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Petite Bibliothèque Payot : 317 pagesLa vie banale de chaque jour n’est-elle pas aux antipodes des troubles psychiques ? Freud détruit cette illusion car, entre le normal et le pathologique, il n’existe pas de frontières étanches. Oublier un nom, casser un bibelot familier, se tromper de clefs, commettre un lapsus, tous ces petits accidents ordinaires doivent s’interpréter comme des manifestations de l’inconscient. En effet celui-ci travaille sans cesse, infatigablement.

Freud a montré comment le rêve était la voie royale d’accès à l’inconscient. Il dessine dans cet ouvrage de 1901 d’autres chemins cers cette part de chaque sujet qui échappe à son contrôle et qui, par ses manifestations, traduit ses désirs.

Dans : « Psychopathologie de la vie quotidienne », la virtuosité de Freud à analyser des formations de l’inconscient émerveille et apporte au lecteur le plaisir de voir, à travers une foule de cas souvent pittoresques, des énigmes résolues.
 
 

Table

1. Oubli de noms propres
2. Oubli de mots appartenant à des langues étrangères
3. Oubli de nom et de suites de mots
4. Souvenirs d’enfance et « souvenirs-écrans »
5. Les lapsus
6. Erreurs de lecture et d’écriture
7. Oubli d’impression et de projets
8. Méprises et maladresses
9. Actes symptomatiques et accidentels
10. Les erreurs
11. Association de plusieurs actes manqués
12. Déterminisme. Croyance au hasard et superstition. Points de vue
 
 

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1. Oubli de noms propres
... Je prétends qu’il existe, entre le nom ou les noms de substitution et le nom cherché, un rapport possible à trouver, et j’espère que, si je réussis à établir ce rapport, j’aurai élucidé le processus de l’oubli de noms propres.

Oubli, mais aussi remémoration fautive. A celui qui s’efforce de se rappeler le nom qui lui  échappé, d’autres noms « des noms de substitution » viennent à la conscience

S.F tentait de se remémorer le nom du maître qui avait créé les fresques de la cathédrale d’Orvieto. Au lieu de dire Signorelli, deux autres noms de peintres s’imposèrent à lui : Botticelli et Boltraffio. 

Circonstances : « je faisais une excursion en voiture avec un étranger, de Raguse en Dalmatie à une station d’Herzégovine. Ils parlaient de voyage en Italie, et donc, de la cathédrale d’Orvieto.

Mais il est important de dire que peu de temps avant de parler des fresques du célèbre peintre, S.F parlait des turcs vivant en Bosnie et en Herzégovine. Il avait changé de conversation pour fuir le sujet. Il disait des turcs qu’ils avaient l’habitude de se montrer plein de confiance envers le médecin et plein de soumission envers le destin. Quand on leur dit qu’on ne peut plus rien pour un malade ils répondent : »Herr, je sais que s’il pouvait être sauvé, tu l’aurais sauvé ! »
De plus, S.F se souvient qu’il voulait aussi raconter une seconde anecdote : « les turcs mettent la jouissance sexuelle au-dessus de tout, et lorsqu’ils sont atteints de troubles sexuels, ils sont pris d’un désespoir insurmontable. L’un des patients d’un confrère lui avait dit un jour : « tu le sais bien, Herr, quand ça ne marche plus, alors la vie ne vaut plus rien ». Mais Il s’abstint d’aborder cette conversation devant un étranger. 
S.F voulait éviter le thème « mort et sexualité » car il était sous le coup d’une nouvelle qu’il avait reçue à peine quelques semaines auparavant durant un bref séjour à Trafoï. Un patient pour lequel il s’était donné bc de peine venait de mettre fin à ses jours à cause d’un trouble sexuel incurable. D’où la concordance >Trafoï-Boltraffio<

« Je voulais donc oublier quelque chose que j’avais oublié. Je voulais, en vérité, oublier autre chose que le nom du maître d’Orvieto ; mais cette autre chose parvint à établir une liaison associative avec le nom de celui-ci. » 

2. Oubli de mots appartenant à des langues étrangères
S. Freud nous expose le cas d’un jeune homme de formation universitaire rencontré au cours d’un voyage de vacances. 
La conversation portant sur la situation sociale de chacun, et le jeune homme ambitieux, se plaignait de l’état d’infériorité auquel était condamnée sa génération.
 Il conclut par le célèbre vers de Virgile : Exoriar(e) aliquis nostris ex ossibus altor !, mais ne parvient pas à reconstituer entièrement la citation puisqu’il oublie aliquis.

