témoigne de ce qu'il ne s'en est pas rendu compte et n'a fait que
reprendre l'insistance qui a été celle de Monsieur K. De
ce fait, Freud n'occupait plus la place d'interprète qui lui aurait
permis d'interpréter ce qui était mis à là
en acte.
Que sont les phénomènes de transfert
? Dans l'analyse du cas Dora (Fragments
d'une analyse d'hystérie, 1905), Freud dit : "Ce sont de nouvelles
éditions, des copies des tendances et des fantasmes qui doivent
être éveillés et rendus conscients par les progrès
de l'analyse, et dont le trait caractéristique est de remplacer
une personne antérieurement connue par la personne de l'analyste."
Transfert positif et transfert négatif
Par ailleurs, Freud, parlant du transfert, distingue
le transfert positif et le transfert négatif. Il a été
amené à faire cette distinction lorsqu'il a constaté
que le transfert pouvait devenir la plus forte résistance apposée
au traitement et lorsqu'il s'est demandé pourquoi. Cette distinction
répond à la nécessité selon Freud, de traiter
différemment ces deux sortes de transfert. Le transfert positif
se compose de sentiments amicaux et tendres conscients, et d'autres dont
les prolongements se trouvent dans l'inconscient et qui s'avèrent
avoir constamment un fondement érotique. A l'opposé, le transfert
négatif concerne l'agressivité à l'endroit de l'analyste,
la méfiance, etc. Pour Freud ("la Dynamique du transfert",
1912 ; trad. fr. in : "la Technique psychanalytique", 1953), "le
transfert sur la personne de l'analyste ne joue le rôle d'une résistance
que dans la mesure où il s'agit d'un transfert négatif, ou
bien d'un transfert positif composé d'éléments érotiques
refoulés".
Par contre, le transfert
positif, par la mise en confiance du patient, lui permet de parler plus
facilement de choses difficilement abordables dans un autre
contexte. Il est bien sûr évident que tout transfert est constitué
simultanément d'éléments positifs et négatifs.
Transfert et résistance
Le transfert se présente donc comme
une arme à double tranchant : d'une part, il est ce qui permet au
patient de se sentir en confiance et d'avoir envie de parler, de chercher
à découvrir et à comprendre ce qui se passe en lui
; d'autre part, il peut être le lieu des résistances les plus
obstinées au progrès de l'analyse. En effet, de la même
façon que dans les rêves, le patient en analyse donne aux
affects qu'il est amené à revivre un caractère d'actualité
et de réalité, et cela contre toute raison, sans tenir aucun
compte de ce qu'il en est réellement. Dans "la Dynamique du transfert",
Freud dit : "Rien n'est plus difficile en analyse que de vaincre les
résistances, mais n'oublions pas que ce sont justement ces phénomènes-là
qui nous rendent le service le plus précieux en nous permettant
de mettre en lumière les émois amoureux secrets et oubliés
des patients et en conférant à ces émois un caractère
d'actualité, car il faut se rappeler que nul ne peut être
tué in abstentia ou in effigie."
C'est parce que le transfert est le lieu et l'occasion
de la reproduciton de ces tendances, de ces fantasmes que Freud dit que
le transfert n'est qu'un fragment de répétition et que "la
répétition est le transfert du passé oublié
non seulement à la personne du médecin mais aussi à
tous les autres domaines de la situation présente" (Ecrits techniques).
C'est ici qu'intervient le rôle de la résistance : plus
la résistance à se souvenir est grande, plus la mise en actes,
c'est-à-dire la compulsion de répétition, va s'imposer.
C'est par le biais du maniement du transfert que
peu à peu cette compulsion à la répétition
va se transformer en une raison de se souvenir et permettre ainsi progressivement
au patient de se réapproprier son histoire.
Le contre-transfert
Un autre élément indissociable du
transfert, dont il est une sorte d'accompagnement obligé, est ce
que nous appelons le contre-transfert de l'analyste pour son patient. Il
consiste pour l'analyste à repérer quels affects son patient
suscite en lui et à savoir en tenir compte dans sa façon
d'interpréter le transfert de son patient. Encore une fois, cela
suppose que l'analyste soit à même d'analyser ce qui constitue
ce contre-transfert, de façon que celui-ci ne vienne pas interférer
dans le fonctionnement de l'analyse du patient mais permettre cependant
à l'analyste de se situer convenablement au regard du déroulement
de la cure.
