I - LES ABERRATIONS SEXUELLES
1. Déviations par rapport à l’objet sexuel
A. l’inversion
? Comportement des invertis
- invertis absolus
- invertis amphigènes
- invertis occasionnels
? Interprétation de l’inversion
La première conception de l’inversion a consisté
à l’interpréter comme un signe inné de dégénérescence
nerveuse.
? Explication de l’inversion
Ni l’hypothèse, selon laquelle l’inversion est innée,
ni l’autre, selon laquelle elle est acquise, n’expliquent la nature
de l’inversion.
? Recours à la bisexualité
... Il était tentant de transférer cette conception
au domaine psychique et de comprendre l’inversion dans ses variantes
comme l’expression d’un hermaphrodisme psychique. Mais aucune
coïncidence régulière entre l’inversion et
les signes psychiques et somatiques de l’hermaphrodisme.
... L’hermaphrodisme psychique gagnerait en consistance si l’inversion
de l’objet sexuel était au moins accompagnée d’un
inversement parallèle des autres propriétés
psychiques, des pulsions et des traits de caractère, conforme
à l’évolution caractéristique de l’autre
sexe. Malheureusement, on ne peut s’attendre à rencontrer
avec quelque régularité cette inversion du caractère
que chez les femmes inverties ; chez les hommes, la virilité
psychique la plus complète est compatible avec l’inversion.
... Quoi qu’il en soit, deux idées se dégagent de
ces discussions : que nous devons tenir compte également
d’une prédisposition bisexuelle dans l’inversion, bien
que nous ne sachions pas, au-delà de la conformation anatomique,
en quoi cette prédisposition consiste ; et qu’il s’agit
là de troubles qui touchent la pulsion sexuelle dans son
développement.
? Objet sexuel des invertis
... Il ne fait pas de doute qu’un grand nombre d’invertis masculins
ont conservé le caractère psychique de la virilité,
qu’ils présentent relativement peu de caractères
secondaires de l’autre sexe et recherchent en fait dans leur objet
sexuel des traits psychiques féminins. S’il en était
autrement, on ne comprendrait pas pourquoi les prostitués
masculins qui s’offrent aux invertis, copient les femmes...
? But sexuel des invertis
Chez les femmes invertis, comme chez les hommes invertis, les
buts sexuels sont variés. Le but sexuel ne peut en aucun
cas être désigné de façon uniforme.
? Conclusion
L’expérience des cas considérés comme anormaux
nous apprend qu’il existe dans ces cas une soudure entre pulsion
sexuelle et objet sexuel, que nous risquons de ne pas voir en
raison de l’uniformité de la conformation normale semble
porter en elle l’objet. Nous sommes ainsi mis en demeure de relâcher
dans nos pensées les liens entre pulsion et objet. Il est
probable que la pulsion sexuelle est d’abord indépendante
de son objet et que ce ne sont pas davantage les attraits de ce
dernier qui déterminent son apparition.
B. Immatures sexuels et animaux pris
comme objets sexuels
... Pour des motifs esthétiques, on aimerait pouvoir imputer
cette aberration aux malades mentaux, de même que d’autres
aberrations graves de la pulsion sexuelle mais cela n’est pas
possible...
2. Déviations par rapport au but sexuel
A. Transgressions anatomiques
? Surestimation de l’objet sexuel
L’estimation psychique à laquelle est désiré
de la pulsion sexuelle ne se limite que dans les cas les plus
rare à ses parties génitales, mais couvre généralement
la totalité de son corps, et elle a tendance à englober
toutes les sensations qui émanent de l’objet sexuel.
