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III – LES METAMORPHOSES DE LA PUBERTE
 

1. Le primat des zones génitales et le plaisir préliminaire
... Cet appareil doit être mis en action par des stimulations... Ces trois voies aboutissent à un même état que l’on désigne comme « excitation sexuelle »... Celui d’une mise en condition, d’une préparation à l’acte sexuel. (L’érection du membre viril, la lubrification du vagin)

? La tension sexuelle
... Cet attouchement provoque à lui seul un sentiment de plaisir, mais, en même temps, il est plus que tout autre propre à éveiller l’excitation sexuelle, laquelle réclame un supplément de plaisir. Comment le plaisir ressenti peut-il engendrer le besoin d’un plus grand plaisir ? Voilà justement le problème.

? Mécanisme du plaisir préliminaire
... Il ne me semble pas injustifié de fixer par une dénomination cette différence de nature entre le plaisir engendré par l’excitation des zones érogènes et celui qui accompagne l’évacuation des matière sexuelles. Le premier peut être légitimement désigné comme « plaisir préliminaire », par opposition au « plaisir terminal »... La formule de la nouvelle fonction des zones érogènes pourrait dès lors être énoncée ainsi : elles sont destinées à rendre possible, grâce au plaisir préliminaire qui, comme dans la vie infantile, peut en être tiré, la production du plaisir plus grand de la satisfaction.

? Dangers du plaisir préliminaire
Si le plaisir est trop grand, il peut prendre la place du but sexuel normal... Tel est, en fait, le mécanisme de nombreuse perversions qui consistent en un arrêt aux actes préparatoires du processus sexuel.

2. Le problème de l’excitation sexuelle

? Rôle des matières sexuelles
... La décharge des matières sexuelles mettrait fin à l’excitation sexuelle... L’accumulation des matières sexuelles créerait et entretiendrait la tension sexuelle.

? Importance des parties sexuelles internes
Mais l’excitation sexuelle peut être indépendante de la production des matières sexuelles. Ex : les castrats mâle conservent leur libido.

? Théorie chimique
... Nous sommes dès lors en droit de croire que la partie interstitielle des glandes génitales sécrète des substances chimiques particulières qui, recueillies dans la circulation sanguine, font que certaines parties du système nerveux central se chargent de tension sexuelle, sur le modèle de cas analogues que nous connaissons où l’introduction d’autres toxines étrangères au corps donne lieu à la transposition d’une stimulation toxique en stimulation organique spécifique.

3. La théorie de la libido

... Nous nous formons par conséquent la représentation d’un quantum de libido, dont nous appelons le représentant psychique : « libido du moi », et dont la production, l’augmentation ou la diminution, la distribution et le déplacement devraient nous offrir les moyens d’expliquer les phénomènes psychosexuels observés.
... La libido narcissique ou libido du moi nous apparaît comme le grand réservoir d’où sont envoyés les investissements d’objet et dans lequel ils sont à nouveau retirés ; et l’investissement libidinal narcissique du moi comme l’état originel réalisé dans la première enfance, que les émissions ultérieurs de la libido ne font que masquer et qui au fond subsiste derrière elles.
Le but d’une théorie libidinale des troubles névrotiques et psychotiques devrait être d’exprimer tous les phénomènes observés et les processus inférés en termes d’économie libidinale. Il est facile à deviner que les destins de la libido du moi se verront attribuer à cette occasion une importance majeure, surtout lorsqu’il s’agira d’expliquer les troubles psychotiques plus profonds.

4. Différenciation de l’homme et de la femme

On sait que ce n’est qu’à la puberté que s’établit la séparation tranchée des caractères masculin et féminin... L’activité autoérotique (des enfants) est la même pour les deux sexes et, en raison de cette concordance, la possibilité d’une différence des sexes, telle que celle qui se met en place après la puberté, est supprimée pour la durée de l’enfance... Il est même possible de soutenir que la libido est de nature masculine...

? Zones directrices chez l’homme et chez la femme
...Lorsque la stimulabilité érogène a été transférée avec succès du clitoris à l’orifice vaginal, la femme a changé sa zone directrice contre celle qui régit son activité sexuelle ultérieure, alors que l’homme a conservé la sienne depuis l’enfance. Dans cet échange de zone érogènes directrices, de même que dans la vague de refoulement de la puberté qui, pour ainsi dire, met à l’écart la virilité infantile, résident les conditions principales de la disposition de la femme aux névroses, en particulier à l’hystérie. Ces conditions sont donc liées intimement à l’essence de la féminité.