 S. Freud va démontrer que cet oubli n’est pas dû au hasard.
 Il avait mis en évidence un premier mécanisme de l’oubli avec le cas *Signorellis, il va, avec le cas aliquis, mettre en évidence un second mécanisme de l’oubli « consistant dans la perturbation d’une idée par une contradiction intérieure et inconsciente venant d’une source refoulée ».
 Alors que pour signorellis, c’est le sujet de la conversation qui est en cause.

 Le jeune homme, après s’être plaint, annonce qu’une nouvelle génération viendra qui vengera les opprimés d’aujourd’hui. L’idée de postérité qu’il émet est en contradiction avec sa propre postérité qu’il redoute. Il fait donc un blocage sur le mot aliquis.

 S.Freud lui demande d’exprimer ce qui lui vient à l’esprit lorsqu’il entend ce mot.

- Il fait tout d’abord une décomposition du mot en a et liquis
- Il pense à Reliques, liquidation, liquide, fluide
- Il pense à Simon de trente dont il a vu les reliques
- Il pense à un article de journal : »l’opinion de st Augustin sur les femmes »
- Il pense à un vieillard, Benoît
- Après cette série de st et de pères lui vient st janvier et le miracle du sang (On conservait le sang de St Janvier, dans une église, (dans une fiole) > miracle = il se liquéfiait tous les ans. Le peuple était mécontent lorsque le miracle était retardé.

>> Là lui vient la source refoulée : La peur de recevoir la nouvelle que les règles d’une dame se soient arrêtées, ce qui serait pour lui synonyme de postérité.

... Nous venons de constater l’existence d’un deuxième mécanisme de l’oubli, consistant dans la perturbation d’une idée par une contradiction intérieure venant d’une source refoulée.

3. Oubli de noms et de suites de mots
Lorsque j’analyse les cas d’oubli de noms que j’ai observés sur moi-même, je constate presque régulièrement que le nom oublié se rapporte à un sujet qui touche ma personne de près et est capable de provoquer en moi des sentiments violents, souvent pénibles.
... Un de mes patients me prie de lui indiquer une station thermale sur la Riviera. Je connais une station de ce genre tout près de Gênes, je me rappelle même le nom du collègue allemand qui y exerce, mais je suis incapable de nommer la station que je crois pourtant bien connaître. Il ne me reste qu’à prier le patient d’attendre quelques instants... « Et dire que c’est toi qui oublies son nom ! Il s’appelle Nervi. » C’est que Nervi sonne comme Nerven (nerfs), et les nerfs constituent l’objet de mes préoccupations constantes.

... C’est comme si quelque chose me poussait à rapporter à ma propre personne tout ce que j’entends dire et raconter concernant des tiers, comme si tout renseignement relatif à des tiers éveillait mes complexes personnels. Il ne s’agit certainement pas là d’une particularité individuelle...

4. Souvenirs d’enfance et « souvenirs-écrans »
... Tout ce que je me propose de faire aujourd’hui, c’est de montrer la similitude qu’il existe entre l’oubli de noms accompagné de faux souvenirs et la formation de souvenirs-écrans.
... Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de défectuosités de la mémoire, laquelle reproduit non le souvenir exact, mais quelque chose qui le remplace. Dans l’oubli de noms, la mémoire fonctionne, mais en fournissant des noms de substitution. Dans le cas de souvenirs-écrans, il s’agit d’un oubli d’autres impressions, plus importantes. Dans les deux cas, une sensation intellectuelle nous avertit de l’intervention d’un trouble dont la forme varie d’un cas à l’autre. Dans l’oubli de noms, nous savons que les noms de substitution sont faux ; quant aux souvenirs-écrans, nous nous demandons seulement avec étonnement d’où ils viennent.