? Usage sexuel des muqueuses des lèvres et de la bouche
... C’est le dégoût qui marque ce but sexuel du sceau
de la perversion
? Usage sexuel de l’orifice anal
... C’est le dégoût qui marque ce but sexuel du sceau
de la perversion
? Importance des autres régions du corps
? Substitut impropre de l’objet sexuel – Fétichisme
... Cas dans lesquels l’objet sexuel doit répondre à
une condition fétichiste pour que le but sexuel soit atteint
(telle couleur de cheveux, tel habillement, ou même tels
défauts physiques)
B. Fixation de buts sexuels préliminaires
? Apparition de nouveaux objectifs
Toutes les condition externes et internes qui entravent ou éloignent
la réalisation du but sexuel normal (impuissance, danger
de l’acte sexuel) soutiennent la tendance à s’arrêter
aux actes préparatoires.
? Toucher et regarder
Une certaine quantité d’attouchements est indispensable,
tout au moins à l’être humain, pour atteindre le
but sexuel normal.
En revanche, le plaisir scopique devient une perversion :
- lorsqu’il se limite exclusivement aux parties génitales
- lorsqu’il est associé au dépassement du dégoût
(voyeurs : spectateurs des fonctions excrémentielles)
- lorsqu’il refoule le but sexuel normal, au lieu de le préparer.
Ce dernier cas est très répandu chez les exhibitionnistes
qui montrent leurs parties génitales afin de pouvoir contempler
en retour les parties génitales d’autrui.
? Sadisme et masochisme
... Le sadisme correspondrait alors à une composante agressive
de la pulsion sexuelle devenue autonome, hypertrophiée
et propulsée par déplacement en position principale.
... L’analyse clinique de cas extrêmes de perversion masochiste
met en évidence la collaboration d’un grand nombre de facteurs
qui exagèrent et fixent l’attitude sexuelle passive originelle
(complexe de castration, sentiment de culpabilité).
... Mais la particularité la plus frappante de cette perversion
réside dans le fait que sa forme active et sa forme passive
se rencontrent régulièrement de façon conjointe
chez la même personne.
3. Généralités concernant l’ensemble
des perversions
? Variation et maladie
Les médecins...ont eu d’abord tendance, tout comme dans
le cas de l’inversion, à les considérer comme des
signes de maladie ou de dégénérescence.
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? Le facteur psychique dans les perversions
L’étude des perversions nous a révélé
que la pulsion sexuelle doit lutter contre certaines forces
psychiques qui agissent en tant que résistances, parmi
lesquelles la pudeur et le dégoût ont émergé
avec le plus de netteté. Il est permis de supposer que
ces forces participent à la relégation de la pulsion
à l’intérieur des limites estimées normales,
et, si elles se sont développées plus tôt
dans l’individu, avant que la pulsion sexuelle n’ait acquis
toute sa vigueur, alors ce sont probablement elles qui auront
tracé la voie de son développement.
Nous avons remarqué ensuite que certaines des perversions
examinées ne peuvent être comprises que si l’on
admet la convergence des plusieurs motifs. Si elles sont accessibles
à l’analyse – à la composition -, il faut qu’elles
aient la nature d’un assemblage. Ceci nous indique que la pulsion
sexuelle elle-même n’est peut-être pas faite d’une
seule pièce, mais qu’elle est assemblée à
partir de composantes qui se détachent à nouveau
d’elle dans les perversions.
4. La pulsion sexuelle chez les névrosés
? La psychanalyse
...Les symptômes sont, ainsi que je l’ai déclaré
ailleurs, l’activité sexuelle du malade.
... Ces formations de pensées, maintenues, par conséquent,
en l’état de l’inconscient, aspirent à une expression
proportionnelle à leur valeur d’affect, à une
décharge, et la trouvent dans le cas de l’hystérie
par le biais du processus de la conversion en phénomènes
somatiques – par le biais, précisément, des symptômes
hystériques.
? Résultats de la psychanalyse
... Les symptômes représentent le substitut de
tendances qui puisent leur force à la source de la pulsion
sexuelle.
... Le caractère hystérique dénote : une
part de refoulement sexuel qui dépasse la mesure normale
; un accroissement des résistances à la pulsion
sexuelle que nous connaissons bien, désormais, sous les
noms de pudeur, de dégoût et de morale ; une fuite
quasi instinctive devant les préoccupations intellectuelles
concernant les problèmes sexuels, laquelle a pour conséquence,
dans les cas prononcés, d’entretenir une totale ignorance
sexuelle même après que la maturité sexuelle
a été atteinte.
