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Freud

Trois essais
Sur la théorie
Sexuelle
 

« Devant le fait que les penchants pervers étaient largement répandus, l’idée s’imposa à nous que la prédisposition aux perversions était la prédisposition originelle et universelle de la pulsion sexuelle humaine, à partir de laquelle le comportement sexuel normal se développait au cours de la maturation sous l’effet de modifications organiques et d’inhibitions psychiques. Nous espérions dégager la prédisposition originelle dans l’enfance ; parmi les forces qui délimitent l’orientation de la pulsion sexuelle, nous avons mis en évidence la pudeur, le dégoût, la compassion et les constructions sociales de la morale et de l’autorité. C’est ainsi que nous avons été amenés à voir dans chaque déviation fixée de la vie sexuelle normale une part d’inhibition du développement et d’infantilisme. »
S. F.
 

I - LES ABERRATIONS SEXUELLES

1. Déviations par rapport à l’objet sexuel
A. l’inversion
B. Immatures sexuels et animaux pris comme objets sexuels

2. Déviations par rapport au but sexuel
A. Transgressions anatomiques
B. Fixation de buts sexuels préliminaires

3. Généralités concernant l’ensemble des perversions
4. La pulsion sexuelle chez les névrosés
5. Pulsions partielles et zones érogènes
6. Explication de l’apparente prédominance de la sexualité perverse dans les psychonévroses
7. Note sur l’infantilisme de la sexualité
 

 

 

 

II - LA SEXUALITE INFANTILE

1. La période de latence sexuelle de l’enfance et ses interruptions
2. Les manifestations de la sexualité infantile
3. Le but sexuel de la sexualité infantile
4. Les manifestations sexuelles masturbatoires
5. Les recherches sexuelles infantiles
6. Phases de développement de l’organisation sexuelle
7. Sources de la sexualité infantile

III - LES METAPORPHOSES DE LA PUBERTE

1. Le primat des zones génitales et le plaisir préliminaire
2. Le problème de l’excitation sexuelle
3. La théorie de la libido
4. Différenciation de l’homme et de la femme
5. La découverte de l’objet

RECAPITULATION
 

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     J’accepterai volontiers toute remarque au sujet d'une inexactitude quelconque concernant les écrits, 
et serai enchanté de recevoir par e-mail des résumés d’œuvres de la part de personnes désireuses d’enrichir dicopsy.

   
 
 

 

 

 

 

 

 


 

I - LES ABERRATIONS SEXUELLES

1. Déviations par rapport à l’objet sexuel
A. l’inversion

? Comportement des invertis
- invertis absolus
- invertis amphigènes
- invertis occasionnels

? Interprétation de l’inversion
La première conception de l’inversion a consisté à l’interpréter comme un signe inné de dégénérescence nerveuse.

? Explication de l’inversion
Ni l’hypothèse, selon laquelle l’inversion est innée, ni l’autre, selon laquelle elle est acquise, n’expliquent la nature de l’inversion.

? Recours à la bisexualité
... Il était tentant de transférer cette conception au domaine psychique et de comprendre l’inversion dans ses variantes comme l’expression d’un hermaphrodisme psychique. Mais aucune coïncidence régulière entre l’inversion et les signes psychiques et somatiques de l’hermaphrodisme.
... L’hermaphrodisme psychique gagnerait en consistance si l’inversion de l’objet sexuel était au moins accompagnée d’un inversement parallèle des autres propriétés psychiques, des pulsions et des traits de caractère, conforme à l’évolution caractéristique de l’autre sexe. Malheureusement, on ne peut s’attendre à rencontrer avec quelque régularité cette inversion du caractère que chez les femmes inverties ; chez les hommes, la virilité psychique la plus complète est compatible avec l’inversion.
... Quoi qu’il en soit, deux idées se dégagent de ces discussions : que nous devons tenir compte également d’une prédisposition bisexuelle dans l’inversion, bien que nous ne sachions pas, au-delà de la conformation anatomique, en quoi cette prédisposition consiste ; et qu’il s’agit là de troubles qui touchent la pulsion sexuelle dans son développement.

? Objet sexuel des invertis
... Il ne fait pas de doute qu’un grand nombre d’invertis masculins ont conservé le caractère psychique de la virilité, qu’ils présentent relativement peu de caractères secondaires de l’autre sexe et recherchent en fait dans leur objet sexuel des traits psychiques féminins. S’il en était autrement, on ne comprendrait pas pourquoi les prostitués masculins qui s’offrent aux invertis, copient les femmes...

? But sexuel des invertis
Chez les femmes invertis, comme chez les hommes invertis, les buts sexuels sont variés. Le but sexuel ne peut en aucun cas être désigné de façon uniforme.