... Certains souvenirs sont déformés, incomplets ou ont subit un déplacement dans le temps et dans l’espace... Au cours de la vie ultérieurs, des forces puissantes ont influencé et façonné la faculté d’évoquer les souvenirs d’enfance, et ce sont probablement ces mêmes forces qui, en général, nous rendent si difficile la compréhension de nos années d’enfance.

 

 

... Pour les souvenirs d’enfance, on observe, pour ainsi dire, la même régression que pour les rêves : ces souvenirs prennent un caractère plastiquement visuel, même chez les personnes dont les souvenirs ultérieurs sont dépourvus de tout élément visuel. C’est ainsi que les souvenirs visuels se rapprochent du type des souvenirs infantiles.
... Tout cela nous oblige à admettre que ce qu’on trouve dans les soi-disant souvenirs de la première enfance, ce ne sont pas les vestiges d’événements réels, mais une élaboration ultérieure de ces vestiges, laquelle a dû s’effectuer sous l’influence de différentes forces psychiques intervenues par la suite. C’est ainsi que les « souvenirs d’enfance » acquièrent, d’une manière générale, la signification de « souvenirs-écrans ».

5. Les lapsus
Dans un article destiné au grand public : « Comment on commet un lapsus », Meringer fait ressortir la signification pratique que possèdent dans certains cas les substitutions de mots, celles notamment où un mot est remplacé par un autre, d’un sens opposé. « On se rappelle encore la manière dont le président de la Chambre des Députés autrichienne a, un jour, ouvert la séance : « Messieurs, dis-il, je constate la présence de tant de députés et déclare, par conséquent, la séance (close) ». c’est que dans son for intérieur, le président « souhaitait » pouvoir enfin clore cette séance dont il n’attendait rien de bon.

6. Erreurs de lecture et d’écriture
Il existe, entre les lapsus, d’une part, les erreurs de lecture et d’écriture, d’autre part, une affinité telle que les points de vue adoptés et les remarques formulées concernant les premiers s’appliquent parfaitement à ces dernières.

7. Oubli d’impressions et de projets
... J’ai trouvé notamment que « dans tous les cas l’oubli était motivé par un sentiment désagréable ».
... IL est deux situations dans la vie où le profane lui-même se rend compte que l’oubli de projets n’est nullement un phénomène élémentaire irréductible, mais autorise à conclure à l’existence de motifs inavoués. Je veux parler de l’amour et du service militaire. Un amoureux qui se présente à un rendez-vous avec un certain retard aura beau s’excuser auprès de sa dame en lui disant qu’il avait oublié ce rendez-vous. Elle ne tardera pas à lui répondre : « Il y a un an, tu n’aurais pas oublié. C’est que tu ne m’aimes plus. »

8. Méprises et maladresses
Au travail, déjà mentionné, de Meringer et Mayer j’emprunte encore le passage suivant : « Les lapsus de la parole ne sont pas des phénomènes isolés. Ils correspondent aux erreurs auxquelles sont sujettes les autres activités des hommes et qui sont connues sous la dénomination absurde d’oublis. » Je ne suis donc pas le premier à avoir attribué un sens et une intention aux petits troubles fonctionnels de la vie quotidienne.
... Les maladresses servent les intentions inavouées.
... Lorsqu’un membre de ma famille se plaint de s’être mordu la langue, écrasé un doigt, etc., je ne manque jamais de lui demander : « Pourquoi l’as-tu fait ? Mais je me suis moi-même écrasé le pouce, un jour où l’un de mes jeunes patients m’a fait part, au cours de la consultation, de son intention (qui n’était d’ailleurs pas à prendre aux sérieux) d’épouser ma fille aînée, alors qu’elle se trouvait précisément dans un sanatorium et que son état de santé m’inspirait les plus graves inquiétudes.
... Je connais plus d’un soi-disant « accident » malheureux (chute de cheval ou de voiture) qui, analysé de près autorise l’hypothèse d’un suicide inconsciemment consenti.