... Chez une personne disposée à l’hystérie,
le facteur déclenchant de la maladie se présente
lorsque, en raison de la progression de sa propre maturation
ou sous l’effet de circonstance extérieures, elle se
trouve sérieusement confrontée aux exigences réelles
de la sexualité. Entre la poussée de la pulsion
et la résistance opposée par le refus de la sexualité,
la maladie s’offre alors comme une issue, qui ne règle
pas le conflit, mais qui cherche à y échapper
en transformant les tendances libidinales en symptômes.
? Névrose et perversion
... Les symptômes se forment donc en partie aux dépens
d’une sexualité anormale ; la névrose est pour
ainsi dire le négatif de la perversion.
? Pulsions partielles et zones érogènes
... Parmi les psychonévroses, l’importance des zones
érogènes comme appareils génitaux secondaires
et comme substituts des parties génitales apparaît
le plus nettement dans l’hystérie, ce qui ne permet toutefois
pas d’affirmer qu’elle soit moindre dans les autres formes d’affection.
Elle y est seulement plus difficile à reconnaître,
car dans ces cas (névrose obsessionnelle, paranoïa)
la formation de symptômes s’accomplit dans les régions
de l’appareil psychique qui sont plus éloignées
des différents centres du contrôle corporel. Dans
la névrose obsessionnelle, c’est l’importance des impulsions
qui créent de nouveaux buts sexuels et qui paraissent
indépendantes des zones érogènes, qui est
la plus frappante. Néanmoins, dans le plaisir de regarder-et-de-s’exhiber,
l’oeil correspond à une zone érogène, tandis
que, dans le cas de composantes de la pulsion sexuelle comme
la douleur et la cruauté, c’est la peau qui tient ce
rôle.
? Explication de l’apparente prédominance de la sexualité
perverse dans les psychonévroses
... Il est bien possible, après tout, que la prédisposition
constitutionnelle de ces malades implique, en dehors d’un degré
excessif de refoulement sexuel et de l’intensité démesurée
de leur pulsion sexuelle, un penchant inhabituel à la
perversion au sens le plus large du terme.
... Chez la plupart des psychonévrosés, la maladie
ne se déclare qu’après la puberté, en raison
des exigences de la vie sexuelle normale. C’est avant tout contre
cette dernière que se dirige le refoulement. Ou bien
la maladie survient plus tard, lorsque la satisfaction par la
voie normale est refusée à la libido. Dans les
deux cas, la libido se comporte comme un fleuve dont le lit
principal est obstrué.
... Le fait est qu’il nous faut raccorder le refoulement sexuel,
en tant que facteur interne, à ces facteurs externe qui,
comme la restriction de la liberté, l’inaccessibilité
de l’objet sexuel normal, les dangers de l’acte sexuel normal,
etc. Font naître des perversions chez des individus qui,
sans cela, seraient peut-être restés normaux.
? Note sur l’infantilisme de la sexualité
... Nous sommes à présent en mesure de conclure
qu’il y a en effet quelque chose d’inné à la base
des perversions, mais quelque chose que tout les hommes ont
en partage et qui, en tant que prédisposition, est susceptible
de varier dans son intensité et attend d’être mis
en relief par les influences de l’existence.
... Puisque la formule selon laquelle les névrosés
sont restés à l’état infantile de leur
sexualité ou ont été ramenés à
cet état commence à se dessiner dans notre esprit,
notre intérêt se tournera vers la vie sexuelle
de l’enfant et nous aurons à coeur de suivre le jeu des
influences qui gouvernent le procès évolutif de
la sexualité infantile jusqu’à son aboutissement
sous forme de perversion, de névrose ou de vie sexuelle
normale.
II - LA SEXUALITE INFANTILE
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