? Conclusion
L’expérience des cas considérés comme anormaux nous apprend qu’il existe dans ces cas une soudure entre pulsion sexuelle et objet sexuel, que nous risquons de ne pas voir en raison de l’uniformité de la conformation normale semble porter en elle l’objet. Nous sommes ainsi mis en demeure de relâcher dans nos pensées les liens entre pulsion et objet. Il est probable que la pulsion sexuelle est d’abord indépendante de son objet et que ce ne sont pas davantage les attraits de ce dernier qui déterminent son apparition.

B. Immatures sexuels et animaux pris comme objets sexuels

... Pour des motifs esthétiques, on aimerait pouvoir imputer cette aberration aux malades mentaux, de même que d’autres aberrations graves de la pulsion sexuelle mais cela n’est pas possible...

2. Déviations par rapport au but sexuel
A. Transgressions anatomiques

? Surestimation de l’objet sexuel
L’estimation psychique à laquelle est désiré de la pulsion sexuelle ne se limite que dans les cas les plus rare à ses parties génitales, mais couvre généralement la totalité de son corps, et elle a tendance à englober toutes les sensations qui émanent de l’objet sexuel.

? Usage sexuel des muqueuses des lèvres et de la bouche
... C’est le dégoût qui marque ce but sexuel du sceau de la perversion
? Usage sexuel de l’orifice anal
... C’est le dégoût qui marque ce but sexuel du sceau de la perversion

? Importance des autres régions du corps
? Substitut impropre de l’objet sexuel – Fétichisme
... Cas dans lesquels l’objet sexuel doit répondre à une condition fétichiste pour que le but sexuel soit atteint (telle couleur de cheveux, tel habillement, ou même tels défauts physiques)

B. Fixation de buts sexuels préliminaires

? Apparition de nouveaux objectifs
Toutes les condition externes et internes qui entravent ou éloignent la réalisation du but sexuel normal (impuissance, danger de l’acte sexuel) soutiennent la tendance à s’arrêter aux actes préparatoires.

? Toucher et regarder
 Une certaine quantité d’attouchements est indispensable, tout au moins à l’être humain, pour atteindre le but sexuel normal.
En revanche, le plaisir scopique devient une perversion :
- lorsqu’il se limite exclusivement aux parties génitales
- lorsqu’il est associé au dépassement du dégoût (voyeurs : spectateurs des fonctions excrémentielles)
- lorsqu’il refoule le but sexuel normal, au lieu de le préparer. Ce dernier cas est très répandu chez les exhibitionnistes qui montrent leurs parties génitales afin de pouvoir contempler en retour les parties génitales d’autrui.

? Sadisme et masochisme
... Le sadisme correspondrait alors à une composante agressive de la pulsion sexuelle devenue autonome, hypertrophiée et propulsée par déplacement en position principale.
... L’analyse clinique de cas extrêmes de perversion masochiste met en évidence la collaboration d’un grand nombre de facteurs qui exagèrent et fixent l’attitude sexuelle passive originelle (complexe de castration, sentiment de culpabilité).
... Mais la particularité la plus frappante de cette perversion réside dans le fait que sa forme active et sa forme passive se rencontrent régulièrement de façon conjointe chez la même personne.
 

3. Généralités concernant l’ensemble des perversions
? Variation et maladie
Les médecins...ont eu d’abord tendance, tout comme dans le cas de l’inversion, à les considérer comme des signes de maladie ou de dégénérescence.

 

? Le facteur psychique dans les perversions
L’étude des perversions nous a révélé que la pulsion sexuelle doit lutter contre certaines forces psychiques qui agissent en tant que résistances, parmi lesquelles la pudeur et le dégoût ont émergé avec le plus de netteté. Il est permis de supposer que ces forces participent à la relégation de la pulsion à l’intérieur des limites estimées normales, et, si elles se sont développées plus tôt dans l’individu, avant que la pulsion sexuelle n’ait acquis toute sa vigueur, alors ce sont probablement elles qui auront tracé la voie de son développement.
Nous avons remarqué ensuite que certaines des perversions examinées ne peuvent être comprises que si l’on admet la convergence des plusieurs motifs. Si elles sont accessibles à l’analyse – à la composition -, il faut qu’elles aient la nature d’un assemblage. Ceci nous indique que la pulsion sexuelle elle-même n’est peut-être pas faite d’une seule pièce, mais qu’elle est assemblée à partir de composantes qui se détachent à nouveau d’elle dans les perversions.