9. Actes symptomatiques et accidents
Les actes accidentels, dont il sera question dans ce chapitre, ne se distinguent des méprise que par le fait qu’ils ne recherchent pas l’appui d’une intention inconsciente et n’ont pas besoin d’un prétexte. On les accomplit, « sans penser à rien à leur propos », « d’une façon purement accidentelle », « comme si l’on voulait seulement occuper ses mains », et l’on considère que cette explication doit mettre fin à tout examen ultérieur quant à la signification de l’acte.
... J’ai cru pouvoir conclure que ces actes méritent plutôt le nom de « symptomatique ». Ils expriment quelque chose que l’auteur de l’acte lui-même ne soupçonne pas et qu’il a généralement l’intention de garder pour lui, au lieu d’en faire part aux autres.
... La moisson la plus abondante de ces actes accidentels ou symptomatiques nous est d’ailleurs fournie par les résultats du traitement psychanalytique des névroses.

... Les actes symptomatiques, dont on trouve une variété inépuisable aussi bien chez l’homme sain que chez l’homme malade, méritent notre intérêt pour plus d’une raison. Ils fournissent au médecin des indications précieuses qui lui permettent de s’orienter au milieu de circonstances nouvelles ; elles révèlent à l’observateur profane tout ce qu’il désir savoir, et quelquefois même plus qu’il ne désire.
... Nous connaissons les actes symptomatiques accomplis par des époux et qui consistent à enlever et à remettre machinalement leur alliance...

10. Les erreurs
... Nous parlons « d’erreur », au lieu de parler de « faux souvenir », lorsque dans les matériaux psychiques qu’ont veut reproduire on tient à mettre l’accent sur leur réalité objective, c’est-à-dire lorsqu’on veut se souvenir d’autre chose que d’un fait de la vie psychique de la personne qui cherche à se souvenir, d’une chose pouvant être confirmée ou réfutée par le souvenir d’autres personnes.
... Donc, ici encore il s’agissait d’une erreur passée inaperçue et constituant comme une revanche pour un refoulement ou une suppression intentionnels.
... Mais, en réalité, j’avais totalement oublié de préparer ces livres, car je n’approuvais pas tout  fait le voyage de mon malade, dans lequel je voyais une interruption inutile du traitement. Je jette un rapide coup d’œil à ma bibliothèque, la recherche des deux livres que j’avais promis à mon malade... Je n’ignorais pas que les Médicis n’avaient rien à voir avec Venise ; mais au moment où j’enlevais ce dernier livre du rayon de la bibliothèque, je ne pensais pas du tout qu’un ouvrage sur les Médicis n’avait rien à apprendre à quelqu’un qui s’intéressait à Venise.
... Toutes les fois où j’essaie de déformer un fait, je commets une erreur ou un autre acte manqué qui révèle mon manque de sincérité.

11. Association de plusieurs actes manqués

12. Déterminisme, croyance au hasard
et superstition. Points de vue

Certaines insuffisances de notre fonctionnement psychique et certains actes en apparence non-intentionnels se révèlent, lorsqu’on les livre à l’examen psychanalytique, comme parfaitement motivés et déterminés par des raisons qui échappent à la conscience.
... Ce qui me distingue d’un homme superstitieux, c’est donc ceci : « Je ne crois pas qu’un événement, à la production duquel ma vie psychique n’a pas pris part, soit capable de m’apprendre des choses cachées concernant l’état à venir de la réalité ; mais je crois qu’une manifestation non intentionnelle de ma propre activité psychique me révèle quelque chose de caché qui, à son tour, n’appartient qu’à ma vie psychique : je crois au hasard extérieur (réel), mais je ne crois pas au hasard intérieur (psychique). C’est le contraire du superstitieux : il ne sais rien de la motivation de ses actes accidentels et actes manquées, il croit par conséquent au hasard extérieur ; en revanche, il est porté à attribuer au hasard extérieur une importance qui se manifestera dans la réalité à venir, et à voir dans le hasard un moyen par lequel s’expriment certaines choses extérieures qui lui sont cachées.
... En ce qui concerne les quelques rares et rapides sensations de « déjà vu » que j’ai éprouvées moi-même, j’ai toujours réussi à leur assigner pour origine les constellation affectives du moment. « Il s’agissait chaque fois du réveil de conceptions et de projets imaginaires qui correspondait, chez moi, au désir d’obtenir une amélioration de ma situation ».
 
 

     J’accepterai volontiers toute remarque au sujet d'une inexactitude quelconque concernant les écrits, 
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