Lacan nous a appris à prendre en compte le
fait que, lorsqu'un patient s'adresse à un analyste, il lui suppose
d'emblée un savoir sur ce qu'il cherche en lui-même. L'analyste
est mis d'emblée en position d'être celui qui sait, appelé
le grand Autre par Lacan, qui nous rappelle qu'il ne peut y avoir de parole
proférée ni même de pensée élaborée
sans cette référence à un grand Autre auquel implicitement
nous nous adressons et qui serait là le garant d'un bon ordre des
choses. Il en résulte que le transfert n'existe qu'en tant que phénomène
qui accompagne l'exercice de la parole. Sans exercice de la parole, il
n'y aurait pas de transfert possible.
Résolution du transfert
La résolution du transfert correspond au
dégagement de ce lieu du manque de l'analysant, qui n'est jamais
rien d'autre que le point où s'origine son désir, point qui
correspond à l'absence de réponse dernière de l'Autre,
qui est non pas refus de réponse, mais inaptitude foncière,
fondatrice, à répondre à la demande du sujet.
La persistance du transfert témoigne de ce que le sujet continue
à espérer que cet Autre finira
par se décider à lui répondre. Tant
que le sujet reste aux prises avec cet espoir, ou si au contraire cet espoir
se transforme en déception, le transfert n'est pas résolu.
Il s'agit pour le sujet, à travers l'expérience du transfert,
de déchiffrer quels sont les termes de cette demande qu'il adresse
à l'Autre, puis de consentir à ce que cette demande reste
sans réponse, et cela non pas du fait d'une défaillance ou
d'une mauvaise volonté de cet Autre mais du strict fait de son rapport
au langage en tant que sujet parlant, qui le confronte irréductiblement
au manque de signifiant dans l'Autre.
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transitionnel (objet)
Selon D. W. Winnicott,
premier objet matériel possédé
en propre par le nourrison, que celui-ci ne reconnaît
pourtant pas comme appartenant à la réalité extérieure,
bien qu'il ne fasse pas partie de son corps propre.
L'hypothèse de base de cette proposition théorique
a été forumulée par Winnicott dans un exposé
présenté à la Société psychanalytique
britannique le 30 mai 1951. Il s'agit d'une étude de la première
possession non-moi et il apparaît nécessaire de souligner
avec Winnicott ce terme de possession qui n'est pas possession d'objet,
le premier objet non-moi étant le sein. La séquence qui commence
par le fait, pour le nouveau-né, d'utiliser sa bouche en y mettant
les doigts et qui se termine par l'attachement très vif de l'enfant
pour un ours ou une poupée, un objet dur ou un objet moelleux est
celle qui permet d'étudier la nature de cette possession ; c'est
la capacité pour l'enfant à reconnaître un objet comme
non-moi, à le placer au-dehors, au-dedans ou à
la limite du dehors et du dedans. C'est aussi la
capacité qu'a un enfant de créer, d'imaginer, d'inventer,
de concevoir un objet et d'instituer avec lui une relation de type affectueux.
Winnicott indique que ce
n'est pas l'objet qui est transitionnel mais qu'il représente la
transition. C'est ce que montre la perte progressive de toute
signification de ces phénomènes, associée au désinvestissement
de l'objet. En clinique, Winnicott a recours au "jeu du squiggle", qui
désigne un tracé libre que fait le thérapeute, que
l'enfant reprend ; le thérapeute en fait un autre, etc., dans une
série d'échanges ludiques. Winnicott travaille ainsi la relation
thérapeutique face à la séparation et à la
perte.
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traumatisme
Evénement inassimilable pour le sujet, généralement
de nature sexuelle, et tel qu'il peut paraître constituer une condition
déterminante de la névrose.
Un des exposés du traitement d'Anna
O. par J. Breuer dit : sous
hypnose, cette jeune femme hystérique, qui souffre notamment d'une
impossibilité de boire, d'origine psychique, se souvient d'avoir
vu un chien, appartenant à une gouvernante qu'elle n'aimait pas,
boire dans un verre. Freud, tirant le conclusions d'exemples de ce
type, donnera une théorie générale du symptôme
hystérique : "Les symptômes étaient,
pour ainsi dire, comme des résidus d'expériences émotives
que, pour cette raison, nous avons appelées plus tard (traumatismes
psychiques) : leur caractère particulier s'apparentait à
la scène traumatique qui les avait provoqués" (Cinq
leçons sur la psychanalyse, 1910).