4. La pulsion sexuelle chez les névrosés

? La psychanalyse
...Les symptômes sont, ainsi que je l’ai déclaré ailleurs, l’activité sexuelle du malade.
... Ces formations de pensées, maintenues, par conséquent, en l’état de l’inconscient, aspirent à une expression proportionnelle à leur valeur d’affect, à une décharge, et la trouvent dans le cas de l’hystérie par le biais du processus de la conversion en phénomènes somatiques – par le biais, précisément, des symptômes hystériques.

? Résultats de la psychanalyse
... Les symptômes représentent le substitut de tendances qui puisent leur force à la source de la pulsion sexuelle.

... Le caractère hystérique dénote : une part de refoulement sexuel qui dépasse la mesure normale ; un accroissement des résistances à la pulsion sexuelle que nous connaissons bien, désormais, sous les noms de pudeur, de dégoût et de morale ; une fuite quasi instinctive devant les préoccupations intellectuelles concernant les problèmes sexuels, laquelle a pour conséquence, dans les cas prononcés, d’entretenir une totale ignorance sexuelle même après que la maturité sexuelle a été atteinte.

... Chez une personne disposée à l’hystérie, le facteur déclenchant de la maladie se présente lorsque, en raison de la progression de sa propre maturation ou sous l’effet de circonstance extérieures, elle se trouve sérieusement confrontée aux exigences réelles de la sexualité. Entre la poussée de la pulsion et la résistance opposée par le refus de la sexualité, la maladie s’offre alors comme une issue, qui ne règle pas le conflit, mais qui cherche à y échapper en transformant les tendances libidinales en symptômes.

? Névrose et perversion
... Les symptômes se forment donc en partie aux dépens d’une sexualité anormale ; la névrose est pour ainsi dire le négatif de la perversion.

? Pulsions partielles et zones érogènes
... Parmi les psychonévroses, l’importance des zones érogènes comme appareils génitaux secondaires et comme substituts des parties génitales apparaît le plus nettement dans l’hystérie, ce qui ne permet toutefois pas d’affirmer qu’elle soit moindre dans les autres formes d’affection. Elle y est seulement plus difficile à reconnaître, car dans ces cas (névrose obsessionnelle, paranoïa) la formation de symptômes s’accomplit dans les régions de l’appareil psychique qui sont plus éloignées des différents centres du contrôle corporel. Dans la névrose obsessionnelle, c’est l’importance des impulsions qui créent de nouveaux buts sexuels et qui paraissent indépendantes des zones érogènes, qui est la plus frappante. Néanmoins, dans le plaisir de regarder-et-de-s’exhiber, l’oeil correspond à une zone érogène, tandis que, dans le cas de composantes de la pulsion sexuelle comme la douleur et la cruauté, c’est la peau qui tient ce rôle.

? Explication de l’apparente prédominance de la sexualité perverse dans les psychonévroses
... Il est bien possible, après tout, que la prédisposition constitutionnelle de ces malades implique, en dehors d’un degré excessif de refoulement sexuel et de l’intensité démesurée de leur pulsion sexuelle, un penchant inhabituel à la perversion au sens le plus large du terme.
... Chez la plupart des psychonévrosés, la maladie ne se déclare qu’après la puberté, en raison des exigences de la vie sexuelle normale. C’est avant tout contre cette dernière que se dirige le refoulement. Ou bien la maladie survient plus tard, lorsque la satisfaction par la voie normale est refusée à la libido. Dans les deux cas, la libido se comporte comme un fleuve dont le lit principal est obstrué.
... Le fait est qu’il nous faut raccorder le refoulement sexuel, en tant que facteur interne, à ces facteurs externe qui, comme la restriction de la liberté, l’inaccessibilité de l’objet sexuel normal, les dangers de l’acte sexuel normal, etc. Font naître des perversions chez des individus qui, sans cela, seraient peut-être restés normaux.

? Note sur l’infantilisme de la sexualité
... Nous sommes à présent en mesure de conclure qu’il y a en effet quelque chose d’inné à la base des perversions, mais quelque chose que tout les hommes ont en partage et qui, en tant que prédisposition, est susceptible de varier dans son intensité et attend d’être mis en relief par les influences de l’existence.
... Puisque la formule selon laquelle les névrosés sont restés à l’état infantile de leur sexualité ou ont été ramenés à cet état commence à se dessiner dans notre esprit, notre intérêt se tournera vers la vie sexuelle de l’enfant et nous aurons à coeur de suivre le jeu des influences qui gouvernent le procès évolutif de la sexualité infantile jusqu’à son aboutissement sous forme de perversion, de névrose ou de vie sexuelle normale.


II - LA SEXUALITE INFANTILE
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