 

 

 

5. La découverte de l’objet

? Objet sexuel de la période d’allaitement
... La mère serait probablement effrayée si on lui expliquait qu’avec toutes ses marques de tendresse elle éveille la pulsion sexuelle de son enfant et prépare son intensité future.
... Un excès de tendresse parentale sera assurément nuisible en hâtant la maturation sexuelle, et aussi parce qu’il « gâtera » l’enfant, le rendra incapable dans sa vie future de se passer provisoirement d’amour.

? Angoisse infantile
... L’angoisse des enfants n’est rien d’autre à l’origine que l’expression du fait que la personne aimée leur manque ; de ce fait, ils abordent chaque étranger avec angoisse... seuls les enfants dont la pulsion sexuelle est excessive ou prématurément développée ont un penchant à l’anxiété. L’enfant se comporte à cet égard comme l’adulte en transformant sa libido en angoisse dès lors qu’il est incapable de la mener la satisfaction ; et en revanche, l’adulte devenu névrosé en raison d’une libido insatisfaite, se conduira dans son angoisse comme un enfant, se mettra à éprouver de la crainte dès qu’il sera seul.
... Le fait que l’angoisse névrotique naît de la libido, qu’elle est le produit de la transformation de cette dernière et que, par conséquent, elle est à la libido à peu près ce que le vinaigre est au vin, est un des résultats les plus importants de la recherche psychanalytique.

? Barrière contre l’inceste
... Mais l’ajournement de la maturation sexuelle aura permis de gagner le temps nécessaire pour ériger, à côté des autres inhibitions sexuelles, la barrière contre l’inceste et se pénétrer des préceptes moraux qui excluent expressément du choix d’objet...
...il y a des personnes qui n’ont jamais surmonté l’autorité des parents et qui ne leur ont pas retiré la tendresse qu'ils leur vouaient, sinon de manière très imparfaite. Il s’agit pour la plupart de filles, qui, à la joie de leurs parents, persistent bien au-delà de la puberté dans un amour filial absolu ; et c’est là qu’il devient très instructif de constater, une fois que ces filles sont mariées, qu’il leur manque la capacité de donner à leurs maris ce qui leur est dû. Elle deviennent des épouses froides et restent sexuellement anesthésiques.

Plus on se rapproche des troubles profonds du développement psychosexuel, plus la signification du choix d’objet incestueux apparaît de façon impossible à méconnaître. Chez les psychonévrosés, par suite du refus de la sexualité, un grandes partie ou la totalité de l’activité psychosexuelle déployée pour la découverte de l’objet reste dans l’inconscient. Chez les filles qui ont un besoin excessif de tendresse et une horreur tout aussi grande des exigences réelles de la vie sexuelle, cela aboutit à la tentation irrésistible, d’une part, de réaliser dans leur existence l’idéal de l’amour asexuel et, d’autre part, de dissimuler leur libido derrière une tendresse qu’elles puissent exprimer sans se faire de reproches, en même temps qu’elles conservent, leur vie durant, leur penchant infantile, ravivé à la puberté, pour leur parents ou leurs frères et soeurs.

? Effet ultérieur du choix d’objet infantile
Même celui qui a réussi à éviter la fixation incestueuse de sa libido n’échappe pas totalement à son influence.
... Si les relations de l’enfant avec ses parents ont une telle importance pour le choix futur de l’objet sexuel, on comprend facilement que toute perturbation de ces relations de l’enfance ait les conséquences les plus graves sur la vie sexuelle après la maturité ; même la jalousie des amants ne manque jamais d’avoir une racine infantile. Les querelles entre les parents eux-mêmes, leur mariage malheureux déterminent chez leurs enfants la prédisposition la plus grave à des troubles du développement sexuel ou à des affections névrotiques.

? Prévention de l’inversion
En premier lieu, l’inhibition autoritaire qui vient de la société...
On peut admettre en suite, pour l’homme, que les souvenirs d’enfance relatifs à la tendresse de la mère et d’autres personnes de sexe féminin auxquelles il fut confié enfant, contribuent énergiquement à orienter son choix vers la femme, tandis que l’intimidation sexuelle précoce subie de la part du père et le fait d’être en concurrence avec lui le détournent de son propre sexe.
... L’éducation des garçons par des personnes de sexe masculin, ainsi que la moindre participation personnelle des mères aux soins de leurs enfants, permettent de comprendre un peu mieux la fréquence de l’inversion dans la noblesse actuelle.