Cette hypothèse, cependant, amène
plus de problèmes peut-être qu'elle n'en résout. Qu'est-ce
qui fait que tel événement a valeur de traumatisme pour tel
sujet ? Freud et Breuer disent plus précisément, dans les
"Etudes sur l'hystérie 1895", que la cause du symptôme
est plutôt à chercher dans l'absence de réaction au
traumatisme, qu'il s'agisse d'une réaction affective, d'une réaction
par la parole (Anna O. n'avait rien dit, par politesse) ou encore d'une
rectification de la portée du traumatisme liée à son
intégration "dans le grand complexe des associations". Il faut alors
se demander ce qui empêche qu'il y ait réaction adéquate
au traumatisme, ce qui le rend inassimilable, et cette dernière
question ouvre la voie à une théorie du refoulement.
Ajoutons que très tôt Freud s'aperçoit
q'on se trouve très rarement face à un traumatisme isolé.
Le travail analytique, ou déjà l'hypnose, fait apparaître
une série de traumatismes semblables dans l'histoire du sujet. Or,
un traumatisme qui se répète, est-ce encore un traumatisme
? Il ne peut plus se concervoir comme rupture brutale, inattendue, du cours
de l'existence. Il s'inscrit, précisément, dans ce que la
psychanalyse nomme "répétition", c'est-à-dire dans
un ordre certes contraignant, mais où le sujet met sans doute du
sien.
Sexualité et pulsion de mort
Dans les premières oeuvres de Freud, et notamment
dans ses lettres à Fliess (1887-1902) [trad. fr. "la Naissance
de la psychanalyse, 1956], la théorie du traumatisme est liée
à celle de la séduction précoce.
Là encore, l'explication a figure d'évidence
: le sujet névrosé évoque volontiers, pour expliquer
les troubles dont il souffre, une confrontation brutale avec la sexualité,
une confrontation qui aurait eu lieu trop tôt, provoquée par
la contrainte ou en tout cas la perversité d'un adulte. C'était
ce que les femmes hystériques traitées par Freud, notamment,
lui racontaient : elles avait été
l'objet de violences sexuelles exercées par un proche, parfois le
père lui-même. Quant aux obsessionnels, si Freud
pense qu'un incident sexuel précoce avait pu chez eux être
accompagné de plaisir et non de dégoût et d'effroi,
il n'en suppose pas moins, avant cette expérience active de plaisir,
une "scène de passivité sexuelle". Notons par ailleurs que
la théorie de la séduction précoce suppose une action
traumatique en deux temps : l'incident déplaisant aurait eu généralement
lieu dans l'enfance, voire dans la petite enfance. Mais c'est seulement
lorsqu'il se trouve réactivé, dans l'après-coup, à
la puberté, qu'il se montre réellement pathogène.
Freud cependant devait abandonner la théorie
de la séduction précoce. Devant
les récits trop systématiques de ses patients, et notamment
des hystériques, il se mit à concevoir des doutes, et peu
à peu s'imposa l'idée
que l'incident sexuel invoqué n'avait pas réellement eu lieu,
qu'il appartenait en fait à la sphère du fantasme. La théorie
de la sexualité infantile, à laquelle il se trouva alors
amené, rendit caduque l'idée
d'un enfant introduit de l'extérieur à la sexualité,
victime seulement de la perversité des adultes.
Si le traumatisme, en tant qu'incident sexuel précoce,
perd assez vite son rôle explicatif dans la théorie freudienne,
il va retrouver sous une toute autre forme une place non négligeable
dans les années 1920. La première Guerre mondiale, en effet,
multiplie les cas où le sujet semble atteint d'une "névrose
traumatique", c'est-à-dire liée essentiellement à
un événement violent. Par généralisation, on
observe le retour répétitif, chez des sujets ayant été
confrontés à des incidents terribles, y compris à
l'âge adulte, de la scène insupportable. Le sujet peut par
exemple la revivre régulièrement en rêve, ce qui oblige
d'ailleurs à compléter la définition du rêve
comme réalisation de désir. La névrose traumatique
constitue un des points de départ de la théorie freudienne
de la pulsion de mort.
En conclusion cependant, il semble difficile, dans
le cadre de l'élaboration psychanalytique, de donner une valeur
trop grande à ce qui est seulement événementiel. Les
événements, sexuels ou non, sont toujours réélaborés
par le sujet, intégrés au savoir inconscient. Si vraiment
nous voulions garder l'idée d'un traumatisme, il serait plus juste
de dire que le sujet, en tant que tel, subit en effet un traumatisme :
un traumatisme constitutif, qui est l'existence même du langage,
puisque, dès lors qu'il parle, il n'a pas d'accès direct
à l'objet de son désir, qu'il doit s'engager dans la demande
et en est réduit finalement à faire passer sa jouissance
par le langage lui-même.
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travail du deuil
Processus par lequel le sujet lutte contre la réaction
dépressive, entraînée chez lui par la perte d'un être
cher.
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